Vélibre

Vélo. Libre. Vélibre.

Étiquette : FAAS

  • Le photophore

    Ce dernier voyage en Allemagne, en grande partie le long du Rhin, m’a rappelé la première fois que j’ai fait du vélo dans ce pays. C’était avec mon amie Maria. En 1994. Elle habitait alors à Darmstadt, où elle avait commencé ses études d’architecture. Nous étions jeunes! J’étais allé la voir pour un week-end, et Maria m’avait proposé d’aller voir sa grand mère qui habitait à Dexheim, un petit village de l’autre côté du Rhin, en Vélo, de dormir là bas et de revenir le lendemain.

    Le trajet aller n’est pas un très bon souvenir de vélo. Le vélo emprunté à un ami de Maria n’était pas à ma taille, ou réglé pour moi. C’était quand même un trentaine de kilomètres, je n’avait alors pas fait ça très souvent. Mais surtout, il s’était mis à pleuvoir pas mal sur le trajet, et j’avais fait une bonne partie du trajet complètement trempé. Pour clôturer le sujet, j’avais crevé un pneu, et bien évidemment nous n’avions pas de matériel pour réparer une crevaison. Nous avions dû sonner à la porte d’une maison au hasard sur la route, pour demander à quelqu’un de nous aider à réparer la roue. La première personne à qui nous avions demandé nous avait aidé (visiblement, les allemands ont tous un vélo et de quoi réparer une roue !). Je me souviens assez bien de cette personne. C’était un homme d’une quarantaine d’année, il avait accepté immédiatement de nous aider, mais je me souviens qu’il avait manifesté très peu d’émotion, il était resté très neutre dans son attitude, et ça m’avait interpellé. Je m’était dis que dans une telle situation, en France, la personne aurait eu un comportement très différent, soit très prévenant, quelque chose comme « Mais bien sûr, pas de problème, je vais vous aider à réparer cette roue, mes pauvres, par ce temps, ce n’est vraiment pas de chance, peut être vous voulez rentrer vous réchauffer à l’intérieur? ». Ou bien à l’inverse,  » Ha ben c’est malin! Partir en vélo sans moyen de le réparer. Non désolé je n’ai pas de vélo, je ne peut pas vous aider. Au revoir! ». Ou au minimum une mimique pour exprimer ce qu’il pensait au fond. Mais là, cet homme était resté très neutre, c’était un comportement inhabituel pour moi. En tous cas, avec le niveau de compréhension de l’allemand que j’avais à l’époque. Mais même son « body language » était resté très neutre.

    Cette réparation terminée, nous avions atteint Dexheim, et la maison de la grand mère de Maria, qui s’appelait Maria également, comme également la mère de Maria, au passage! Elle nous avait très bien accueillis, elle était visiblement très heureuse de voir Maria, et moi également.

    J’ai une image très floue de cette femme. Et je n’ai aucun souvenir de cette soirée, du dîner, je pense que le tout petit niveau d’allemand que j’avais alors (et toujours!) y est pour beaucoup, je n’avais pas dû comprendre grand chose aux discussions. Mais j’ai deux souvenirs très précis.

    Le premier fut après qu’on soit allé se coucher. Je crois que nous avions dormi Maria et moi dans un canapé dans le salon. Nous avions éteint les lumières, excepté une toute petite bougie, posée à l’intérieur d’un photophore. Je me souviens parfaitement de ce photophore. Il était posé sur une table basse non loin du canapé. Il était fait de métal, ajouré avec des trous en forme d’étoiles, ou circulaires, je ne sais plus, et d’une couleur assez sombre et neutre (vert, marron?). Et, après, ou pendant, je ne sais plus, que nous faisions l’amour, je regardais ce photophore et la flamme de la bougie, qui éclairait très faiblement les objets environnants, et faisait danser leurs ombres sur nos corps. Ce photophore m’avait beaucoup fasciné, de par son pouvoir d’apporter l’exact niveau de lumière nécessaire, mais surtout son aspect vivant. Il semblait être là avec nous, et participer à nos jeux.

