Voilà, c’est mon dernier jour, je fais route aujourd’hui vers chez Myriam et Rolf dans le Lot, en passant par Cahors.
J’ai passé la nuit chez des hollandais qui se sont installé en maison d’hôtes à Frayssinet-Le-Gélat, Au petit bonheur. Ils se sont installés il y’a un an et demi, en provenance de Rotterdam. Ils ont trouvé la maison sur internet, l’ont acheté et se sont installé. Sans connaître la région! Ils sont charmants, et Ardy a préparé un petit dîner rien que pour moi. Ils viennent discuter un peu avec moi, et j’apprends que le gîte est fermé, parce qu’ils se sont mariés la veille! Je suis un peu gênés, et les remercie chaleureusement.
Départ le lendemain pour Cahors puis Marsa. Étape déjeuner à Cahors. La journée est chaude, un peu lourde. Près de 1000m de dénivelé tout de même, pour 70km. Et en particulier après Cahors.
Je prends un peu mon temps c’est le dernier jour, les dernières petites routes, les vallées, les collines. il faut que je fasse un peu le bilan de ce voyage dans un prochain article. En attendant j’ai apprécié le week-end avec Myriam et Rolf, la découverte de ce petit coin du Lot et de leur propriété!
Je quitte la Dordogne aujourd’hui. Très belle étape chez Marine et Alexandre, au milieu des Vignes de Montbazillac. Très bel accueil par cette petite famille, avec un dîner improvisé, avec des œufs aux plats des poules de la maison. Et un clafoutis maison! Bien venu car il n’y a rien autour, et il est primordial pour moi de dîner pour préparer la journée du lendemain.
Petit déjeuner pantagruélique ! J’ai très bien dormi dans cette ancienne école. Même pas réveillé par la petite Coline, qui a 8 mois. Le ciel est parfaitement bleu ce matin et je démarre en forme pour la route des bastides, entamée déjà à Domme.
J’atteins d’abord le village de Issigeac, puis Villeréal. 23km/h de moyenne et pourtant ce n’est pas plat! Du jamais vu. J’ai mangé du lion sans m’en apercevoir, à moins que ce soit la belle étape de la nuit?. Très belles bastides, avec leur place centrale et une halle au centre. Celle de Villeréal à la particularité d’avoir un étage habité! Je décide de m’arrêter déjeuner.
Issigeac
Je déjeune d’une assiette variée de canard. Je reste longtemps sur cette place de village. Puis je repars pour Montpazier. Cette bastide est à mon avis la plus belle. Petite, mais pas trop, très bien préservée, avec beaucoup de maison anciennes, on je devine deux périodes différentes de fortifications. À vérifier.
Je fais un survol en drone, qui se passe très bien, ça change. Je reviens dans le centre et ne peux m’empêcher de prendre deux jus de fruits. C’est très agréable décidément, je fais un long arrêt. C’est agréable de prendre son temps.
Enfin je repars, vers Villefranche du Périgord. C’est la fin de la journée, et tout est fermé quand j’arrive. Ce n’est pas très grave, cette bastide est moins intéressante que les autres. La halle est beaucoup plus grande, plus récente aussi. Les pieds sont en pierre avec des chapiteaux de type dorique, un peu étrange.
Hébergement trouvé à Frayssinet-le-Gélat. Très belle journée ensoleillée, j’ai bien profité!
Grand ciel bleu dès le matin. Enfin! Je suis arrivé à Bergerac par la Dordogne, ayant commencé la journée par couper les lacets de la rivière, et passé les ponts au-dessus.
J’aborde d’abord le canal latéral de la Dordogne. Brutalement, plus aucune circulation, le calme et l’eau. Les arbres qui se réfléchissent. Puis à partir de l’écluse d’aval de Tuilières, c’est une voie verte qui serpente le long de la rivière. Étroite, mais peu fréquentée en semaine, ça roule assez vite.
Je m’arrête un bon moment à Bergerac. Le centre ville est très sympa, il y a peu de monde en semaine, et il fait beau. Petite glace en provenance de Villeneuve sur Lot. En terrasse.
Je quitte Bergerac, et prend la direction de Montbazillac. C’est, aussi, un très beau château sur une butte. Ça monte très raide!
Ce soir, je serai en chambre d’hôtes dans les vignes. Chez Alexandre et sa compagne, qui ont quitté Paris pour venir s’installer dans la région. Ils ont une très belle maison, également très bien placée. Une ancienne école.
Toute petite journée de vélo aujourd’hui. 35km. Il fait beau. J’ai quitté Carsac-Aillac, et pris tout de suite un chemin vtt en forêt. Bien raide. Puis de petites routes qui m’ont mené à Domme. Petit village fortifié au sommet d’une colline. Très beau village paisible en semaine. Vue magnifique sur la Dordogne. Elle est large maintenant, on dirait un fleuve.
Puis je suis la Dordogne et visite La roque-Gageac. Impressionnant village accroché à la falaise. Des petites ruelles pavées parcourent le village. Je continue et atteint Beynac, un autre village accroché à la falaise. Un château surplombe la vallée. Rien de mieux pour faire un petit survol en drone.
Très beau vol, sauf qu’au bout de quelques minutes, je pers le contrôle. Impossible de le ramener. Je le fais redescendre mais le perd de vue. Il atterri quelque part. Je pense l’avoir perdu. Fort heureusement, il y a une fonction de localisation, et je le retrouve perdu dans un champ. En parfait état. Grosse grosse frayeur.
Ça vaut le coup de boire une bière sur le port de Beynac, pour reprendre ses esprits!
Je contacte mon ami Rolf, et il apparaît qu’il sera chez lui dans le Lot le week-end prochain. Ça change mes plans. Je vais donc revoir mon itinéraire, qui de toutes façons n’a plus aucune stabilité, après tous ces jours de météo capricieuse. Ça me fera plaisir de le voir avec Myriam!
