Vélibre

Vélo. Libre. Vélibre.

Étiquette : Les Flandres

  • Dernier jour à travers les Flandres

    Ceci est mon dernier jour de ce voyage en pays Flandrien. Un voyage sans encombre a traversé trois pays France, Belgique, Pays-Bas. Un pays où je n’ai jamais été plus haut que 70m au dessus du niveau la mer. Et encore, bien souvent autour des 10m. Le plat pays.

    Lever vers les 8h comme d’habitude, le temps est couvert. Ça ce n’était pas prévu. Il devait faire beau. Je replie tout mon barda, et m’en vais prendre mon café à la réception comme prévu la veille. Il y a un groupe de gens en effet assis à la réception, et je pense qu’il y a le mari de Nathalie, Kees, et leur fils. Aussi deux autres personnes. Et ça parle néerlandais bien sûr. On me propose de m’assoir pendant que nathalie va me chercher mon café. Tout d’un coup, je comprends qu’ils parlent de moi. À des mouvements de main, j’entends le nom « Amsterdam », ils tournent le regard vers moi. L’un d’eux me demande, en anglais, d’où je viens, je réponds que je viens de Lille, et s’ensuit un dialogue à deux langues, l’homme traduisant en néerlandais à ses amis. Je devine quelque chose comme :

    - oh il vient de Lille en France, et il va à Amsterdam, avec un air un peu jovial qui les fait visiblement sourire
    - et quand êtes vous parti?
    - je suis parti vendredi, j’ai dormi à Gand, puis à côté d’Essen, et maintenant ici
    - oh et bien il a campé, il est parti depuis trois jour de France, de Lille.
    - et vous retourner en France à vélo?
    - non non, je prends le train pour rentrer à Paris

    Et les autres de s’esclaffer, je ne sais pas bien comment le prendre, mais toujours est il que ça fait l’animation de ce début de matinée. Je pense que d’ici peu, tous les gens du coin sauront qu’il y a un petit Français à vélo, qui a fait Lille-Amsterdam en quatre jours, et qui a dormi chez Nathalie et Kees.

    Je m’apprête à partir, quand il se met à pleuvoir. En effet il y a de petites tâches de pluie qui se déplacent sur mon radar de pluie RainToday. Très pratique cette appli. Apparemment dans 10 minutes ça s’arrête. Je m’abrite donc, la pluie est quand même assez forte donc je sors la veste de pluie. Toujours emmener une veste de pluie en voyage à vélo, toujours.

    Effectivement la pluie s’arrête bientôt, je dis au revoir, et je quitte le camping de Victorie. Je refais un itinéraire jusqu’à Utrecht, en m’assurant qu’il emprunte de petites routes. J’ai très vite les jambes trempées’par les projections d’eau, mais ça ne dure pas.

    Je roule maintenant sur une petite route, des champs en contrebas. Avez vous déjà pris ce genre de route, qui sont en France d’anciennes voies de chemin de fer, qui surplombent l’environnement? Ça offre une vision qu’on n’a pas autrement, en voiture ou à pied. Une perspective. Difficile à décrire par écrit. Disons qu’on domine la situation!

    Je me dirige vers Utrecht, au nord, mais de très noirs nuages viennent de l’Ouest et dans les virages de la route, je me demande si je ne vais pas me retrouver sous une pluie battante. Mais non, finalement je vais atteindre Utrecht au sec. L’entrée dans la ville est assez rapide, et assez brutale, avec des immeubles en périphérie qui sont toujours déconcertants quand on vient de parcourir plusieurs de dizaines de kilomètres dans la nature. J’ai débranché le gps qui me ferait sortir immédiatement, et donc me dirige un peu au jugé. Utrecht n’est pas une grosse ville et j’attends le centre assez rapidement. Les panneaux Centrum m’aide bien.

    Belle découverte, Utrecht. C’est encore une ville sur des canaux, une sorte de mini Amsterdam. Il y a un peu de monde, des cafés, des restaurants, des boutiques, c’est très sympa. Je me balade quand je vois une tour et je me doute que c’est la cathédrale. Le DOM. En fait ce n’est qu’une tour et la cathédrale saint Martin est de l’autre côté d’une place. J’attache mon vélo sur le bord de la cathédrale. C’est surprenant, pour une cathédrale, elle est assez petite, très haute bien sûr, mais la surface au sol est étonnamment petite. Les piliers principaux sont peints sur leur partie médiane.