    J’ai, chez moi, aujourd’hui, un photophore, très semblable à celui ci, et quand je le vois, je repense immédiatement à cette nuit avec Maria, chez sa grand mère.

    Le second souvenir, est le lendemain matin. Nous nous étions levés pour prendre le petit déjeuner. Il y avait beaucoup de chose à manger, mais en particulier, Maria, la grand mère, avait préparé des chaussons en pâte feuilletée, fourrés aux abricots. Vous connaissez peut-être mon amour des abricots, sinon sachez que j’adore les abricots, sous toutes ses formes. J’avais donc été très touché de cette attention, et m’était dis que cette femme était vraiment très attentionnée, pour s’être levé très tôt ce matin là, pour préparer ces chaussons fourrés aux abricots. Je l’avais remercié chaudement. Ce qui est drôle, c’est que j’appris par la suite, de Maria, que sa grand mère n’avait pas été contente du tout de nous voir coucher ensemble chez elle, alors que nous n’étions pas mariés! Je n’avais rien discerné de tel, et d’ailleurs, je ne m’étais alors même pas posé la question. Nous étions décidemment très jeunes.

    Voilà pour les souvenirs de ce premier voyage en vélo en Allemagne. C’était il y a bien longtemps, plus de vingt cinq ans, et c’est drôle de voir ce qu’il en reste. De toutes petites choses. A part l’amitié. Maria n’est pas devenue architecte, mais cinéaste. Vous pouvez d’ailleurs voir deux films qu’elle a réalisé il y a quelques années. Le premier s’appelle « Cousin Cousine« , et vous pourrez d’ailleurs y voir sa grand mère. En particulier dans la dernière scène du film, très touchante. Le second est « Brother Sister« . Maria est en cours de préparation d’un autre film, plus ambitieux, où le personnage principal est cette fois-ci son grand père, le mari de Maria. On s’y perd!

  • FAAS#7: Bâle et le Rhin

    Petite visite le matin de cette ville de Bâle. C’est une grosse ville, assez diverse. Des industries, une vielle ville. La vieille ville est intéressante, et j’y consacre un peu de temps à me balader en vélo. Un mélange de petite rues et de rues commerçantes, pas mal de vieux bâtiments. Étonnant, tous les magasins portent des marques complètement inconnues. Pas de H&M ou Zara ou même de marque allemande que je connaisse.

    Je décide de partir parce que j’ai quand même un peu de route. Je longe le Rhin et très vite je me retrouve en France!

    Je fais peut être 1 km, traverse le Rhin, et me retrouve en Allemagne. 3 pays en moins de 5 kilomètres!

    La Suisse est un pays étrange pour moi, en particulier la partie allemande. J’ai toujours l’impression de faire quelque chose d’interdit. Pourtant je fais attention, je n’ai pas l’impression de manquer des panneaux en particulier, mais les gens me regardent comme si j’avais enfreint une règle. Exemple au restaurant ce midi, pourtant en Allemagne mais tout proche de Bâle. J’arrive et vois des vélos garés devant et d’antres dans des emplacements. J’avise une table de libre, et vais donc mettre mon vélo de l’autre coté. Je longe le restaurant et tout le monde me regarde passer alors que c’est un chemin pour les vélos. Je pose mon vélo et reviens à l’entrée. Le serveur me fait comprendre que je ne peut pas mettre mon vélo là bas, et m’indique en allemand les deux autres emplacements. N’obtempère et reviens poser mon vélo devant l’entrée à côté de deux autres. Le serveur reviens et me signifie que la non plus ce n’est pas possible! Je vais alors mettre mon vélo avec d’autres dans des emplacements en plein soleil. Je vais m’assoir et là les deux possesseurs des autres vélos posés à l’entrée, qui s’étaient attablés, me disent qu’ils préfèrent partir. En tout cas c’est ce que je comprends. Ça fait chaud au cœur de voir que je ne suis pas le seul. Mais il n’y avait aucun panneau et ce n’est pas la place qui manquait. Alors qu’en Allemagne, hier, non loin de Bâle, j’ai carrément rentré mon vélo sur la terrasse et personne ne m’a rien dit.