Soleil! Aujourd’hui le soleil brille depuis le matin, il faut en profiter.
Laval de Cère
Je quitte la maison d’hôtes où plusieurs couples passaient le week-end, du Cantal, d’Aveyron, de Clermont-Ferrand et de Poitiers. Le propriétaire me donne des conseils pour rejoindre Domme.
Je commence par longer la Cère, traverse de petits villages, en particulier Gagnac sur Cère, très sympathique. La région est couvertes de forêts assez humides, et c’est jouissif de rouler sur les petites routes, qui montent et descendent au gré des collines longeant la Cère.
Je quitte la Cère pour arriver à Cadennac, au bord de la Dordogne maintenant. Plusieurs petits ponts et passerelles pour arriver là. Le village s’est très joli. Bien qu’il soit tôt je d’évidé de m’arrêter pour déjeuner léger. Je trouve un petit espace d’herbe entouré par des maisons, avec des bancs. Glücklich wie Gott in Frankreich. Comme le temps est ensoleillé, je fais un vol du drone au dessus du village. J’essaye de nouveaux types de vol, et suis assez satisfait.
Cadennac
Je prends maintenant la route de Martel. L’itinéraire emprunte la côte des Mathieux pour remonter sur le plateau. Pour les locaux, c’est LA côte. Tous les gens que je croise m’en parlent. Attention, vous allez passer par la côte des Mathieux. Elle serpente pour atteindre le plateau, dans une très grande tranquilité, avec le champs des oiseaux et du coucou.
J’arrive à Martel. Autre ambiance. C’est un village plus médiéval, un peu plus austère avec ses pierres blanches. Je m’enfonce dans le centre, et découvre une petite place très animée, avec une grosse halle ancienne au centre. Je ne peux résister à m’installer à l’ombre et boire une bière. Voilà ce que je recherche depuis que j’ai décidé de voyager à vélo en France. Goûter la tranquillité des petits villages, traverser au hasard.
Martel
Je m’arrache de Martel et prends la direction de Souillac. Le propriétaire ne me l’a pas tellement vendue, et je comprends pourquoi. C’est un très gros village mais pas très bien entretenu. On sent en effet qu’il a été un peu abandonné. Je ne m’arrête donc pas, et continue vers Domme.
Après quelques kilomètres, j’emprunte une vélo-route. c’est une ancienne voie de chemin de fer, abandonnée, puis transformée en voie pour vélo. J’adore ce genre de velo-route. Il y en a partout en France, mais aussi en Croatie et même aux États Unis. Elles sont légèrement en surplomb des champs, et on n’y croise que des vélos, même pas des piétons. Les gares sont toujours là, parfois aménagées en restaurant, ou en salle d’exposition, comme la gare de Carlux Robert Doisneau. Aussi elle passe au dessus de villages et on peut avoir l’impression de la vue qu’on avait alors à bord du train. Il y a même des tunnels.
La gare de Carlux – Robert Doisneau
Voie verte Dordogne Périgord
Le soir tombe et il est temps de penser à l’hébergement. Je n’ai décidément pas envie de camper. Je consulte les sites et trouve une maison d’hôtes le long de la voie verte. J’appelle. Une chambre est libre. Chanceux en ce dimanche de Pentecôte. Il y a moins d’un kilomètre pour y arriver. Je déciderais demain, entre Domme et Sarlat.
C’est une maison ancienne, il faut monter un escalier pour atteindre une terrasse sur laquelle donne les chambres. Terrasse et chambre très bien décorées, je serait en fait le seul et aurais la terrasse pour moi tout seul. Quelle chance. Je dîne, petit coup de téléphone avec Dominique, qui me donne quelques adresses.
Je suis dans une superbe région maintenant, très riche en activités. C va être compliqué de choisir. J’adore ce voyage!
Aurillac! Comme tous les noms de villes ou villages finissant en ac, ça sent déjà beaucoup plus le sud, et même le sud ouest. Et je ne vais pas en manquer les jours qui viennent : Gagnac sur Cère, Foirac, Souillac, Carsac-Aillac (double ac!), Vésac, Bergerac, et j’en passe! Entre Lot et Dordogne, tel est mon chemin dans les jours qui viennent.
Aurillac, c’est pour moi la deuxième grande ville d’Auvergne avec Clermont-Ferrand. C’est la ville du sud, un peu mystérieuse, cachée derrière le Sancy. C’est aussi la ville de mon ami Dominique, qu’il a quitté avant de venir à Clermont, puis de monter à Paris où nous nous sommes rencontrés. Ce petit accent aussi. Dominique est d’ailleurs en ce moment en Dordogne, à la recherche d’un nouveau lieu pour ses soins énergétiques. Allons nous nous croiser? A Domme?
Aurillac c’est le point de départ du 6eme jour. Ayant pris une direction plutôt plein sud jusque là, je vire à l’ouest en direction de l’océan. Je quitte donc Aurillac par l’ouest, et rejoint ensuite une grosse départementale en direction de Tulle. Le temps est maussade aujourd’hui. Je suis un peu fatigué par les deux dernières étapes. La route est facile! Je pedale a une moyenne de nouveau élevée sur ce long ruban rectiligne. Ça me fait drôle! Cela dit, au bout de quelque kilomètres, cette rectitude commence à m’ennuyer quelque peu. Il y a beau y avoir un peu de relief, la route monte et descend les bosses sans arrêt, il reste que c’est assez ennuyeux. Je m’arrête donc pour faire quelque pauses. Une d’elle m’amène à discuter avec un apiculteur qui vient nourrir ses abeilles. Elles sont affamées me dit il. Après s’être beaucoup reproduit en février mars, le temps très froid d’abord puis la pluie en mai a retardé la floraison. Et elles n’ont rien à manger. Il vient donc les nourrir tous les jours avec une préparation maison à base de sucre, mais assez solide. Il l’appelle le Candy. Bien sûr on parle vélo, puy Mary, les différentes vallées, etc. Cet rencontre brise un peu la monotonie de la route.
