Aujourd’hui c’est petit dej minimal. Mais c’est déjà ça!
Petit dej au camping. Pour avoir mieux, il fallait commander avent 18h la veille.
Je quitte mon camping direction Saint Brieuc. Ça commence par une bonne montée, et je sens que ça ne va pas être la fête aujourd’hui. Il y a des jours où ça ne va pas. Et aujourd’hui c’est le cas. La journée d’hier a été un peu physique, trop de montées raides (plus de 800m de dénivelé), trop de kilomètres (72km), j’ai du attaquer mes réserves, je n’ai pas assez mangé hier soir, bref, ça veut pas. Je me traîne sur 20 km, en passant par Yffiniac (le village de Bernard Hinault), puis Saint Brieuc et en remontant la baie. La baie de Saint Brieuc est magnifique, belle découverte. Ce sont les proportions qui font la beauté d’une baie. C’est difficile à expliquer.
Mon genou ne m’aide pas, je sens une petite gêne persistante, bref je me dis qu’il va falloir faire une pause, faire reposer l’attelage. Je me dis finalement que 40km aujourd’hui ça va suffire, même si une longue pause déjeuner améliore pas mal mon genou. J’arrive à Saint-Quay-Portrieux en milieu d’après midi, et je trouve un camping à la sortie de la ville qui m’a l’air pas plus mal qu’un autre. Il y a de la place, on me trouve un emplacement dans un bel espace en bordure de mer, avec vue splendide sur la mer. Très bien. Je suis avec deux jeunes randonneurs, on échange quelques mots, ils vont à Carantec à pied et en bus, belle balade! Ils me proposent d’aller se baigner, il y a une plage juste en dessous.
Je suis venu ici il y a très longtemps avec Nathalie. Nous revenions de Saint Anne la Palud ou Santec, je ne sais plus. On s’était arrêtés et on s’était baigné sur une plage où il y avait une large dalle de granit sous l’eau. La couche d’eau ne dépassait pas un mètre, c’était un peu bizarre de se baigner là. L’eau était entre froide et chaude, et on avait passé là un super moment.
Donc aller me baigner ici, bien sûr! Descente à la plage qui est minuscule, mi sable mi rocher, une femme qui est en train de partir en paddle me conseille de mettre des chaussures. Je garde mes chaussures donc, mes Nike free 4.0, qui ne sont pas du tout faites pour aller dans l’eau, et je rentre dans l’eau. Et bien elle est ultra bonne. Un moment je pense que ce sont les chaussures qui font écran thermique, mais non! Je rentre certes précautionneusement bien sûr, mais quand même assez vite. La régalade! Ma première baignade en mer depuis très longtemps, c’est trop bon. Je fais des aller retour dans la petite Grèce de Fontenay, nous sommes 5 à se baigner là. Je remonte sur la plage et me sèche au soleil. Ça fait des années que je n’ai pas fait ça. Et c’est bon.
L’hôtel Ker Moor, d’architecture typiquement bretonneUne des plages de Saint-QuayLa grève en bas du camping.
Retour au camping, je vaque à mes tâches d’installation. Je reviens vers ma tente et trouve une randonneuse assise à côté de ma tente, avec son sac à terre. Elle a l’air épuisée. On voit qu’elle a trouvé le camping, est arrivée à l’emplacement, et s’est écroulée par terre. Je blague en lui disant qu’elle n’a pas l’air très courageuse, il faut qu’elle s’agite un peu avant la tombée de la nuit. Elle rigole, ça la réveille un peu, elle se relève. On échange un peu nos expériences, on compare notre matos, elle a une superbe tente blanche très légère. Elle fait un peu le parcours inverse de moi, elle va à Saint-Brieuc. Elle me confirme que l’Ile-Grande vaut le détour.
Dîner, écriture, coucher. Comme quoi une journée de repos peut aussi être une super journée. Je sens que les baignades vont se faire plus fréquentes maintenant. Ce soir c’est la pleine lune.
Je me réveille en sursaut. Je suis trempé de sueur. Quelle heure est il? Je vois des lueurs de lampes au dehors. Je sors la tête de ma tente. Il y a quelques personnes dehors avec des lampes torches, je crois. Une personne s’avance vers moi. Je le reconnais c’est le type du camping, celui qui m’a prêté son produit vaisselle hier.