    Je repars et prends un chemin le long du Rhin. Mis à part un écart sur des route sans intérêt, ce chemin va me mener jusqu’à Breizach am Rhein, la frontière. un long chemin, gravillon eux puis sableux. Inquiet avec mes pneus de route en 25, ce chemin s’avère super roulant. Il faut juste faire attention et ne pas trop s’écarter des traces.je file entre 25 et 28km/h. Le Rhin est maintenant plus tranquille, très large aussi.

    Il faut quand même super chaud. Mon GPS qu’indiquera à l’arrivée un maximum de 38 degrés! Je dois m’arrêter et mettre ma casquette c’est plus prudent. Je m’arrête encore dans un village assommé de chaleur, vers 16h. Le seul bar est fermé et n’ouvre qu’à 17h. Je repars, en passant près d’un réservoir où les habitants bravent l’interdiction de se baigner. Danger de mort!

    Enfin je m’arrête dans une sorte de clairière, près d’un micro port, donnant sur le Rhin. Je mange un peu et fait un vol de drone. On verra ce que ça donne, le soleil était rasant, et il faisait hyper chaud encore. En vélo, la vitesse fait que la sensation de chaleur est moins forte, mais quand on s’arrête on se met alors à transpirer brutalement.

    J’avais choisi d’ailleurs cette route par l’Allemagne et non pas la traversée de la pleine d’Alsace, plus courte, plus plate encore, mais probablement très exposée. Le chemin près du Rhin promettait lui d’être ombragé et je ne regretterai pas!

    J’arrive à Breisach, et je me revois passer le Rhin une semaine plus tôt. J’entame ma dernière traversée du Rhin, pour le panneau France, et c’est d’un coup une grande émotion qui me submerge. Cela durera bien 15 minutes à pleurer tout en poussant sur les pédales. Ces voyages en vélo, en solo, sans être des aventures, sont néanmoins des épreuves physiques et humaines, et je suis souvent submergé à la fin. C’est quand même se dépasser, sortir de mon confort et c’est grand. Comme disait un type, on peut aussi s’avachir dans son canapé avec une bière et des chips. Mais on est moins fier de soi.

    Je repasse par le même chemin qu’à l’aller pour rejoindre Colmar, mais ne reconnaît rien, à part les champs de maïs. Je m’amuse avec les jets d’eau qui arrosent les champs. Au deuxième essai c’est bon pour la douche. Je croise enfin le panneau Colmar que je connais pour l’avoir rencontré par erreur à l’aller. Bien sûr je prends la photo avec le bike!

    Un immense bonheur!

  • FAAS #6: le Rhin

    Journée difficile. Je ne sais pourquoi, la chaleur sûrement. J’ai beau m’acclimater, le temps reste super chaud.

    Je pars vers 11h, sûrement un peu trop tard. Je roule en direction du Rhin, une vingtaine de kilomètres, et m’arrête au bord dans un camping où il y a un restaurant. Je mange une petite salade au poisson du Rhin frit (celle de la Bodensee m’avait bien plu, c’est la même), une glace, une Erdinger alkoholfrei 50cl, deux bouteilles d’eau pétillante et trois cafés! Beaucoup de liquide, mais il fait déjà hyper chaud.

    J’ai bien dû rester trois heures dans ce restaurant, attendant que la chaleur baisse un peu. Je monte les vidéos à partager pendant ce temps. C’est toujours un peu laborieux, utiliser plusieurs applications pour le montage, récupérer la musique, faire le montage en lui même. Mais le montage est un bel exercice. La première vidéo pour les amis me prend le plus de temps, pour la famille, ce fut plus rapide.

