Ceci est mon dernier jour de ce voyage en pays Flandrien. Un voyage sans encombre a traversé trois pays France, Belgique, Pays-Bas. Un pays où je n’ai jamais été plus haut que 70m au dessus du niveau la mer. Et encore, bien souvent autour des 10m. Le plat pays.
Lever vers les 8h comme d’habitude, le temps est couvert. Ça ce n’était pas prévu. Il devait faire beau. Je replie tout mon barda, et m’en vais prendre mon café à la réception comme prévu la veille. Il y a un groupe de gens en effet assis à la réception, et je pense qu’il y a le mari de Nathalie, Kees, et leur fils. Aussi deux autres personnes. Et ça parle néerlandais bien sûr. On me propose de m’assoir pendant que nathalie va me chercher mon café. Tout d’un coup, je comprends qu’ils parlent de moi. À des mouvements de main, j’entends le nom « Amsterdam », ils tournent le regard vers moi. L’un d’eux me demande, en anglais, d’où je viens, je réponds que je viens de Lille, et s’ensuit un dialogue à deux langues, l’homme traduisant en néerlandais à ses amis. Je devine quelque chose comme :
- oh il vient de Lille en France, et il va à Amsterdam, avec un air un peu jovial qui les fait visiblement sourire
- et quand êtes vous parti?
- je suis parti vendredi, j’ai dormi à Gand, puis à côté d’Essen, et maintenant ici
- oh et bien il a campé, il est parti depuis trois jour de France, de Lille.
- et vous retourner en France à vélo?
- non non, je prends le train pour rentrer à Paris
Et les autres de s’esclaffer, je ne sais pas bien comment le prendre, mais toujours est il que ça fait l’animation de ce début de matinée. Je pense que d’ici peu, tous les gens du coin sauront qu’il y a un petit Français à vélo, qui a fait Lille-Amsterdam en quatre jours, et qui a dormi chez Nathalie et Kees.
Je m’apprête à partir, quand il se met à pleuvoir. En effet il y a de petites tâches de pluie qui se déplacent sur mon radar de pluie RainToday. Très pratique cette appli. Apparemment dans 10 minutes ça s’arrête. Je m’abrite donc, la pluie est quand même assez forte donc je sors la veste de pluie. Toujours emmener une veste de pluie en voyage à vélo, toujours.
Effectivement la pluie s’arrête bientôt, je dis au revoir, et je quitte le camping de Victorie. Je refais un itinéraire jusqu’à Utrecht, en m’assurant qu’il emprunte de petites routes. J’ai très vite les jambes trempées’par les projections d’eau, mais ça ne dure pas.
Je roule maintenant sur une petite route, des champs en contrebas. Avez vous déjà pris ce genre de route, qui sont en France d’anciennes voies de chemin de fer, qui surplombent l’environnement? Ça offre une vision qu’on n’a pas autrement, en voiture ou à pied. Une perspective. Difficile à décrire par écrit. Disons qu’on domine la situation!
Je me dirige vers Utrecht, au nord, mais de très noirs nuages viennent de l’Ouest et dans les virages de la route, je me demande si je ne vais pas me retrouver sous une pluie battante. Mais non, finalement je vais atteindre Utrecht au sec. L’entrée dans la ville est assez rapide, et assez brutale, avec des immeubles en périphérie qui sont toujours déconcertants quand on vient de parcourir plusieurs de dizaines de kilomètres dans la nature. J’ai débranché le gps qui me ferait sortir immédiatement, et donc me dirige un peu au jugé. Utrecht n’est pas une grosse ville et j’attends le centre assez rapidement. Les panneaux Centrum m’aide bien.


Belle découverte, Utrecht. C’est encore une ville sur des canaux, une sorte de mini Amsterdam. Il y a un peu de monde, des cafés, des restaurants, des boutiques, c’est très sympa. Je me balade quand je vois une tour et je me doute que c’est la cathédrale. Le DOM. En fait ce n’est qu’une tour et la cathédrale saint Martin est de l’autre côté d’une place. J’attache mon vélo sur le bord de la cathédrale. C’est surprenant, pour une cathédrale, elle est assez petite, très haute bien sûr, mais la surface au sol est étonnamment petite. Les piliers principaux sont peints sur leur partie médiane.