– Ça va monsieur Guillaumin?» Pas de doute c’est pour moi qu’il est là. – Oui ça va. Que se passe t il? – On a eu peur monsieur Guillaumin. – Ah bon? Mais que ce passe-t-il? – Ah vous avez l’air d’aller bien, ça va. Les autres personnes se rapprochent aussi. Je les entends chuchoter. Il y a des randonneurs qui se sont installés sur l’emplacement, je les reconnais. Mais il y a d’autres personnes que je ne reconnais pas. – Vous avez fait un cauchemar, monsieur Guillaumin? – Un cauchemar? Heu, je ne sais pas, Je viens de me réveiller, ce sont vos torches probablement qui m’ont réveillé. – Ça fait un quart d’heure que vous hurlez, monsieur Guillaumin. On a eu peur, vous savez? Alors on est venu voir. – Ah bon!?
Je n’en reviens pas. Tous ces gens sont là parce que j’hurlais.
– Mais qu’est ce que j’hurlais donc? Vous avez entendu? – Ce n’était pas très clair Monsieur Guillaumin. C’est pour ça qu’on est venu, on ne savait pas ce qu’il se passait. – Et qu’est ce que vous avez entendu en arrivant? – Oui oui, monsieur Guillaumin. Vous criez « je n’ai plus de patte de dérailleur! Je n’ai plus de patte de dérailleur!«
Mais non je blague!!! J’ai très bien dormi. Juste mon matelas n’étais pas assez gonflé donc j’ai eu un peu mal au côtes sur le matin. Le fait est que je n’ai plus de patte de dérailleur de rechange.
L’espace randonneur au camping de Saint-Jacut.
Bon alors après cette journée particulière, c’est reparti ce matin. Un petit œil avant de partir à la plage à côté du camping, la plage de la Manchette, et j’entends derrière moi « alors cette patte de dérailleur, c’est réparé? » je me retourne et je vois une cycliste qui s’était arrêté à côté de moi quand j’étais en train de réparer. Je l’avais remarqué parce qu’elle avait une cagoule intégrale qui la protégeait du soleil. Elle m’avait dit qu’elle avait une patte de dérailleur de rechange, mais qu’elle ne savait pas quoi en faire si jamais elle cassait la sienne.
– Au moins vous pourrez aller la faire remplacer dans un atelier
Je n’avais pas pensé à lui montrer comment faire pour la remplacer, tellement pris dans mes affaires.
– Oui oui, c’est réparé. J’ai touché tous le bois que j’ai trouvé pour que ça n’arrive plus, lui dis je.
Elle va à Brest! Donc on se dit qu’on se retrouvera peut être en chemin.
Départ. Je vais quand même voir la pointe du chevet, je suis venu pour ça. Je repasse devant le Café du Haut, où j’ai dîné hier soir, la patronne sort à ce moment et me souhaite une « bonne balade », avec un signe de main. Il y a des attentions comme ça, ça redonne le moral.
Direction maintenant le cap Fréhel. l’itinéraire passe par Saint Cast le Guildo, j’achète un peu à manger dans une boulangerie, mon premier kouign amann du voyage. Pas mal pour un premier, mais pas au niveau de ceux de la baie de Douarnenez. Je traverse la rivière le Guildo, qui est quasiment à sec à cette heure. J’adore ces rivières bretonnes qui sont envahies d’eau seulement par les courants de marée, sinon ce seraient de ridicules rivières.
Très beau petit chemin ensuite à droite après le pont, en sous bois. Ça grimpe mais pas trop, je suis maintenant dans les côtes d’armor, depuis hier, quand j’ai passé le Frémur, après Saint Briac. Auparavant j’étais en Île et Vilaine. Je me souviens très bien dans ma carte des départements Yoplait, l’île et Vilaine avait une forme de grosse boule, et au nord une fine bande de terre qui rejoignais la mer. Je me disais que les gens avaient de la chance de pouvoir aller à la mer par cette fine bande de terre.