    Je repars vers 16:30. Il me reste un peu plus de cinquante kilomètres, ça devrait aller, c’est complètement plat. La moitié est faite plutôt vite. Je m’arrête au bord du Rhin car je sens un peu de fatigue. je regarde le Rhin dévaler à toute vitesse. Un canoë descend lui aussi à grande vitesse. Le courant est vraiment important. On ne croirait pas, car le Rhin est maintenant si large.

    Je repars mais après quelques kilomètres, alors que la route monte un peu à flanc, la fatigue se fait énormément sentir. Je m’arrête de nouveau au sommet du coteau, sûrement pas plus de 100m au dessus du fleuve. Je prends quelques abricots secs, je bois encore. Il reste 28km. Ça va être long!

    Bâle

    Ma dernière étape est Bâle. Cette ville m’est inconnue. Ça va être vraiment dur sur la fin. Mon gps me signale très mal les changements de direction, seulement plusieurs mètres après. Je suis obligé de faire demi tour pas mal de fois.

    Je traverse un joli village à la frontière, Reinfeld. Malheureusement je ne peux m’arrêter, trop impatient d’arriver. L’entrée dans Bâle est interminable. C’est une grosse ville. Mais c’est en longeant le Rhin que j’atteins finalement mon hôtel. Epuisé.

    Chambre immense! Lit immense. Douche, coca, je ressort pour dîner un brin. Ce sera le premier restaurant que je trouve, un restaurant de tapas! Rien d’exptionel, si ce n’est un coulis de tomate à la mozzarella et des fins morceaux de jambon pata negra. Très bon. Et l’addition est copieuse aussi!

    Une bonne nuit de sommeil, et j’aurai peut être le temps de visiter un peu la vieille ville qui semble très jolie. Mais d’abord du repos!

  • FAAS #5 : Adieu Konstanz!

    Ce pourrait être le titre d’une chanson d’amour! Mais non, c’est mon dernier jour sur Bodensee. Je quitte le lac pour suivre maintenant le Rhin, et fermer ma boucle.

    Avant de quitter Konstanz, je pars faire un tour de l’île de Reichenau. Une belle ballade 30km, sur une île paisible. Rien à voir de particulier mais agréable.

    Retour à Konstanz. Cette ville est très sympa. Très bourgeoise, apparemment les suisses y viennent y faire leur courses, car cette ville est en Allemagne donc moins chère. De beau bâtiments, peu de voitures. Je ne sais pas ce qui est le mieux la vieille ville ou les faubourgs. Les deux sont à faire. Bien sûr la statue Imperia sur le port. Je vous conseille de lire l’histoire de la ville, le grand schisme, etc. Il y a eu d’autres périodes aussi tourmentées que la nôtre! En tous cas cette ville est très agréable. Aucun stress, du monde mais pas trop. Beaucoup de magasin (trop?). Mais un bon mélange de rues de toutes tailles.

    Déjeuner d’une salade Bodensee, avec du poisson du lac. Très bien. Ici on peut laisser son vélo sans crainte du vol, vu le nombre, ça ne risque pas grand chose. Départ de Konstanz. Je quitte tranquillement le lac, passe de petits villages, entre voie ferrée et lac. Même les trains sont peu bruyants ici!

    Puis j’arrive assez vite sur le Rhin. Magnifique, ça va être bien. Malheureusement, je dois assez vite sortir des berges pour rejoindre mon hôtel. Du coup je ne verrai pas les chutes. Rageant!

    Il fait très chaud. Je m’arrête plusieurs fois, doit mettre la casquette pour la première fois. Aussi, je bois deux litres d’eau en 4 heures. Les derniers kilomètres sont parcourus au coucher du soleil, au milieu des champs. Ciel superbe aussi. Une très belle journée!

  • FAAS #4 : Konstanz

    C’est le moment d’entamer le retour. Ma boucle va maintenant longer la rive septentrionale de Bodensee, en direction de Konstanz, où je m’arrêterai ce soir.