Heureusement, après une trentaine de kilomètres (quand même), mon itinéraire bifurque à droite vers les gorges de la Cère. Mais très vite le temps se couvre et la pluie apparaît. Après deux arrêts sous des arbres pour s’abriter, le troisième sonne l’heure du repas. Je vais m’alléger un peu n me faisant un plat lyophilisé. Cari de poulet. Je sors Lachaise pliante, pas encore utilisée jusque là. Déjeuner sur l’herbe en regardant tomber la pluie. Le soleil apparaît de nouveau, je finit mon café et je repars. Les paysages maintenant baignés de soleil, sont très beau. De grands champs bien verts, vallonés, avec des collines à perte de vue. La montagne a tout à fait disparu, et c’est un paysage beaux plus souriant que je traverse.
Mais la pluie revient et je dois m’arrêter de nouveau me mettre à l’abri. Cette fois c’est vraiment un gros grain qui passe avec de belles rafals de vent. La température chute aussi. Je prend un café en passant des coups de téléphone, mais vu l’heure il est temps que je trouve un endroit. A l’écart de mon itinéraire se trouve le village de Laval de Cère, et je trouve une chambre dans une maison d’hôte.
Une journée un peu gâchée par la pluie mais quand même un beau changement. Et demain, il va faire beau!
Aujourd’hui c’est l’autre grande étape d’Auvergne, en termes d’altitude. Ascension du col du pas de Peyrol, autrement dit le Puy Mary. C’est assez mythique pour moi, pas parce que le Tour de France est passé par là l’année dernière, mais parce que c’est simplement mythique pour les auvergnats. Parce que c’est sauvage, brut. De la vrai montagne. Et bien sûr, parce que je me souviens être venu là petit garçon, et j’ai un souvenir d’être perdu, dans un territoire pas du tout familier.
Aussi, c’est la dernière étape auvergnate. Et donc je sais que les émotions éprouvées ici, tous ces souvenirs d’enfance, et bien vont laisser place à l’inconnu ensuite, l’Auvergne va refermer sa porte derrière moi. Donc un peu de nostalgie aussi, déjà.
Je me lève et il pleut sur le lac des moines. Pas une grosse pluie, même une toute petite pluie, mais qui ride néanmoins la surface du lac. les jambes sont quand même un peu raides après l’étape de la veille. Départ vers 11h, ça me prends décidément du temps de faire mes sacs chaque jour. Mais aujourd’hui, je parviens à fixer parfaitement mon sac avant, qui m’a causé des soucis depuis le début. Je le comprime suffisamment pour qu’il laisse de la place pour les leviers de changement de vitesse, qu’il laisse suffisamment de place pour saisir les drops du cintre, et suffisamment écarté du tube de cadre pour qu’il ne l’endommage pas en venant plaquer la durite de frein avant contre lui. Tout ça grâce à la petite garcette qui vient relever le package avant, en faisant bras de levier à partir de la potence. Un miracle. La journée commence bien. La pluie c’est arrêtée et la surface du lac est maintenant un miroir.
C’est parti. Le Puy Mary est un peu au delà de la moitié de l’étape qui doit s’arrêter à Aurillac. 78km, 1000m de dénivelé, dont 600m pour passer le col du pas de Peyrol, à 1589m. Grosse étape. Vais je y arriver? Le doute me trotte dans la tête toute la matinée. Encore une fois je n’ai jamais fait ça. L’autre question est : est ce que je déjeune avant la montée. Mon expérience de la veille m’a montré que si je m’arrête, alors il est très difficile de repartir.
Grosse montée depuis Condat, 300m de dénivelé, pour arriver sur le plateau à Lugarde. Je me sens bien, le temps est bon. Je me dit que je vais peut être tenter de déjeuner en arrivant en haut, et juste manger des barres pour l’effort. Ou bien que je vais camper au pied, et passer le col demain. J’avance dans cette incertitude. Le spectacle est magnifique, c’est une sorte de paysage alpin mais pas vraiment. La forêt avec des arbres tous d’un vert différent laisse place à des pâturages à vaches, qui semblent plus peureuses que celles rencontrées jusqu’à présent. Je sens que le cycliste est moins bien connu dans ces coins là. J’approche maintenant du Puy Mary, et il devient vraiment impressionnant, très raide, sauvage, au milieu d’un cirque qu’on pourrait penser infranchissable. Un peu comme Gavarnie. Ses flans orientés nord sont encore lourdement enneigés. On voit bien que c’est lui le patron, c’est lui qui décide si on passe, ou pas.
L’ascension se fait en trois parties : d’abord le col de Serre, à 1335m, pendant 6,5km, et une pente à 6% de moyenne. Puis viens une ascension beaucoup moins raide, à 2,5%, jusqu’au col d’Eylac, en dessous de la brèche de Roland. Puis vient enfin la dernière partie, à flanc du Puy Mary, à 9% pendant 2km. Ces chiffres sont des moyennes. Donc il y a des passages beaucoup plus raides.