    En fait, la tour et la cathédrale faisait initialement partie du même bâtiment au 16eme siècle quand elle fut achevée. Elle était catholique initialement, inspirée des cathédrales gothiques françaises, et dédiée à Saint Martin de Tour. Elle devint une église protestante en 1580. Et sa tour est la plus haute des églises des Pays-Bas. 112m de haut. Deux fois plus haute que les tours de notre dame de Paris. Mais le plus étonnant, c’est que la nef s’écroulât en 1674, sous l’effet d’une tornade. On imagine la violence de la tornade. Et elle ne fut jamais reconstruite, laissant place à une place encore existante aujourd’hui. Je comprends mieux les dimensions assez petites de l’édifice actuel. J’apprendrai plus tard au Rijksmuseum d’Amsterdam que les colonnes étaient en fait couvertes d’enluminures faites à la feuille d’or.

    Je quitte la cathédrale et me dit que je mangerai bien un morceau. Un rapide coup d’œil dans Google maps et je me dégote un bar à soupe qui est très bien noté. Soep-er Utrecht. L’endroit est tout proche et s’avère minuscule. Il n’y a pas de table disponible aussi je prends à emporter : une soupe aux champignons et à la truffe, un gâteau à la lavande, et une limonade au citron et lime. J’attends un peu dehors après avoir passé commande, et je vais m’installer sur un banc qui m’attends de l’autre côté du canal. Je prends une gorgée de limonade qui s’avère excellente. Puis j’attaque la soupe qui est juste sublime. Très bien dosée en truffe, ce qui n’est pas facile. Je me régale de cette pause inattendue, sur un bord de canal à Utrecht. Le gâteau est également génial. Décidément, chez Soep-er, c’est super!

    Déjeuner au bord du canal chez Soep-er!

    Je reprends la route, ensoleillée maintenant, l’air est chaud, et la pluie matinale s’est maintenant totalement éloignée. Je sors tranquillement d’Utrecht en longeant le canal, je prends mon temps, je profite de ce qui est probablement la plus belle surprise de ce court voyage dans les Flandres. Gand est très belle mais très touristique, Utrecht est une étape très agréable en pays batave. Et, aussi, à Utrecht, on voit de belles femmes aux cheveux blonds, aux pantalons larges en velours côtelé, en tee-shirt léger, au décolleté généreux.

    La route vers Amsterdam est assez courte, et traverse de très beaux villages et de belles maisons ou même petits châteaux le long des canaux. C’est une très belle campagne, très tranquille, semée ça et là de moulins plus ou moins en service encore. Je ne parierais pas que je suis à plus de 10m au dessus du niveau de la mer sur cet partie de l’itinéraire.

    Arrivée à Amsterdam en fin d’après midi, entrée relativement facile dans cette grosse ville, mais ici pas de stress, et je trouve mon hôtel facilement tout près du Rijksmuseum. Je vais passez la journée de demain tranquillement à revoir cette ville que j’ai découvert dans ma jeunesse, et dont certaines images sont encore très présentes dans ma tête. Aura-t-elle changé ?

    Une journée à Amsterdam

    C’est le but de mon voyage dans les Flandres, Belgique et Pays-Bas. j’ai failli un instant reprendre le train à mon arrivée, mais mon envie de repos et de profiter du temps m’ont poussé à rester une journée. C’est un jour de semaine, donc faible en population touristique, et je vais profiter de cette journée pour visiter le Rijksmuseum. Je ne l’avais pas visité la première fois que j’étais venu, je n’avais fait que le musée Van Gogh, qui m’avait impressionné et fait du peintre une de mes trois peintres préférés.

    Je garde mon vélo dans le garage à vélo du centre ville, qu’on m’a conseillé à l’hôtel, et qui se trouve à deux pas du Rijksmuseum.