    S’il existe des allemands ou autrichiens stressés et agressifs, je n’en ai pas rencontrés. Peut être sont ils en vacances ailleurs, ou réfugiés à Paris, mais que la vie a l’air calme ici.

    Départ tardif aujourd’hui vers 11:45. Après un petit tour dans la ville, au bord du lac (aperçu un zeppelin !), je démarre ma route.

    La météo annonce un temps très chaud, autour de 31 degrés jusqu’à dimanche. J’ai choisi la bonne fenêtre météo.

    Arrêt pour déjeuner au bord de la route. L’étape est courte aujourd’hui, donc je prends mon temps.

    Pas une grosse forme aujourd’hui. Sûrement le fait d’avoir atteint Bregenz, mon objectif de départ. Mais maintenant m’attend Konstanz, le Rhin, Basel, pas mal de choses encore. Et puis bizarrement, depuis que je suis passé en suisse, c’est moins sympa. Les pistes cyclables sont moins bien, plus compliquees. Je me suis retrouvé en Suisse sans m’en apercevoir, sûrement quand j’ai traversé la voie de chemin de fer.

    Enfin c’est aussi jour de baignade. La mer est à 20 degrés apparement. Un peu froide pour rentrer mais ça va.

    Départ pour Konstanz. Difficile de quitter la plage.

    Arrivée à Konstanz. Grosse ville, ancienne. A l’air sympa, à voir demain.

  • Un an de voyage à vélo

    Il y a à peu près un an, je me suis mis au vélo en voyage. Le confinement m’a empêché de le faire plus tôt, et c’est véritablement en juillet que j’ai fait mon premier voyage, 4 jours, autour de Paris.

    Et puis j’ai continué en Normandie, mais ai été bloqué dans mon élan par la chaleur et cette fameuSe patte de dérailleur cassée à Dunkerque le premier jour de mon voyage en août.

    J’ai fait sûrement mon plus beau voyage à ce jour en suivant la Méditerranée, de Banyuls à Menton, parti le lendemain de Noël, pendant onze jours. pourquoi le plus beau? C’était le plus long, c’était en bord de mer, c’était l’hiver, c’était une petite aventure. Il y avait ma famille à l’arrivée et c’était agréable d’être attendu. Il y avait de l’émotion. C’était aussi un peu épique de joindre les deux frontières. Et puis les étapes étaient formidables. Toutes.

    J’ai exploré ensuite les environs d’Aix en Provence. Magnifique région, où j’ai pu faire un petit tour du Lubéron sur trois jours et un aller retour dans les gorges du Verdun en deux jours.

    J’ai ensuite fais un voyage plus long, en Auvergne et dans le Périgord. 10 jours à peu près, météo maussade dans l’ensemble, mais parcours en Auvergne, ma région, inoubliable. Difficile, des cols à 1500m, mais c’est ce que je voulais.

    Enfin je suis parti au mont saint Michel pendant 5 jours. Cette fois ci avec un ami. Expérience forcément différente et bien sympathique comparée au voyage seul que j’avais pratiqué jusqu’à présent.

    Pourquoi je fais du vélo de voyage? Parce que ça me nourri. C’est difficilement explicable avec des mots, mais les émotions sont nombreuses et intenses. La découverte de l’inconnu, la découverte de soi, la nature omniprésente. Les images, les odeurs. La liberté surtout. Et comme je dit souvent, le voyage en vélo, c’est en décapotable. Mais c’est ça, ça me nourri, au sens propre du terme. Lors de mon voyage en Méditerranée, les restaurant étaient fermés, et ce n’était pas si facile de trouver à manger. Parfois j’ai du sauter des repas. Jamais je n’ai eu faim. Ça m’a étonné. Certes je ne suis pas un athlète, j’ai des réserves, mais quand même, après 90km de vélo chaque jour, j’aurais dû avoir faim. Et bien, pas tant que ça. Ce que je traversais me nourrissait, je l’ai découvert alors.