Je m’arrête à 3km du début de la montée. J’essaye de faire le plus vite possible pour manger sans me refroidir. Une barre pour la puissance, une autre pour l’oxygénation, des abricots secs, des noix de cajou. Et j’attaque. Le démarrage se passe bien, c’est dur mais tenable. Quelques arrêts pour souffler, une ou deux minutes, et je reprend. Mais quand je passe le panneau « 1km, 9% », je prends un coup au moral et décide de continuer à pied. Le problème de marcher, c’est que remonter en vélo en pleine côte est difficile. Néanmoins l’inclinaison baisse un peu, et je remonte sur le vélo, et termine l’ascension du col de Serre sur le vélo, en mobilisant tout mon mental. Il y a un bâtiment où je pourrais m’arrêter prendre un café, mais il est fermé donc je continue. La deuxième section est jouissive. A 2,5%, j’ai l’impression d’aller hyper vite, sans effort. Jusqu’au col d’Eylac. Je croise pas mal de marcheurs qui descendent du pas de Peyrol. On se salut. Certains on l’air admiratifs, d’autres rigole un peu, en se disant qu’il faut être un peu cinglé . J’attaque la dernière section à 9% de moyenne, mais qui très vite passe à 13%. J’ai appris mes limites : à 8%, je passe à vélo, à 9% c’est limite, mais à 13%, je m’avoue vaincu. Avec 10 ou 12kg de bagages, plus probablement 3 ou 4kg sur le dos, plus le bonhomme, ce n’est pas pareil que sans rien. Je termine donc à pied jusqu’au sommet. J’ai juste remis mon coupe vent, pour monter, il fait assez froid, et c’est au milieu des névés que je termine l’ascension.
Je ne suis pas aussi heureux qu’hier, parce que je ne suis pas entièrement arrivé au sommet en vélo, mais quand même je suis bien heureux d’être là. J’arrive en même temps qu’un autre cycliste qui lui arrive en vélo, depuis le versant sud à partir de Salers. Il est content d’arriver. Il a lâché ses deux compagnons dans la montée. Je lui demande s’il n’y a pas trop de vent, car je vois que je dois prendre une route de crête pour la descente, ouverte à un moment à tous les vents. Il me rassure en me disant qu’il n’a eu du vent qu’en arrivant au sommet.
Légèrement rassuré, je rentre dans le restaurant et commande un cornet de truffade et une bière. Un couple est là et visiblement cherche à commander un taxi, avec l’aide du patron. Je m’installe dehors et craint que le vent ne renverse mon verre de bière. Le panorama sur la vallée, au nord, est magnifique. Il y a deux vallées en fait, celle d’où je viens, et celle partant vers Dienne. Les puys tout autour sont impressionnants. Les couleurs surtout sont différentes, entre pâturages, forêts aux mille verts, et les sommets arides bruns, et encore partiellement couverts de neige. Je remarque qu’on voit bien en cette saison, la végétation qui est repartie, et puis au fur et à mesure qu’on monte, les arbres ont de moins en moins de feuilles. Le panorama vers le sud est magnifique aussi, mais plus sauvage et aride, plus abrupts encore.
Mon déjeuner terminé, je rentre au restaurant payer. Le couple est toujours là et cherche toujours à commander un taxi. Ils m’expliquent qu’ils marchent depuis 7h déjà, mais se sont trompés de GR, et ont fait 4h de plus que prévu. Ils se sentent incapables de faire maintenant les 10km de descente qui les séparent de leur refuge. J’essaye de les rassurer comme je peux, en leur assurant qu’un taxi viendra, ou bien qu’une voiture les prendra. C’est d’ailleurs cette dernière option qu’ils tentent, pas très rassurés du succès.
Je reprends mon vélo, j’ai déjà enfilé ma veste sous mon coupe vent, et je garde le masque parce que ça tient chaud! Et c’est parti pour la descente, jusqu’à Aurillac. Et quelle descente! 37km! Le début est presque plat, sur une crête, et on peut admirer le cirque en contre bas vers le Falgoux, puis la route plonge dans la vallée qui mène à Mandailles. Elle devient alors beaucoup plus raide. Une telle descente n’est pas de tout repos. La route est suffisamment large, mais néanmoins il y a pas mal de virages en épingle, et il faut bien maîtriser sa vitesse. Les freins à disque pouvant chauffer très rapidement, il faut juste donner des petits coups de temps en temps. Technique très différente des freins à patins traditionnels. Mais une telle descente reste grisante, et j’essaye de capter les meilleurs moments en vidéo.
Bientôt, la pente faiblit et c’est sur le plat que je termine à Aurillac. Sûrement la descente la plus longue de ma vie. Je suis d’ailleurs un peu groggy en arrivant, je viens de me faire près de 1000m de dénivelé négatif en un peu plus d’une heure trente.
Voilà je suis à Aurillac. Je pense à mon ami Dominique qui est né ici, mais à fui bien vite pour aller à Clermont puis Paris, où nous nous sommes rencontrés il y a près de 40 ans maintenant. Encore de nombreux souvenirs.
L’Auvergne s’arrête là, et je vais maintenant aborder une autre phase de mon voyage. Elle sera totalement différente. Je suis hyper satisfait de cette première partie. Le temps n’a pas été très favorable, mais néanmoins j’ai l’impression d’être parti depuis très longtemps de Nevers. Et je dois dire que je suis aussi fier d’avoir traversé tout le massif central en vélo. Je ne m’en serais pas senti capable il y a encore deux mois. Ce que je n’avais pas prévu, c’est que ça raviverait autant de souvenirs d’enfance enfouis. Ce voyage, encore une fois, m’a profondément nourri. Et ce n’est pas fini! Un vrai voyage Velibre.
C’est une étape épique! Le tour du Sancy, du mont dore au lac Pavin. Après l’étape de repos pour cause de pluie, du beau temps est annoncé en particulier le matin. Départ vers 10h30, je commence par l’ascension du col de La Croix Saint-Robert. Comme disent les dépliants, moins connus que le col de La Croix Morand, et pourtant plus haut. 1451m, 6km, 350m de dénivelé. Des chiffres. La première moitié est vraiment raide, passages à 9 ou 10%, mais je m’accroche. Je tire pas mal sur les bras sur la fin et ça passe sans marcher. La deuxième moitié est moins raide et finit par un plateau. La montée est pratiquement tout en forêt, la température est idéale pour ce genre de grimpette. Je dois avouer que j’arrive très fier en haut du col. Petite photo, on se rhabille. Car il fait pas bien chaud. En revanche, le vue est pas ce que j’imaginais, le Sancy est quasiment masqué, on aperçoit que le sommet enneigé.