Scenes matinales
Je suis en approche d’un haut lieux de vacances. Erquy, les Sables d’Or les Pins, Pléneuf-Val-André, le cap Fréhel. Nous y sommes allés plusieurs années aux vacances de Toussaint, avec Tristan et Juliette, et la famille Witwicky. On y rejoignais parfois Titoune et ses enfants, une amie de Silvia. C’est marrant, je ne reconnais pas du tout Erquy, un petit peu Pléneuf-Val-André. Mais très bien les Sables d’Or les Pins. Et l’Anse du Croc. C’est marrant la mémoire. Elle fait sa petite cuisine, entre les ingrédients qu’elle garde, ceux qu’elle enlève, ceux qu’elle ajoute et qui ne sont pas dans la recette. Et évidemment il n’y a pas deux recettes identiques, chacun la sienne. Je me souviens qu’on avait joué sur la plage, à construire des châteaux de sable. Mais attention des châteaux pour s’y abriter, pas pour faire joli. Je crois qu’ils s’étaient transformés en voiture, et les enfants en étaient les pilotes. J’avais emmené mes cerfs volants, ça avait fait un tabac. Juliette avait un ciré jaune, Clara aussi je crois. C’était assez désert en cette saison, les Sables d’Or avait un goût de station balnéaire désaffectée. Il y a un Kasino aux Sables d’Or, c’est étrange un casino à cette endroit. C’était un endroit assez sauvage dans mon souvenir, en tous cas en cette saison.
Et bien en été, c’est très différent. Les Sables d’Or est une station assez fréquentée, bar, glacier, Kasino ouvert. En revanche, le bord de mer se prolonge à l’ouest par une bande sableuse qui ferme presque la baie, mais pas tout à fait, donc ça laisse un passage pour l’eau à marrée haute, et forme donc une espèce de presqu’ile.
Vue du cap Fréhel. Au loin, côté de granit rose. Les Sables d’Or les pinsLes Sables d’Or les pins
La vue est magnifique, surtout que le temps est splendide et la plage mérite alors son nom de Sables d’Or.
Plage des Sables d’Or. S’il y a une chose que je ne regrette pas d’avoir emmené, c’est ma chaise pliante. Je m’en sers quasiment tous les jours.
Je continue ma route, mais je commence à être sacrément fatigué. Je m’arrête à Pleneuf pour prendre un verre. Je me laisse inonder par la marée de touristes qui vacancent en centre ville. Mon ostéopathe, monsieur Margulies, que je salue, me recommande de ne pas boire de bière, surtout en fin de sortie vélo, alors que c’est un des plaisir des cyclistes que de se boire une bière bien fraîche à la fin d’une sortie éreintante. Et bien je ne me rappelle plus pourquoi, mais c’est déconseillé. Voilà. C’est comme ça. Donc, pour ne pas braver l’interdit, je m’arrête en cours de sortie, et comme ça je peux l’évacuer sur la fin de ma sortie. Malin, non?
Je repars de Pléneuf, et décide de sortir de mon itinéraire, de foncer tout droit, et de mettre un maximum de distance entre la malchance et moi-même. Direction le fond de la baie de Saint Brieuc, et un camping nommé Camping Village Nature d’O. Il y en a deux mais l’autre semble beaucoup plus petit, mais bien placé… J’écrase les pédales sur la départementale D786, très fréquentée par les voitures en cette fin de journée. Sortie pour Morieux, puis Hillion, puis quelques kilomètres pour rejoindre le camping. J’arrive à 18:45, en général l’accueil des camping ferme à 19h. Ce n’est pas le camping village que je m’imaginais. En fait un camping un peu roots, au bord d’une plage très jolie au fond de la baie de Saint Brieuc.
Le dîner? La Cabane de Mytilus, au fond d’une zone d’activité mytilicole. Très simple très sympa, plat unique moule frite. Faut connaître l’adresse pour venir dans ce coin perdu. Mais vue sur la baie magnifique. Je vais découvrir ça demain.
Eh oui, ça arrive, il a plu cette nuit. Une petite dépression est passée, avec sa petite traînée qui a arrosé l’ouest de la France, en même temps à Brest et Cancale. Mais vraiment la dépression qui veut se la péter, un bon vent force 4-5, du genre vous allez voir ce que vous allez voir. Et qu’a-t-on vu? Un petit crachin de rien, qui n’a même pas fait peur aux parisiens voisins d’emplacement de camping. Ça ne m’a même pas empêché de dormir. La tente a un peu tangué, mais vraiment pas de quoi faxer à sa mère (ça faisait longtemps!). Je dis au revoir à mes voisins, ils vont aujourd’hui à Dinard, puis rentrent ensuite en deux jours à Rennes. Ils viennent de faire un morceau de la Veloscenie, c’est leur premier voyage. Une des filles me demande pour la deuxième fois par où je passe pour aller à Saint Malo, je sens une petite angoisse. « Vous n’allez pas prendre par la côte quand même? Vous allez prendre la départementale? » Je sens l’inquiétude dans sa voix. Et je lui répète que je ne sais pas, je suis mon itinéraire. Et c’est vrai!
« Il paraît que la Bretagne c’est … ». Elle fait un signe avec sa main, comme un vague.