    En ce moment, je fais mon premier voyage à l’étranger. En Europe, Allemagne, Autriche, et Suisse bientôt. Et c’est magnifique. Je vois d’autres cultures, d’autres pratiques, sans parler des paysages. Le voyage en vélo, c’est sûrement ce que j’ai fais de plus intense depuis ma randonnée dans les Pyrénées (un tiers du GR10).

    Qu’est ce qui est mieux entre la randonnée à pied et la randonnée à vélo? Bonne question. C’est différent. L’avantage que je vois à vélo, c’est la vitesse. Le vélo est pour moi le meilleur moyen de transport en Europe. Il permet d’aller suffisamment vite pour explorer. On peut s’arrêter quand on veut, mais si on veut traverser rapidement une zone sans intérêt, ça va vite. On va à 20km/h à peu près, c’est à dire qu’on couvre une distance importante en très peu de temps comparé à la marche.

    Après tous ces voyages, je dois avouer que j’ai éprouver un peu de lassitude. Et puis en regardant la carte, en regardant des récits de voyage, j’ai prévu ce présent voyage. Il est un peu nouveau car j’ai prévu tous les hébergements à l’avance. Donc je voyage plus léger, sans tente et duvet,… Aussi, j’ai prévu une étape à Bregenz pour aller voir un opéra, où est construite apparemment, l’été, une scène sur le lac. Ils vont jouer Rigoletto de Verdi. C’est amusant pour moi, aller à l’opéra en vélo, en Autriche. Il faut des projets. A notre époque, c’est vital. Des projets enrichissants. Il y a urgence.

  • FAAS #3 : Bodensee

    La nuit à Singen était tranquille. petite ville sans grand intérêt, mais l’auberge de jeunesse était sympa.

    Voilà, après la traversée de Schwarzwald, ce ne va être que du plat autour de Bodensee. Départ sans intérêt, si ce n’est les pistes cyclables. Je me répète, mais ici c’est vraiment agréable de faire du vélo. Rien à voir avec la France. Ici les pistes cyclables sont complètement séparées des routes, elles sont larges et il y en a partout. Et au carrefour, les voitures s’arrêtent pour laisser passer les vélos! Alors bien sûr il y en a beaucoup plus. Ou bien c’est l’inverse?

    J’arrive à Bodensee, à Ludwigshafen. Ambiance vacances, familles. Je ne peux m’empêcher de manger une petite salade au bord du lac.

    Ludwigshafen

    Puis c’est une longue ballade le long du lac. Traversée de villages et stations balnéaires. Uberlingen est sûrement la plus notable. Puis Friedrichshafen, et son célèbre jet d’eau. Peut être la plus grosse ville du lac. Ville industrielle aussi. Enfin Lindau, très cossue.

    Il n’y a pas grand chose à raconter. Ballade très agréable le long du lac, les familles en quête de baignade, la douceur de vivre, les vélos omniprésents, les voyageurs comme les gens en ballade, les odeurs.

    Me voici arrivé en Autriche, et au terme de ma boucle, à Bregenz.

    Première fois que je vais en Autriche, jamais je n’avais imaginé y aller en vélo.

    Mon plan initial était de faire le tour du lac de Konstanz, puis de revenir par le Rhin. Mais j’ai découvert que Bregenz était le lieu d’un festival l’été, le Bregenzer Festspiele, où ils construisent une scène d’opéra sur le lac, chaque été. Apparemment , une acoustique a aussi été spécialement développée pour ce lieu. Les images visionnées m’ont convaincu et j’ai pris une place pour ce soir, pour voir Rigoletto de Verdi qui est donné cette année.

    Arrivée vers 17:30, ce qui me laisse parfaitement le temps de me préparer pour le spectacle à 21h, et surtout dîner car j’ai quand même un peu faim après une centaine de kilomètres!