Je discute avec des clermontois en randonnée, très gentils, très bien comme il faut. Puis je sors le drone pour faire un essai. Pas très concluant car l’endroit n’est pas très adapté. Mais content de faire un deuxième vol après celui du mont dore qui a failli être catastrophique (averse de grêle 1 minutes après l’atterrissage).
Je reprends la route pour une grande descente vers Chambon sur lac et là c’est une autre affaire! Descente magnifique, en plus il fait assez beau, c’est génial. Dans la descente, on distingue le lac Chambon, le château de Murol, si particulier, la vallée de Besse, Saint Nectaire, et de l’autre coté, on voit les Monts du Forez. Splendide, de descendre en vélo dans ce paysage presque alpin, avec les vaches qui paissent dans les champs.
J’atteins Chambon sur lac et trouve une boulangerie pour manger un peu. Sandwich jambon cantal, tartelette aux poires. Encore une fois la tartelette est très bonne, mais je résiste à l’idée d’en prendre une autre.
Je repars en m’engage dans la vallée de Chaudefour. Grands prés, forêt au loin, pente raisonnable, soleil, c’est bucolique à souhait. Puis la pente augmente un peu et je m’aperçois que j’ai vraiment du mal. En fait, après l’ascension du col, je me suis arrêté, donc refroidi, et donc le redémarrage est difficile. Et la « petite » montée jusqu’à Montmie ne sera pas une partie de plaisir. Mais j’ai appris: il faut s’arrêter un minimum de temps, surtout que la température est autour de 10 degrés.
Mon Parcous me faisant passer par des chemins très pendus, je prends un peu mon indépendance, et refait le parcours pour le faire passer par une micro route, à flanc de montagne, pour rejoindre Besse (sans y entrer), puis descendre au sud vers Super-Besse et le lac Pavin.
Très belle descente sur Besse, puis très belle montée, très très raide. C’est la loi du vélo. je me retrouve sur un petit plateau, avec deux vieille maisons inoccupées. Et là je me dit que ce sera un endroit pas mal pour me filmer avec le drone. On trouve pas mal de récits de voyage en vélo sur YouTube, et je trouve l’idée marrante d’essayer de se filmer. Il n’y a vraiment personne qui passe sur cette micro route, il y a un panorama magnifique sur la vallée, il y’a du soleil, ça pourrait être pire! J’arrive à prendre deux plans de deux points de vue différents, un en vol statique, l’autre en me suivant légèrement. Je suis assez content des rushs, il faudra voir au montage. La difficulté est de trouver le bon angle de prise de vue, et ce n’est pas facile finalement. Je me dit que je m’éclate bien pendant ce voyage.
Je repars direction le lac Pavin, je me sens beaucoup mieux après la digestion. Il y a maintenant une belle route qui fait un demi tour du lac, mais ça reste sauvage heureusement. Ce lac est toujours magnifique, et de derrière, on a une vue sur le Sancy et la station de Super Besse. De ce côté aussi, le Sancy est encore bien enneigé d’ailleurs. L’eau a toujours ce bleu vert unique dans la région. La fierté des gens du coin. Une pensée pour mon oncle et sa famille. Eux venaient skier à Super-Besse, tandis que nous allions au Mont-Dore. Je me rappelle d’une discussion sur les avantages de l’une ou de l’autre des stations, plus ensoleillée, oui mais plus familiale, oui mais moins fun, chacune des familles justifiant leurs choix avec tous les arguments possibles. Mon oncle habitait Albert, et c’était sûrement plus facile de venir ici. Mais cette petite rivalité était touchante. Mais moi, dans ma tête, en écoutant mon oncle et ma tante, je me disais que je viendrait bien skier ici, ça avait l’air bien plus drôle.
Je repars et mon itinéraire me fait conclure le tour du lac par un sentier forestier très engagé pour mon type de vélo. D’abord en pente, c’est une suite de plats et de descentes raides dans la forêt. Il y a de la place pour passer à deux, mais les deux côtés sont très boueux, donc mieux vaut rester au centre du chemin sur une partie relevée. Je m’amuse pas mal je dois dire dans ce chemin boueux, avec heureusement des restes de technique vtt. Je débouche finalement sur une énorme route, enfin elle me parait énorme par rapport au chemin que je viens de parcourir sur quelques kilomètres. Elle mène à Condat en Feniers, et je me dis que ça ferait une bonne étape. Je recherche, trouve une maison d’hôtes qui me semble magnifique à Apchon, mais demanderais encore 300m de dénivelé supplémentaires, mais me rapprocherai d’Aurillac, rendant la prochaine étape plus courte. Trop pour moi. Je trouve un hôtel à Condat, près d’un lac qui m’a l’air tout à fait correct.
Je prends donc la descente, cette route est très belle, avec un excellent revêtement aussi (c’est important la qualité du revêtement de la route, pour le vélo!). Et au détour d’un virage, après avoir jeté un dernier regard au Sancy, au pont de Clamouze, la route s’élève légèrement, et apparaissent les Monts du Cantal, encore entièrement enneigés ! Féerique. Je ne m’attendais vraiment pas à trouver autant de neige en plein mois de mai.
Je continue la descente, une longue descente, de 20km! Je ne crois pas avoir fait une aussi longue descente dans ma vie. Je m’arrête à Egliseneuve d’Entraigues , seule une supérette est ouverte. J’achète deux bouteilles, jus de fruits et eau. Je bois le jus de fruits, et verse l’eau dans mon camel bak. Puis reprend la descente. J’arrive à Condat, qui est plus petit que je ne pensais, et où il n’y a pas âme qui vive. Je suis assez surpris. Pour rejoindre l’hôtel, il faut remonter légèrement, et je commence à sentir les kilomètres dans les jambes. J’arrive à l’hôtel en même temps que deux motards. Ils viennent de Cahors. Quand je leur demande combien de kilomètres ils ont fait pour arriver là, ils me répondent 300! Je leur dit que c’est énorme, moi j’en ai fait 50, et j’ai vu et fait tellement en si peu. Visions différentes du voyage. L’hôtel a une terrasse au bord du lac des moines, des groupes discutent en prenant l’apéro. Je me dépêche de monter prendre une douche et redescendre pour en faire de même, avant que le soleil ne tombe et la fraîcheur avec. Ce sera finalement une bière antidote, conseillée par le patron. Toujours suivre les conseils du patron.