    Visite du musée, tranquillement. Un beau musée, quand même très orienté vers la peinture flamande. Du Rembrandt, du Vermeer (la laitière!), très inspirant maintenant que je m’enfonce dans ma nouvelle spécialité, la vidéo, la photo. La lumière, sa direction, son intensité, la couleur, la scénographie, ces gars là ont tout inventé. On peut passer énormément de temps à analyser leurs toiles. Il y a aussi énormément d’œuvres d’autres peintres flamands que je ne connais pas. Ce qui m’épate à chaque fois dans les musées, c’est de découvrir la taille des oeuvres. La laitière par exemple est une toile toute petite. 45cm de haut. Et la ronde de nuit est une toile immense. Actuellement en réfection, cette toile fait plus de 4,30 de large! Ça change tout. Non pas que la taille fasse la qualité de la toile, mais ça change complètement la perspective. C’est pour ça qu’il faut aller au musée, pour se rendre compte de l’intention du peintre. Personnellement, je préfère les grandes toiles qui ont en général plus de recherche dans la composition, le nombre de personnages, les histoires à l’intérieur du tableau. Prenons la cène par exemple. Un plan CinémaScope avant l’heure. 8,80 mètres de large! Et bien il y a plusieurs histoires à l’intérieur de cette scène. Et même plusieurs ambiances. Une taille plus petite aurait eu du mal à rendre compte de ça. Bien sûr c’est une fresque donc dès le début ils ont envisagé une taille très grande. Mais j’aime quand même les toiles plus petites qui peuvent être, aussi, pour d’autres raisons, impressionnantes. Les toiles de Van Gogh sont en général de petite taille.

    Sortie du musée, ballade dans la ville. Ambiance très relax en ce mardi de juin. Arrêt dans un de ces cafés où on se demande qui est client et qui s’occupe du service.

    Et puis récupération du vélo et départ pour la gare. Emballage dans la housse (15 minutes! Ça devient la routine. ) puis attente du train. Retour vers Paris.

    C’étaient les Flandres. Un beau voyage au plat pays. Très plat! Le prochain voyage devrait ne pas être aussi plat. À suivre.

  • Un dimanche très paisible

    Aujourd’hui est une journée de vélo. Pas de visite prévue, je vais juste passer aux Pays-Bas. J’ai bien dormi, réveillé par des pigeons. Tôt! Je plie mes affaires le camping est très paisible. Le ciel est couvert, mais il ne fait pas froid. Ça va me reposer des grandes chaleurs d’hier.

    Je démarre en repassant par Essen, très très calme ce dimanche matin. Juste des cyclistes sur les route, seuls, en couple, en groupe. Je rentre dans une forêt par une petite route forestière très sympa. J’adore les routes forestières. Et puis tout d’un coup, un message, je suis au Pays-Bas. Patrie de Joop Zoetemelk et Mathieu Van der Poel. En pleine forêt, me voilà au Pays-Bas, sur un single track très sympa. Je croise quelque vtt, qui n’ont pas grand chose à se mettre sous le pneu en termes de chemins cabossés.

    Je sors de ma forêt, des ours sont enchaînés autour d’un arbre. Enfin, des peluches. Est-ce en l’honneur de quelqu’un, en souvenir? Je rentre dans un village assez morne, mais il y a un bar avec une grande terrasse, des enfants jouent sur un petit terrain de jeu, je me dis que je prendrais bien un petit déjeuner. Il y a bien sûr des étriers à vélo, je m’installe et commande un café, une eau pétillante et une tarte aux pommes.

    Je reprend ma route et arrive à la ville de Breda. Je n’en ai jamais entendu parler. Je rentre très facilement, par une piste cyclable très large, à deux voies, qui traverse une sorte de jardin public. En fait la piste cyclable et mon itinéraire contournent le centre ville. Je crois n’avoir jamais vu de ville si bien aménagée pour le vélo. Des pistes cyclables hyper larges, des tunnels qui passent sous les rues, des micro rues où ne passent que des vélos. En très peu de temps je me retrouve à la sortie avec le panneau Breda barré. Je continue donc ma route, je ne verrai jamais à quoi elle ressemble, c’était ma seule ville de la journée, peut être cache-t-elle des trésors?

    Je continue ma route et le vent s’est levé, il souffle vraiment fort, mais comme avant hier, il est plutôt de sud ouest et donc je l’ai de trois quart arrière. Je trace! J’aperçois alors mon premier moulin. Il est très gros et semble en très bon état, peut être encore en fonctionnement.