    La soirée fut excellente. En fait la scène était complètement articulée. Le personnage en particulier, avait les yeux et la bouche animés, avec de belles expressions obtenues avec si peu de mouvement. Vraiment impressionnant. Une des mains, animée elle aussi, jouait aussi un rôle important dans la scénographie. Les solistes étaient très bons, et étaient de vrais acteurs voire des acrobates. Et l’acoustique était vraiment excellente, alors que la scène était assez éloignée du public. On parvenait parfaitement à discerner l’origine des voix des solistes. Peut être la fin manquait elle un peu d’inspiration, mais Gilda montait au ciel à la fin, en ballon.

    https://videopress.com/v/dEqASPZQ?resizeToParent=true&preloadContent=metadata

    Très belle soirée après une très belle journée!

  • FAAS #2: sortie de Schwarzwald

    Bien dormi dans cet hôtel, bien que réveillé plusieurs fois. Petit déjeuner copieux, rangement des affaires, pansement sur l’ampoule, puis départ. Grand beau.

    Je démarre sur le Schwarzwald Radweg, mais très vite je prend un chemin. 15 bornes dans la forêt, génial. Le chemin est très roulant donc pas de problème avec mes pneus de 25. Légère descente, ça me change.

    Arrivée à Bräunlingen, petit village ensommeillé. Ma première Weißbier et mon premier doner. Ce ne sera pas le dernier je pense. Ni ma dernière.

    Marrant, un couple d‘allemands font un pari à propos de mon vélo. Est ce un e-bike? La femme se rapproche de moi pour me demander. A ma réponse, le mari fait « Ya! »! Ils continuent de discuter, mon vélo semble les intéresser (j’entends fahrrad plusieurs fois).

    En dehors des grosses villes, le vélo électrique est présent à plus de 90%

    Je redémarre et tombe très vite sur des panneaux Donauradweg. Une petite rivière passe à côté du chemin. C’est le Danube. Je n’y crois pas. Ce petit machin marronasse, le beau Danube Bleu?

    Le Danube

    Et le fait est là. Je prends cette piste cyclable, qui traverse le plateau de la forêt noire, zigzague dans les champs. Très très agréable. Et bien sûr réservé au vélo.

    Je croise le Danube une autre fois, et il s’est un peu embelli.

    https://videopress.com/v/nHpgaLdL?resizeToParent=true&preloadContent=metadata

    Je dois quitter cette route pour passer la dernière crête de Schwarzwald. Une dernière bosse avant de plonger vers le lac de Konstanz. Pas très longue, 1km, mais assez raide : 14%. J’y vais très lentement car mon ampoule me fait un peu souffrir quand je marche. Je me fait doubler par un vélo électrique. Je pense que beaucoup d’allemands ont remplacé la voiture par le e-bike.

    Au sommet je peux apercevoir le lac au loin, malgré la brume en ce milieu d’après midi. Et puis je plonge. Longue descente pour arriver à Singen (de bon augure pour demain!). Ville sans intérêt où j’ai trouvé une auberge de jeunesse. Petite étape finalement, 70km. Arrivée à 17h, c’est tôt! Et c’est bien.

    Le lac de Konstanz au loin (ou Bodensee)

  • FAAS #1

    Freiburg

    J’adore Colmar. La preuve. J’ai eu du mal à quitter Colmar, mon gps se mélangeant les crayons entre l’aller et le retour. Passé trois fois la rivière Thur, la deuxième je me suis dit, dis donc, elle fait de drôle de lacets cette rivière! Puis le paysage m’a paru familier, jusqu’à ce que je croise un panneau d’entrée dans Colmar. Demi tour. Traversée de la campagne alsacienne, des champs de mais (qui me protègent du vent), arrivée à la citadelle de Vauban de Neuf-Brisach, et ses épaisses murailles. Grand sentiment de liberté bien sûr, de retour, d’aller dans des endroits que je ne connais pas du tout. Ni même la langue cette fois ci. Et avec si peu de choses avec moi. Le côté essentiel de la vie. J’adore.