Journée incroyable au final, j’ai été gâté par le temps qui était globalement ensoleillé sans être trop chaude. Un temps pour le vélo. Un mélange de déjà vu et de découvertes. Et des cols! Une journée très Velibre finalement.
Tous les ans, pour la Toussaint, nous allions sur la tombe des parents de mon père. Nous partions le matin de Chamalières , descendions à Clermont chercher mes grands parents, puis prenions la direction de Saint Pourcain sur Sioule pour le déjeuner. On s’entassaient sur la banquette arrière de la DS, mes grand-parents, ma sœur et moi, et c’était parti.
Dans la famille, on est très Citroën. Mon père a eu une traction avant, une 11, qu’il avait acheté avec son père, moitié moitié. Il doit exister une photo d’eux deux, où ils posent fièrement devant la voiture. Il eut sa période rebelle avec une aronde (une Simca!), et il était fier d’évoquer les sensations qu’il éprouvait avec le puissant moteur de 45ch. Mais il rentrât dans le rang ensuite. Il eu ensuite 2 DS et une ID, deux GS, dont une avec le fameux compteur à rouleau, qui me fascinait. Je rêvais qu’il acheta une SM, mais c’était au dessus de ses moyens. Il eu ensuite deux BX, dont une chocolat au lait, une Xantia, et finalement une C4. Ma mère eut d’abord deux Renault, une cinq chevaux, sa première voiture, dont elle était très fière évidemment, puis une dauphine. C’est d’ailleurs dans cette dauphine qu’un jour, en 1973, ma mère s’étant arrêtée prendre de l’essence au garage des thermes, dans l’avenue du même nom , remontât s’asseoir en disant à ma sœur et moi, c’est fou comme l’essence a augmenté! Elle a doublé! Je me tournais alors vers la pompe à essence, et à travers la vitre arrière de la dauphine, put lire 00,50. 50 centimes ! C’était des centimes de francs bien sûr. Mais elle ne put ensuite se résoudre à continuer cette folie Renault, et acheta une deux chevaux. Le jour de l’achat, elle vint la montrer à ses parents. Elle l’avait garée dans la petite rue perpendiculaire au boulevard côté Blatin, et nous descendîmes en courant pour voir la merveille. Je me souviens avoir été un peu surpris par la forme un peu ronde, mais surtout la capote! Je revois encore le ciel au-dessus de nous quand nous partions en ballade et que nous avions décapoté. Elle eut une autre deux chevaux je crois, avant d’avoir une AX, qu’elle garda de longues années. Il faut avouer qu’il y’a de bonnes années Citroën, et de moins bonnes années.
Mais pour aller à Larequille, nous prenions la DS. Il y avait les fans de la DS, et les anti DS. C’était une voiture clivante comme on dit aujourd’hui. Parce qu’il y avait la fameuse suspension hydropneumatique, qui était très très souple, et donc très confortable. Mais il y avait un inconvénient, il y avait pas mal de roulis dans les virages. Et certains étaient un peu malade en voiture. Moi même, bien que nous ayons fait des centaines de kilomètres pour aller en vacances, dans ce palace roulant, il m’arrivait de pas supporter parfois ce roulis important. Et mes parents devaient s’arrêter parfois pour nous. Mais la place à l’arrière était phénoménale! Sauf qu’à quatre avec mes grands parents, bien que nous soyons enfants, la place se réduisait pas mal!
Ma grand-mère était anti-DS. Sûrement parce que mon père était pro DS. Alors le roulis, elle ne supportait pas. Et dès les premiers virages du bourbonnais, nous nous sentions écrasés les uns contre les autres, et ma grand-mère de crier « Gérard! Ralentissez! Nous allons tous rendre! ». Mon père devait sûrement le faire exprès de rouler un peu vite, ça devait l’amuser d’emmerder la belle mère. Et donc c’était dans des éclats de voix qu’on atteignait Saint Pourcain sur Sioule.