– Oui ça monte et ça descend sans arrêt, pas longtemps, mais ça n’arrête pas.
– oui c’est assez physique, il paraît,
– oui mais en même temps, c’est aussi pour ça qu’on fait ça! ».
J’adore! Je ne suis pas sûr de l’avoir rassurée.
Départ pour la pointe du Grouin, à deux roues du camping, évidemment. Ça souffle encore, mais il fait beau. Il y a quelques promeneurs, ils semblent un peu perdus, à regarder à droite, à gauche, comme si une voiture allait passer devant eux. On a l’air un peu con quand on est touriste en fait.
Le cap frehel au fond, déjà. La pointe du Grouin
Fini la baie paisible du mont Saint Michel. C’est maintenant une côte rocheuse, j’attaque la route qui longe la mer, à flanc, devant moi une côte rocheuse découpée et parsemée de pointes multiples, la mer bleue un peu émeraude sur la droite, le ciel bleu délavé. Je me prend une grosse baffe, tellement c’est beau. Dès le matin, dès les premiers mètres. J’adore vraiment la Bretagne. C’est après la pluie que c’est le plus beau. La lumière.
J’ai une chose à vous avouer, le voyage à vélo, c’est un peu les montagnes russes des émotions. Un moment, on en bave dans une côte, on se demande ce qu’on fait là, et l’instant d’après on s’extasie devant un paysage splendide. Et puis on se fait une frayeur dans une descente. Et puis on fait une brève rencontre, et puis on se demande où on va dormir le soir, et comme ça sans arrêt. Je ne veux pas vous le vendre, mais Space Montain, à côté, ça ne peut pas lutter.
J’alterne entre la côte et les villages, j’ai un peu toujours le doute, la peur de rater quelque chose alors que je suis passé à côté. Étrange, non? Et d’ailleurs ça arrive, aux Pays-Bas, je suis passé complètement à côté d’une zone humide qui a l’air incroyable. Mais bon, il faut faire des choix. C’est de toutes façons très beau. Je fais un écart par Minihic, et je rentre dans Saint Malo. Déjà! Vu incroyable sur la plage du Sillon.
Je vais trop vite. Je rentre dans la ville par l’est que je ne connais pas. C’est très beau, il y a de belles demeures bourgeoises dans le quartier des thermes maritimes, puis il y a un minuscule quartier de maisons plus modestes, au style très anglais. Et puis c’est l’entrée dans la ville, la plage du Sillon, les remparts, la vieille ville. Je suis venu en 2020, et j’avais fait une ballade sur la plage avec Evelyne. Il faisait un temps épouvantable, comme souvent. Mais comme disait un ami breton, la Bretagne c’est toujours beau, même quand il pleut. Aujourd’hui ce n’est pas le cas, il fait très beau. Un tour rapide de la ville, très fréquentée bien sûr, et je prend le bateau pour la traversée de la Rance. Ma sœur m’avait conseillé de prendre le bac, donc je m’exécute. Et puis j’adore les bacs. La traversée est très rapide, je fais le touriste bien sûr. Je ne suis pas le seul, les appareils photos sont de sortie. Un type a un appareil compact LUMIX qui doit dater des premiers appareils photo. Saint Malo s’efface lentement et fait place à Dinard.
Je descend du bateau, enfourche ma bicyclette, et démarre dans un silence impressionnant. Je me dit qu’elle est très bien réglée. Le couple a l’appareil photo me regarde passer, avec un mélange d’air impressionné et envieux. Souriants. Je leur souhaite de bonne vacances, j’entends crier « vous aussi » derrière moi.
L’ambiance de Dinard est très différente de Saint Malo. Je ne saurais qu’en dire, mais je n’aime pas tellement, en fait. Et puis trop de monde pour moi. Je pars pour une partie de la côte que je connais pas, Saint Lunaire et Saint Briac, jusqu’au cap Fréhel. Je mange une crêpe à Saint Lunaire et fait une vraie pause à Saint Briac, sur la place de la poste. Entre les deux, je traverse des micro villages, fleuris, charmants. Très beau parcours dans les ruelles.
Je me perds pas mal dans Saint Lunaire. D’ailleurs je me perd pas mal aujourd’hui. C’est un jour ballade découverte. Au hasard. Je ne saurais pas dire par où je passe entre Dinard et Saint Briac, je vagabonde. Je m’extasie devant un de ces moulins multicolore pour enfants, que je voyais dans mon enfance, et que bien sûr on n’a jamais acheté. Vous savez, dans une de ces boutiques colorées, avec tout un tas de jouets de plage, cerf-volants, ballons, bateaux gonflables. Avec des articles qui débordent jusque sur le trottoir, et qui aimantent le regard des enfants.