    Oui, oui, ça devrait aller pour une petite tente

    Je trace tellement que je me retrouve assez vite à mon étape du jour, Sleeuwijk, où j’ai réservé un emplacement au camping de la Rue. Il est 15h. Avec le vent dans le dos, j’ai avalé les 72km. Je regarde la carte et m’aperçois qu’il reste quasiment 100km jusqu’à Amsterdam. C’est beaucoup pour une seule étape. J’hésite. Il est tôt, je peux encore rouler deux heures et me rapprocher d’Utrecht pour limiter la distance à parcourir demain. Oui mais il faut que je trouve un hébergement. Je consulte Google maps, et recherche les camping entre ici et Utrecht. Il y en a plusieurs mais certains ne m’inspirent pas confiance, et je jette mon dévolu sur le camping de Victorie, près de Meerkerk. J’appelle. Une femme me répond, ouf elle parle anglais. Elle a un air enjoué très agréable

    — Bonjour, est ce que vous avez de la place pour cette nuit, une nuit, pour une petite tente?
    — Oui, oui, ça devrait aller pour une petite tente.

    À ce moment là de la discussion, j’ai comme un doute sur ce que ça veut dire en pratique. Est ce qu’elle n’a plus d’emplacement, sauf un endroit tout pourri qui pourrait aller pour une petite tente?

    — Ok, très bien, dis-je.
    — Ok, à tout à l’heure
    — Euh, je vous laisse mon nom?
    — Euh, oui, quel est votre nom?
    — Je m’appelle François
    — D’accord. Vous êtes de France?
    — Oui, je suis de France. Je suis français, j’ajoute au cas où ça ne serait pas clair. Ça me fait tout drôle de dire que je suis Français.
    — Je parle un peu de Français, me dit elle en français. Enfin, « je parlwe un peuw de franwcais »
    — Ah, c’est bien, je lui dis comme un encouragement
    — Dans combien de temps arriverez vous?
    — Oh, d’ici 1h30, deux heures?
    — Et bien à tout à l’heure
    — À toute à l’heure.

    Je raccroche, mais je reste un peu perplexe. A priori, me voilà abrité pour la nuit, mais il reste un petit doute, vu le ton de la discussion. Je repars donc mais je n’annule pas mon camping réservé, au cas où il y aurait finalement un problème. J’annulerai plus tard.

    Je recalcule mon itinéraire, deux s’offrent à moi, un à l’ouest avec des portions assez rectilignes apparemment, et un autre, plus à l’est, qui m’a l’air de suivre des canaux. Je prends à l’Est. Le vent s’est encore renforcé, il souffle de manière constante avec assez peu de rafales, mais vraiment fort. Ce n’est pas le genre de vent qu’on a en France.

    Je passe par la petite ville de Gorinchem, et le supermarché COOP est ouvert! J’en profite pour acheter des babioles à manger, le camping m’a l’air perdu dans la campagne aussi je préfère assurer mon dîner car je n’ai rien avalé depuis ma tarte aux pommes. J’arrive à Meerkerk vers 16h30, et il y a une petite place avec trois terrasses de café. Je m’arrête prendre une bière, une La Trappe Trappist, dont le nom m’intrigue depuis quelque temps, cette répétition, et des tartines de pain avec trois sauces, du genre tartinade. Puis finalement je dîne d’un filet de porc en sauce épicée, frites, une envie de viande tout d’un coup. L’endroit est convivial, les gens ont l’air heureux, un bon moment en cette fin de dimanche, finalement ensoleillé et venté.

    Bar Eetcafé de Gouden Leeuw, à Meerkerk

    Je pars et finalement arrive au camping à 18:30. Je me suis un peu lâché sur l’horaire. Le camping est très propre, très bien agencé, les tentes et camping car étant positionnés sur les bord de grands espace, avec rien au milieu, de petits pommiers seulement. Nathalie arrive finalement après 15 minutes tout sourire. Elle me demande bien sûr d’où je vient et bien sûr me félicite pour le parcours. Elle m’offre un café puis me conduit à mon emplacement, en me portant mon café. Bon, en fait, il y a tout à fait la place pour une petite tente. Elle avait raison. Elle me propose de m’installer où je veux. Il y a une table en bois, avec des bancs, je la félicite car c’est la première fois que je trouve cet équipement. Elle me propose un autre café demain à 9h.