Nous allions traditionnellement déjeuner à la bonne auberge. Je ne me souviens pas de ce qu’on mangeait, mais je me souviens qu’il y avait un baby foot. Et je regardait, envieux, des jeunes gens jouer. Ils faisaient preuve d’une dextérité incroyable, faisant passer la balle, fabriquée dans une matière un peu spongieuse et donc légèrement molle, de rangée en rangée, la bloquant sous les talons des joueurs, la faisant glisser latéralement, jusqu’à ce qu’elle atteigne la première rangée. Là, c’était le duel face au gardien de but. Il fallait simuler un tir, mais l’enjeu était de prendre le gardien par surprise. Faire semblant de tirer pour que le gardien parte d’un côté, mais retenir le tir, et dans la foulée, d’un mouvement ferme de rotation du poignet, tirer dans le coin opposé. La balle cognait alors l’arrière de l’embout, fabriqué en métal, et il y avait ce bruit si caractéristique qui signifiait que le but était entré. Je n’oublierai jamais ce bruit, unique, de la balle qui cogne le métal de l’embut. Un son un peu clinquant mais aussi un peu assourdit, avec également un peu d’écho, créé par l’espace d’air entre la paroi métallique et le corps du baby foot. Parfois, la balle heurtait l’embut mais ressortait, et il y avait alors « gamelle ». Il fallait rejouer la balle. Soit le joueur marquait de nouveau, et marquait alors deux points, soit il ratait et il perdait alors l’avantage et n’en marquait aucun. Les points était comptés grâce à de petits rouleaux qui coulissaient sur une tringle métallique, de part et d’autre du terrain, derrière les buts. 10 rouleaux. Une rangée rouge d’un côté et bleu foncé de l’autre. De la même couleur que les maillots des joueurs. Il y avait aussi un autre mouvement qui m’impressionnait, quand le joueur essayait de marquer depuis la ligne arrière. Le joueur, ayant bloqué la balle par un des arriéres, relevait ses jours des deux autres lignes avec son autre main, les maintenant à l’horizontale, afin de ne pas gêner son tir. Puis, faisant rouler la balle de joueur en joueur latéralement, essayant de tromper l’adversaire qui cherchait à contrer, il décochait un tir qui parfois entrait dans le but avec ce même son caractéristique. C’était évidemment une prouesse applaudie par les spectateurs. Si la balle sortait du terrain, à la suite d’un tir trop appuyé par exemple, alors elle était remise en jeu par le défenseur dans le coin du terrain. A cet endroit, le terrain est légèrement surélevé. Le joueur laisse alors descendre la balle doucement du coin, et la bloque avec un de ses joueurs arrière . Pour passer la première ligne d’avants de l’adversaire, l’attaquant renvoie la balle en arrière en faisant rebondir la balle sur le fond du terrain, rapidement, jusqu’à ce qu’il détecte un passage pour faire une passe à ses demis, qui généralement ne font que dévier la balle vers sa ligne d’avant qui l’a bloque, avant de mettre en joue le gardien. C’était un véritable spectacle. Il y avait tout un vocabulaire pour décrire les mouvements des joueurs : pissette, râteau, roulette, demi.
Le repas terminé, nous prenions la direction du cimetière. Nous arrivions sur la tombe de mes grands parents. Je me souviens que de jours maussades, voire pluvieux. La tombe était sinistre, en mauvais état. L’arrière était fait d’une sorte de cabane en zinc, délavée par la pluie, et partiellement défoncée par le vent. Mon père essayait de remettre un peu d’ordre là dedans, mais il n’y avait pas grand chose à y faire. Je me souviens de me demander pourquoi diable venir se faire enterrer dans un endroit si moche. Je crois n’avoir jamais rien vu d’endroit aussi triste de ma vie, à cette époque. Et de me dire que jamais, moi, je ne me ferais enterrer dans un endroit comme celui là. En plus, mon père me disait que ses parents étaient enterrés l’un sur l’autre, et non pas l’un à côté de l’autre. Bien sûr c’était moins cher car prenait moins de place. Et je m’imaginai donc les deux corps l’un sur l’autre, forcément un peu tassés, et c’était un cauchemar.
Puis nous remontions en voiture, toujours serrés à l’arrière , et c’était le retour vers Clermont, avec les mêmes éclats de voix de ma grand mère et mon père. C’était un voyage épique vraiment. A part le voyage pour se rendre en cure thermale dans la Nièvre, c’était le plus épique. En général, au retour, on s’arrêtait à Aigueperse. Pour acheter des pralines. Les pralines étaient vendues dans une boîte en ferraille, de section elliptique et peinte de couleur vert foncé, avec des inscriptions jaunes plutôt pâle si je me souviens bien. Je me demande bien pourquoi nous achetions ces pralines, parce qu’à part une sur le retour, une fois arrivés on rangeait la boîte et n’en mangions jamais. En tous cas pas moi, je ne trouvais pas ça très bon. Peut être mon père? C’était une noix à l’intérieur (amande, noisette?), recouverte d’un caramel assez cuit, croquant, avec quelques grains de sucre. Rien de spécialement original à mon goût. Quand on rentre dans Aigueperse, il y a deux maisons dont les façades ne sont pas alignées sur la rue, mais dont l’angle avance vers la chaussée, et se font face, le trottoir se réduisant aussi un peu. Elles forment une sorte de porte d’entrée sur la vile. Et je me souviens me dire que c’était bien un peu risqué de voir deux voitures se croiser là et de se heurter. Et bien ces deux maisons sont toujours là! Rien n’a bougé.
Quand on sort d’Aigueperse, on commence à apercevoir le puy de Dôme. Invariablement, quand nous passions par là, ma mère nous disait « ah, et bien je me sens mieux, je me sens chez moi ». Car nous avions fait un sacré voyage! C’est amusant de se remémorer ces instants, d’une époque décidément révolue. La mémoire nous joue des tours pendables!
J’ai passé une bonne nuit chez Marie-Jeanne et Estelle. Petit déjeuner simple, avec Marc qui m’a raconté un peu sa vie. Retraité mais plein de projets. Un beau retraité. Marie-Jeanne travaille toujours et me donnera des échantillons de ses produits de bien-être. Je lui ferai un retour. Et Estelle passe un test PCR car elle part en voyage. Je me sens un peu intrus dans cette famille qui vaque à ses occupations quotidiennes. Ils avaient préparé un dîner hier soir, et nous avons dîné ensemble. J’adore ce genre de rencontre, qui n’arriverait jamais sinon. Rencontrer des gens différents, dans leur environnement, qui échangent une infime partie de leur vie avec moi. C’est un petit cadeau à chaque fois.
C’est le moment du départ. Marc me dit qu’il va me croiser entre Durtol et Orcines, et en effet, il me klaxonnera en passant alors que je suis arrêté pour manger un peu. Car j’attaque par la montée de Durtol jusqu’à Orcines. 10 km, 500m de dénivelé. Et en effet c’est raide. Je me mets vite fait en tee shirt, et monte à peu près en 1h 30, avec quelque passage à pied. Je remarque que quand la pente est vraiment raide, c’est quand on marche à côté du vélo en le tenant par les drops, les bras pliés, et le buste droit. essayez, vous verrez.