    Puis arrivée sur le Rhin, das Rhein! Les pistes cyclables sont vraiment top depuis que j’ai quitté Colmar, et elle s’améliorent encore en Allemagne. Escalade d’une petite butte, traversée des vignobles, puis descente sur Freiburg. Ce sera la plus grosse ville que je vais traverser en Allemagne.

    Des vélos partout, et surtout électriques. Je me sens dans mon élément. Croisé même deux vélos avec remorque pour les enfants.

    Ça fait bien longtemps que je ne suis pas venu en Allemagne. Toujours aussi exotique pour moi. Freiburg est une ville très calme, comme beaucoup de villes allemandes. Pas désagréable. Arrivée par la rivière Dreisam jusqu’au centre en piste cyclable. Très très cool. déjeuner sur la Munsterplatz bien entendu, à côté de la cathédrale. C’est le moment de ressortir les trois mots d’allemand qu’il me reste. Ça peine à venir. Ce sera une Wurstsalat mit Bratkartoffel, und ein Glass Freiburger Wein. Bitte. Très bon vin blanc du coin.

    – Kann ich bitte die Rechnung haben?

    – Natürlich.

    Je sors ma carte bleue et la fille me sort évidemment une phrase que je ne comprends pas. Enfin si, je comprends que pour la carte, il faut aller payer à l’intérieur. Magique. Elle ajoute une phrase que je ne comprends pas non plus. Serait-ce que leur terminal de paiement n’est pas sans fil? Allez savoir.

    Schwarzwald

    Je quitte Fribourg tranquillement pour rejoindre la rivière. Toujours de magnifique pistes cyclables. Le pays des Radweg. L‘inclinaison augmente très progressivement à l’approche de la forêt noire. Un petit arrêt à Kirchzarten et j’attaque la montée, pour aller à Titisee (le lac de Titi, c’est mon lac, quoi).

    La pente moyenne jusqu’au sommet a 1200m est de 10%. Normalement je ne passe pas. Mais bon on va essayer. Un dernier arrêt alors que la pente s’élève franchement, un petit ravitaillement et c’est parti,… et ça passe! C’est dur, mai ça va. Tout à gauche bien sûr. je dois être le seul en vélo musculaire. Tout les allemands sont en velo électriques. Comme c’est la fin de la journée, je les croise, mais quelque uns me double dans la montée, sans problème. Même avec un petite sourire.

    Au passage d’un couple, je fais une embardée, et ma roue avant manque de tomber à droite, m’emmenant dans le ravin. J’arrive à redresser, mais alors tombe de l’autre côté sur la route, ne pouvant retenir le poids du vélo. Chute à l’arrêt quasiment. Pas évident de se relever dans la pente. Petite analyse, le bonhomme n’a rien, le vélo non plus. Mais pour le reste de la montée, c’est cuit ce sera à pied. 5km, 500m de dénivelé. Je vais arriver plus tard que prévu. Enfin il fait beau, la route est réservée aux vélo, et cette forêt n’est pas si noire, plutôt de beaux verts.

    J’arrive au sommet enfin, avec une ampoule au talon. Paysage magnifique. La descente est magnifique aussi.

    Je suis déjà bien cramé, faut dire que j’ai voulu regarder le marathon des jeux de Tokyo, et la victoire de Kipchoge, plus le lever pour prendre le train, ça fait maximum 3h de sommeil. Très très peu. Il y a 19km jusqu’à Neustadt Titisee, puis 11km de montée jusqu’à Eisenbach. En bas de la descente je m’arrête pour prendre une sorte de planche charcuterie œuf au plat, une bière. Le soleil ce couche, c’est magnifique encore. La montée se fera finalement pas si mal. J’arrive alors que la nuit tombe. Une longue étape.

    https://videopress.com/v/jNkOjQYr?resizeToParent=true&preloadContent=metadata
    Panorama sur Swarzwald