    Une petite tente au camping de Victorie

    Tente, douche, la routine, je profite de la table pour lire un peu, mais il fait vite assez froid. Donc direction la tente au coucher du soleil. Une journée tranquille pour mon arrivée au Pays-Bas. Aujourd’hui, j’ai pas mal roulé sur des routes pour vélo, en surplomb des champs. J’étais parfois à un ou deux mètres au dessus du niveau de la mer. Donc potentiellement tout ça sera inondé d’ici peut être 50 ans. Ça fait drôle. Heureusement, demain j’ai rendez vous pour un café avec Nathalie.

  • Gand, quel dommage! Quoi que…

    Deuxième jour de mon voyage à travers les Flandres. J’ai plutôt bien dormi, le bruit de la route non loin ne m’a pas dérangé. Réveillé vers 6:30, la nuit a été trop courte. Lever tranquillement vers 7:45, quand less rayons du soleil commencent à effleurer la tente. Rien ne presse, il faudra faire sécher la tente.

    Je plie la tente et toutes les petites affaires de nuit, et je vais chercher mon petit déjeuner commandé la veille. Mes voisins le couple hispano néerlandais s’en va, ils retournent à Rotterdam, et me souhaitent bonne chance pour mon voyage. J’en fait de même. J’arrive au bar mais c’est fermé, d’autres personnes attendent aussi dehors, j’attends un peu puis décide d’aller faire un brin de toilette. Retour à la tente où je termine de plier mes affaires. Je retourne à l’accueil mais le bar est toujours fermé. Étrange, il devait ouvrir à 8h. Je vais à la réception et en fait j’avais mal compris, c’est ici que je dois récupérer ma commande et ensuite manger dehors sur les tables en bois. Je récupère aussi mon vélo, que j’avais laissé à l’intérieur, pour plus de sûreté sur les conseils de la personne de l’accueil hier. Je mange tranquillement mes petits pains complet et mon café et mon jus d’orange (celui là je l’attendais).

    Départ pour Gand, aperçu la veille, mais ça mérite un peu plus que ça. Je me faufile dans les rues pour approcher du centre et me retrouve vite au même endroit qu’hier, entre les deux églises, la cathédrale Saint Bavon et le beffroi de Gand, lui même devant l’église Saint Nicolas.

    Le cœur de Gand

    Il y a pas mal de canaux aussi, c’est vraiment une belle ville. Mais mais mais, il y a trop de monde! Les groupes de touristes arrivent déjà, il n’est même pas dix heures. Ça m’enlève toute envie de visiter. Je prends quelques photos et je me dirige vers la sortie. Dommage, c’est une ville qui vaut le coup, je pense qu’on peut y passer plusieurs jours, mais probablement il faut venir un peu plus tôt dans la saison. Début mai. Je reviendrai pour passer quelques jours.

    Je me retrouve assez vite dans les faubourgs, pas très joyeux, puis la banlieue, très propre, puis mon itinéraire prend une piste cyclable le long d’une voie de chemin de fer. Diable, encore une ligne droite de la mort. Je regarde la carte et je vois que mon itinéraire est quasiment linéaire jusqu’à Anvers! Plus de 30km! Impossible de suivre ça. J’avise un village, Lockeren, qui me permet de rejoindre un canal, et ensuite d’emprunter une multitude de petits chemins cyclables qui me conduisent à Anvers. Oui, c’est moins direct, plus long, mais sûrement moins pénible. En fait, la Belgique et les pays bas sont si denses en piste cyclables, que mon planificateur (Komoot.com) n’a aucune difficulté à trouver une ligne directe entre deux villes. Ça me change de mes voyages précédents, je faisais confiance, il va falloir que je vérifie pour les jours prochains.

    Le site opencyclemap.org. Les pistes cyclables sont en violet. Une belle densité en Belgique et Pays-Bas!