En fait, la tour et la cathédrale faisait initialement partie du même bâtiment au 16eme siècle quand elle fut achevée. Elle était catholique initialement, inspirée des cathédrales gothiques françaises, et dédiée à Saint Martin de Tour. Elle devint une église protestante en 1580. Et sa tour est la plus haute des églises des Pays-Bas. 112m de haut. Deux fois plus haute que les tours de notre dame de Paris. Mais le plus étonnant, c’est que la nef s’écroulât en 1674, sous l’effet d’une tornade. On imagine la violence de la tornade. Et elle ne fut jamais reconstruite, laissant place à une place encore existante aujourd’hui. Je comprends mieux les dimensions assez petites de l’édifice actuel. J’apprendrai plus tard au Rijksmuseum d’Amsterdam que les colonnes étaient en fait couvertes d’enluminures faites à la feuille d’or.
Je quitte la cathédrale et me dit que je mangerai bien un morceau. Un rapide coup d’œil dans Google maps et je me dégote un bar à soupe qui est très bien noté. Soep-er Utrecht. L’endroit est tout proche et s’avère minuscule. Il n’y a pas de table disponible aussi je prends à emporter : une soupe aux champignons et à la truffe, un gâteau à la lavande, et une limonade au citron et lime. J’attends un peu dehors après avoir passé commande, et je vais m’installer sur un banc qui m’attends de l’autre côté du canal. Je prends une gorgée de limonade qui s’avère excellente. Puis j’attaque la soupe qui est juste sublime. Très bien dosée en truffe, ce qui n’est pas facile. Je me régale de cette pause inattendue, sur un bord de canal à Utrecht. Le gâteau est également génial. Décidément, chez Soep-er, c’est super!

Je reprends la route, ensoleillée maintenant, l’air est chaud, et la pluie matinale s’est maintenant totalement éloignée. Je sors tranquillement d’Utrecht en longeant le canal, je prends mon temps, je profite de ce qui est probablement la plus belle surprise de ce court voyage dans les Flandres. Gand est très belle mais très touristique, Utrecht est une étape très agréable en pays batave. Et, aussi, à Utrecht, on voit de belles femmes aux cheveux blonds, aux pantalons larges en velours côtelé, en tee-shirt léger, au décolleté généreux.








La route vers Amsterdam est assez courte, et traverse de très beaux villages et de belles maisons ou même petits châteaux le long des canaux. C’est une très belle campagne, très tranquille, semée ça et là de moulins plus ou moins en service encore. Je ne parierais pas que je suis à plus de 10m au dessus du niveau de la mer sur cet partie de l’itinéraire.

Arrivée à Amsterdam en fin d’après midi, entrée relativement facile dans cette grosse ville, mais ici pas de stress, et je trouve mon hôtel facilement tout près du Rijksmuseum. Je vais passez la journée de demain tranquillement à revoir cette ville que j’ai découvert dans ma jeunesse, et dont certaines images sont encore très présentes dans ma tête. Aura-t-elle changé ?
Une journée à Amsterdam
C’est le but de mon voyage dans les Flandres, Belgique et Pays-Bas. j’ai failli un instant reprendre le train à mon arrivée, mais mon envie de repos et de profiter du temps m’ont poussé à rester une journée. C’est un jour de semaine, donc faible en population touristique, et je vais profiter de cette journée pour visiter le Rijksmuseum. Je ne l’avais pas visité la première fois que j’étais venu, je n’avais fait que le musée Van Gogh, qui m’avait impressionné et fait du peintre une de mes trois peintres préférés.
Je garde mon vélo dans le garage à vélo du centre ville, qu’on m’a conseillé à l’hôtel, et qui se trouve à deux pas du Rijksmuseum.


Visite du musée, tranquillement. Un beau musée, quand même très orienté vers la peinture flamande. Du Rembrandt, du Vermeer (la laitière!), très inspirant maintenant que je m’enfonce dans ma nouvelle spécialité, la vidéo, la photo. La lumière, sa direction, son intensité, la couleur, la scénographie, ces gars là ont tout inventé. On peut passer énormément de temps à analyser leurs toiles. Il y a aussi énormément d’œuvres d’autres peintres flamands que je ne connais pas. Ce qui m’épate à chaque fois dans les musées, c’est de découvrir la taille des oeuvres. La laitière par exemple est une toile toute petite. 45cm de haut. Et la ronde de nuit est une toile immense. Actuellement en réfection, cette toile fait plus de 4,30 de large! Ça change tout. Non pas que la taille fasse la qualité de la toile, mais ça change complètement la perspective. C’est pour ça qu’il faut aller au musée, pour se rendre compte de l’intention du peintre. Personnellement, je préfère les grandes toiles qui ont en général plus de recherche dans la composition, le nombre de personnages, les histoires à l’intérieur du tableau. Prenons la cène par exemple. Un plan CinémaScope avant l’heure. 8,80 mètres de large! Et bien il y a plusieurs histoires à l’intérieur de cette scène. Et même plusieurs ambiances. Une taille plus petite aurait eu du mal à rendre compte de ça. Bien sûr c’est une fresque donc dès le début ils ont envisagé une taille très grande. Mais j’aime quand même les toiles plus petites qui peuvent être, aussi, pour d’autres raisons, impressionnantes. Les toiles de Van Gogh sont en général de petite taille.








Sortie du musée, ballade dans la ville. Ambiance très relax en ce mardi de juin. Arrêt dans un de ces cafés où on se demande qui est client et qui s’occupe du service.



Et puis récupération du vélo et départ pour la gare. Emballage dans la housse (15 minutes! Ça devient la routine. ) puis attente du train. Retour vers Paris.


C’étaient les Flandres. Un beau voyage au plat pays. Très plat! Le prochain voyage devrait ne pas être aussi plat. À suivre.