J’arrive à La Baraque, et décide de passer par la fond de l’arbre. Il doit toujours y avoir la boulangerie. En effet, elle est toujours là et il y a la queue. Je prends le menu cycliste et m’installe en face sur un banc en pierre. Je me suis rhabillé, y compris bonnet et gants. La tarte aux mirabelles est excellent, j’y retourne m’en acheter une deuxième part.
Puis je repars direction le col de Ceyssat. 250m de denivelé, 5km. Raide aussi. J’arrive au col de Ceyssat et la pluie commence à tomber. Je m’abrite sous un parasol sur la terrasse du restaurant. Il n’y a personne. Au bout d’un moment, un homme sort, et je lui demande si je peux rester un peu là pour me mettre à l’abri. Et il me dit non car il est en train de préparer la terrasse pour l’ouverture demain. Je n’y crois pas. Je reste un peu, puis voyant bien que je gêne, je prends la descente. La pluie continue à tomber, par moment très fort. Malgré la veste d’hiver, la veste imperméable, le bonnet, les gants longs, je suis frigorifié au bout de 100m. Mes chaussettes sont trempées au bout de 500m. Mes jambes tremblent de froid, je doit faire un effort pour les maintenir. Je m’arrête dans la descente. J’hésite entre La Bourboule et le Mont Dore. La première me parait un peu loin par ce temps là, le second un peu haut car il faut passer par le col du Guéry. Je choisit La Bourboule. Je reprends la descente. Toujours aussi froid. A mon avis il fait moins de 5 degrés. J’arrive à Ceyssat, et oblique vers Olby. La pluie se calme un peu, et comme je suis plus bas le froid est moins important. J’arrive à Olby, et constate qu’il y a pas mal de commerces. Une épicerie est en train s’ouvrir, et m’indique que le bar en face vend peut être du café. Je passe par la porte latérale et en effet la patronne sert un café, puis on discute un peu, pas mal, on plaisante à propos du village, mais nous sommes d’accord que pour la taille, le village a su rester vivant, car il y a tout plein de commerces, et même une école. Je prends un deuxième café. Ça fait du bien un peu de chaleur humaine.
Je repars et attaque la montée vers La Bourboule. Et sans comprendre comment, je me retrouve sur la route de Saint Bonnet d’Orcival. Là où mes parents avaient fait construire le chalet. Je reconnais les deux virages dans Pont des eaux. Incroyable. J’avais choisi de ne pas passer par là, ça faisait un détour, mais le destin m’y ramène. Entre temps la pluie s’est arrêtée et je monte, donc je me réchauffe très vite.
Ville jaques, puis Saint Bonnet. Je connais chaque virage de cette route. j’arrive au carrefour et m’arrête. J’hésite. Je descends quand même dans le village, et constate que rien n’a changé. Je vois le chalet au loin, le plus haut dans la pente. Devrais je y aller, pour voir, rencontrer le propriétaire? A quoi bon maintenant. Donc je repars. Je prends le balcon au dessus d’Orcival, je connais par Coeur cette vue sur la vallée. Je me sens hyper bien rechauffé, et je me dis que maintenant que je suis là, aller à la Bourboule n’est pas génial et que je peux aller directement au Mont Dore. J’aurais hésité toute la journée. Certes il y a le Guéry, à plus de 1200m, mais le temps s’est bien amélioré maintenant. Je change donc et prends la nouvelle direction. Je m’étonne d’être si bien, et dans la montée, bien que le temps soit très couvert, je me remets en tee shirt et gants courts. Ça grimpe sec mets cette fois-ci je ne descends pas de vélo. Cette route est tellement familière. Je passe Rouchaube, et ce fameux virage avec un talus à droite. En hiver, il peut y avoir deux mètres de neige ici. Voire même une congère car il se trouve a une sorte de petit col. Je revois ce virage quand j’étais enfant, le soleil illuminait la neige et cette congère me paraissait tellement haute! Je m’arrête sur une aire de repos. Pas très bien placée, en plein vent, je me demande qui peut bien s’arrêter là. Mais il y a le panorama sur la chaîne des puys, et c’est vrai que c’est beau. Les puys sont sortis de la brume, sauf le puy de dôme qui lui gardera son chapeau blanc. C’est quand même drôle d’être là, jamais je n’aurais pensé, 50 ans plus tôt, être là, en vélo, en provenance de Nevers!
Je me refroidit et je commence à avoir froid, aussi je repars. J’ai remis un kway par dessus le tee shirt. Un peu avant le col du Gu Érythrée, je m’arrête voir le panorama des roches Tullière et Sanadoire. Beaucoup d’émotions différentes devant ce panorama magnifique. Je n’ai jamais su laquelle était laquelle. Elles sont comme deux sœurs jumelles qu’on ne distingue pas. Et pourtant elles sont très différentes.
Je reprends la route et atteint facilement le lac du Guéry. 1260m. Je suis épaté. le lac, sous les nuages, est sinistre. Il y’a des plaques de neige sur les hauteurs. Et de la brume qui remonte le long des flancs. J’aurais peut être du remettre la veste pour la descente… Je fais le tour du lac, croise un petit groupe de promeneurs, les premiers depuis le col de Ceyssat. Faut pas trop traîner je sens que ça se refroidit de plus en plus.
Entre le Guéry et le Mont Dore, il y a neuf kilomètres, pratiquement tout en descente. j’ai réservé une chambre d’hôtel, juste avant le Guéry et je me sens un peu rassuré.
C’est une magnifique descente, large, rassurante, avec un excellent revêtement. Un régal, s’il ne faisait pas si froid. Et je suis étonné d’arriver si vite. La vue sur le Mont Dore est elle aussi familière, et c’est tout heureux que je rentre dans le bourg. Heureux d’être là, après une journée si riche en émotions de toutes sortes. Il fait 4 degrés en arrivant dans le village. La brume cache les pente du Sancy, mais je vois quand même de la neige sur les pentes. Je dois passer derrière demain! Bon, demain est un autre jour.