    Comme la veille, je débranche le gps et passe en mode manuel, navigation à la carte, à l’ancienne. Bon, bien sûr je n’ai pas le même rythme, je dois m’arrêter fréquemment pour vérifier la direction, mais avec l’aide du soleil, qui me guide vers ma destination en le conservant dans mon dos, j’arrive à me diriger pas trop mal. J’approche d’Anvers et me retrouve tout d’un coup au bord d’une grosse rivière. Très grosse rivière. Je me dis un instant que c’est le Rhin, les panneaux disent Die Schelde (bien sûr il n’y a rien en français ici), je suis un peu perplexe. Tout d’un coup, le chemin s’arrête au bord de la rivière, et j’avise un bac de l’autre côté, qui amorce son départ. Ça tombe bien, j’adore les bacs. Le bac met très peu de temps pour traverser, et je me dirige vers lui, via la petite passerelle métallique. Je suis bientôt rejoins par une dizaine de personnes. Nous laissons descendre les passagers, puis venons les remplacer. Il y a deux emplacements pour les vélos, de part et d’autre d’une grosse cabine avec des sièges. Mais les portes vélo ne sont pas assez large pour mes pneus de 45c, donc je gare le vélo dans la cabine. Je m’assoie et observe les autres gens. Il y a un groupe de 6 personnes, ils se prennent en photo, discutent. Évidemment je n’entrave que dalle à leur langue, mais pour une fois ça ne me dérange pas, je les regarde du coup plus intensément. C’est un peu comme regarder la télé sans le son. C’est une autre expérience.

    En fait, c’est l’Escaut ! Je ne connais pas cette rivière, j’ai vu le film la bataille de l’Escaut et sa mise en scène impressionnante. Mais c’est une très grosse rivière! Un fleuve même, puisqu’il se jette dans la mer du Nord après Rotterdam. Le bac démarre enfin, et il ne lui faut que quelques minutes pour traverser. Dommage, j’aurais bien fait un tour plus long, j’adore les bacs. Comme un passage entre deux mondes, qui n’est pas donné à tous, qui demande un peu d’esprit de curiosité, pour s’aventurer de l’autre côté de la rivière, dans un monde un peu inconnu dont on ne connaît que la rive, et qui promet de procurer aux ambitieux, des découvertes merveilleuses.

    Nous descendons tous et la route vers Anvers est assez directe. Je me rend compte alors qu’il fait très chaud. Je me sens un peu fatigué et je pense que c’est la chaleur. Je n’ai presque plus d’eau et même le bidon que j’ai dans le sac à dos est presque vide. J’ai vidé mes deux flasques il y a déjà pas mal de temps. Je me dis que je vais m’arrêter à Anvers. L’entrée dans la ville se fait très bien, et j’arrive dans le centre assez vite. C’est très animé, la ville n’est pas spécialement belle mais ça semble agréable. Des rails de tramway, comme à Gand, il faut être vigilant, et j’arrive sur une place assez grand, longée de bar, au bord de l’Escaut. C’est très fréquenté, j’attend qu’une place se libère en face d’un espace vélo pour que je puisse le surveiller, et j’avise un grande table au fond d’une des terrasse, avec de hauts poufs aux coussins bleu marine, entièrement vide. J’attache mon vélo, et me dépêche de prendre place. Je fais bien, je suis très vite rejoins par un couple. C’est un peu le bazar, la jeune serveuse est un peu débordée pour gérer cette terrasse pourtant pas très grande. Finalement une femme la rejoint et je commande un cola et une eau pétillante. Je les avale très vite, j’ai vraiment soif. Le temps n’est pas exceptionnellement beau, du coup je ne me suis pas rendu compte, un peu couvert, mais il fait très chaud. Mon gps me dira 27° de moyenne.

    Je repars, il me reste une petite trentaine de kilomètres, il faut quand même les faire. Je reprends mon itineraire, qui bien sûr est assez rectiligne, au bord de la voie de chemin de fer Eurostar. Mardi je passerai là.

    Il fait toujours aussi chaud, je n’ai plus d’eau cette fois, et j’arrive à un endroit très calme, un gros village, avec quelque bar et restaurant disséminés autour d’une église. Ça s’appelle Kalmhout. Il ne me reste que 11km, il fait si chaud et l’endroit est si paisible. Je m’attable et prend une eau pétillante. Il y a déjà des gens qui dînent, il est à peine 18h. Je reprends ma route et arrive à mon camping, enfin, mais là, mauvaise nouvelle, la réception est fermée! J’ai reçu un mail qui me dit que je n’ai pas payé, et que je ne peux donc pas recevoir mes codes d’accès. Il y a un numéro de téléphone en bas du mail, j’appelle, je n’ai rien à perdre. Et un type me répond! Il ne me faut que deux minutes pour le convaincre de me donner les codes pour le local sanitaire, il n’y a que ça qui m’intéresse, prendre une bonne douche. 7763.

    Il ne doit pas y avoir plus de 10 camping car dans ce camping minuscule. Ça change d’hier. Montage de la tente, puis douche bien méritée. Lessive… Une journée à quand même 85km au compteur, sans compter un gros arrêt du gps pendant une demi-heure, ça doit faire plus de 90km. L’avantage c’est que je suis dans un bled, donc pas de visite touristique ce soir. Un plat de pâtes au restaurant O’Sole Mio à Essen (ça ne s’invente pas), ma foi pas si mal, une petite discussion avec le patron dont la mère est de Calabre, je lui parle de mes voyages en Italie. Au lit!

  • À travers les Flandres

    C’est parti pour un nouveau tour de vélo, dans le nord cette fois-ci. Quatre jours, enfin quatre jours de vélo. Départ de Lille. Ça fait longtemps que je ne suis pas venu à Lille, depuis que ma fille n’y habite plus, ayant préféré les lieux plus ensoleillés et au climat plus méditerranéen.

    C’est toujours une très belle ville, que j’aime vraiment, et d’ailleurs je pense que tout le monde aime cette ville. Elle a de nombreux atouts, et probablement qu’il ne lui manque que la mer.

    Départ Gare du Nord, avec une roue avant dégonflée. Hier j’ai regonflé mes pneus et impossible de gonfler le pneu avant, je crois que le préventif a bouché la valve. Pas le temps de regarder ça et c’est avec une petite angoisse que je me rend à la Gare du Nord. les pneus tubeless c’est bien tant que ça fonctionne, mais dès qu’il y a un petit problème, gonflage, étanchéité, préventif, ça devient vite un problème récurrent. Y a beaucoup de choses comme ça.

    Arrivée à la gare une heure avant le départ, 7:15, le train pour Lille n’est pas encore à quai. Démontage du vélo, enveloppement dans la housse, 30 minutes comme d’habitude, c’est quand même plus pratique et rapide que la valise avion. Là il faut juste démonter les deux roues, les fixer au cadre avec des velcros, mettre l’ensemble dans la housse et c’est tout. On a bien répété le processus avec Valérie depuis trois ans maintenant, c’est ultra rapide.

    Attente du train, il n’est pas très rempli, j’ai réservé en première classe et laisse le vélo dans le couloir, ça ne gêne pas. Les espaces bagages ne sont pas assez grand pour y loger le vélo.

    Nouveau problème, impossible de synchroniser le parcours entre Komoot et mon compteur garmin. j’abandonne au bout de trente minutes. Ça se terminera par un export/import de fichier gpx.

    Arrivée à Lille, une heure après, c’est quand même top rapide. Remontage du vélo dans la gare, réparation de la roue avant, le préventif avait en fait figé dans le pneu. Réglage du problème d’itinéraire sur le garmin et c’est parti. Quand même je m’arrête prendre un petit dej sur la Grand place et ses beaux immeubles, 20 minutes d’attente, le serveur n’est pas bien réactif. Départ 11:30!

    Je vais à Amsterdam ! Traversée des Flandres belges et néerlandaises. Ça fait bien longtemps que je veux expérimenter les pistes cyclables du Nord. L’itinéraire va me mener à Courtrai, puis Gand, puis Anvers, Utrecht, et Amsterdam.

    Mon parcours Flandrien

    Je sors de Lille par l’avenue de la république, une large et belle avenue, bordée de belles maisons, principalement en brique, rouges ou blanches. Les villes de l’agglomération lilloise se succèdent : Marcq en barœul, Wasquehal, j’effleure Roubaix, je plonge dans Tourcoing. Ce n’est pas du tout le nord des clichés. J’arrive en Belgique sans m’en rendre compte, je ne rencontre même pas de vieux poste frontière. Tout d’un coup les plaques d’immatriculation sont belges, je suis en Belgique. Patrie d’Eddie Merckx et de Wout Van Aert. Je suis sur leurs terres. J’en frissonne.

    Le temps, un peu couvert à mon arrivée à Lille, s’est dégagé, et le soleil tape sur ma nuque découverte. Sensation connue et nouvelle à la fois, après un si long hiver. J’arrive à la première vraie ville belge, Courtrai, rien de spécial à dire sur cette ville sans grand intérêt. Je suis maintenant sur une grande route, bordée d’une piste cyclable, mais désespérément droite. Je passe d’autres villes et je commence à me dire que ça va être long jusqu’à Gand. Je m’arrête m’acheter un sandwich chez Lidl, il n’y a guère de choix : œuf dur ou poulet épicé. Je prend poulet, et un paquet de myrtilles, un peu de frais ne fera pas de mal, je n’ai pas une confiance totale dans mes wrap au poulet. C’est plus par peur d’avoir faim que par réelle faim. Je décide de m’écarter de la grosse route pour consommer mon déjeuner, et je m’arrête dans une petite ville sans âme. Je regarde alors mon itinéraire en me disant que ce n’est pas possible qu’il n’y ait que cette route sans intérêt. Je vois qu’il y a un canal qui est parallèle ou presque à la route, avec un chemin de halage. Et je me dis que ce ne sera sûrement pas pire que cette route.

    Je reprend mon vélo, et me dirige vers ce canal et bien m’en prends! Il y a une belle route cyclable le long du canal, des péniches, des bateaux, des gens à velo sur le chemin, de la vie quoi! Mon gps veux me ramener sur ma route, mais je refuse et finit finalement pas arrêter le guidage. Je passe en mode improvisation et c’est nettement mieux. Je suis ce canal pendant peut être 20km, et ça n’a rien à voir. Beaucoup plus tranquille, le chemin du canal n’est emprunté que par des vélos, et va m’amener jusqu’à Deinze.

    Deinze. Une ville très typique de Belgique. Comment dire. C’est difficile de décrire une ville belge. Un agencement d’immeuble assez recents, pas vraiment beaux mais pas vraiment moche non plus. Une ambiance de fête foraine (là il y a une vraie fête foraine), pas vraiment gaie, et un peu déprimante pour tout dire. Vous connaissez Knokke? Et bien pareil. Bref je passe mon chemin. Il y a maintenant pas mal de canaux, et j’arrive à un pont basculant assez impressionnant. J’ai rejoins quasiment mon itinéraire, mais je ne peux me laisser aller à le suivre. Je continue avec les chemins et routes balisés, très nombreux, et arrive tranquillement dans la banlieue de Gand. La banlieue bourgeoise. Que de très belles maisons longent soit de très petites routes, soit des canaux, avec un peu d’espace verts devant les maisons. Bon il y a un petit côté playtime avec les maisons les plus récentes, mais l’ambiance générale est très agréable. J’arrive à un bac, qui traverse un canal, une bonne dizaine de gens à vélo en descende. Et je monte avec une autre personne. Je finis par entamer la conversation avec lui et le conducteur du bac. Ils me disent que j’ai un accent très français et pas du tout Français lillois… Trop drôle. Ils se mettent à parler français, en me disant que tout le monde parle français dans le coin, enfin, parle les deux langues. Je les laisse dire, mais je n’ai pas entendu un mot de français depuis que j’ai passé la frontière.

    Arrivée à mon camping à Gand, qui est bondé ! Montage de la tente, douche, j’hésite à retourner en ville car je suis un peu claqué. Brève discussion avec mes voisins, cyclistes eux aussi. Ils viennent de Rotterdam. Le mec me fait des compliments sur mon vélo et sur ma tente. Finalement je pars car je ne me vois pas passer la soirée au bar du camping. Un aller retour rapide le temps de voir un peu cette ville réputée, un bref dîner et retour au camping et au lit.

    Une belle journée où j’ai senti, de nouveau, le parfum de la liberté.