Saint Briac est très sympa, joli village, ambiance vacances familiales. Il y a beaucoup d’étrangers, je suis surpris. À force de dire la Bretagne par ci, la Bretagne par là, faut pas s’étonner, ça commence à se savoir.
Saint Briac
Il y a a priori beaucoup de plages dans le coin, j’hésite à aller à celle de saint Briac, la plage de l’islet ou celle de Saint-Sieuc, mais vu l’heure légèrement tardive je décide de traverser la baie et d’aller à Saint-Jacut-de-la-mer. J’ai repéré un camping qui sera parfait pour explorer la pointe du Chevet.
Pour une fois j’arrive au camping assez tôt, il est complet bien sûr, mais j’obtiens une place dans le coin des randonneurs, qui se sont déjà installés en nombre. Je monte ma tente, et je me dis que je vais aller voir la pointe, sans les sacoches. Les voyageurs à vélo apprécient d’aller faire du vélo sans sacoche, c’est tout d’un coup tellement léger et facile. Je resort du camping, prend le chemin de la pissotte. Un terre plein latéral herbeux offre un point de vue sur la baie magnifique. Je vais pour m’y poser et prendre une photo, j’avise une ornière assez profonde, j’accélère pour la passer en force, mais pas assez, la roue avant se plante dans l’ornière, je fais un petit soleil, et fait un roulé boule dans l’herbe. J’ai eu du bol, je suis passé à côté d’une grosse pierre qui empêche les voitures de se garer à cet endroit. Vous voyez le genre de pierre? Des gens viennent vers moi, prennent de mes nouvelles. Je me redresse, je n’ai rien, je les rassure et les remercie. Je regarde, non, je n’ai rien, vraiment de la chance. Ah François tu as voulu te la peter sans sacoches? Et ben voilà. Je remonte sur le vélo qui n’a a priori rien, j’ai eu peur pour la fourche, a priori pas de bobo pour le vélo non plus. Ouf!
Je remonte sur le vélo et reprend mon chemin, je démarre lentement pour voir si tout va bien. Ça a l’air d’aller. Je fais 20m et tout d’un coup j’entends « klong klong » à l’arrière. Je devine déjà. Je m’arrête, descends du vélo, regarde et voit le dérailleur arrière pendre lamentablement. Est ce le dérailleur qui est cassé ou la patte de dérailleur?
Pour les novices en voyage à vélo, et en vélo tout court, sachez que les vélos des années 2020 ont tous une patte de dérailleur qui est spécifique à la marque de vélo, voire au modèle de vélo. C’est mon cas. La patte de dérailleur est une pièce qui relie le dérailleur arrière au cadre. Elle est faite pour casser, pour épargner le dérailleur, et ke cadre, en cas de choc, car un dérailleur coûte plus cher. J’ai appris ça à mes dépends lors de mon tout premier vrai voyage, dans les environs de Dunkerque. Et donc, comme cette pièce est spécifique au vélo, il est presque impossible de trouver une patte de dérailleur de remplacement en cas de casse. Même sur les vélos décathlon, c’est comme ça, un vendeur me l’a confirmé. Donc il faut ABSOLUMENT commander une patte de dérailleur de rechange, au cas où elle arriverait à casser. Ne me demandez pas pourquoi c’est comme ça, c’est incompréhensible.
Je regarde le dérailleur. Il fait peine à voir. Tout à l’air bien tordu. Est ce que la chaîne ou la platine à galets est tordue? Je m’étonne d’avoir pu rouler après la chute, même 20m. Peut être ai-je cassé quelque chose en roulant? Je regarde de plus près, et je vois que c’est la patte de dérailleur qui a cassé. Bon, évidemment, j’en ai une de rechange. Mais est ce qu’il n’y a pas autre chose? Je rentre à pied au camping qui est à 100m maximum. Je m’installe pour réparer devant l’accueil. Je démonte la roue, j’enlève la chaîne, elle n’a pas l’air tordue. Le patron du camping vient vers moi et me dit qu’il y a un petit atelier de mécanique vélo si j’ai besoin. Adorable. Je lui demande un peu de produit vaisselle car je m’aperçois que la chaîne est dégueulasse. J’enlève la pâte de dérailleur cassée, monte la neuve, remonte le dérailleur. Tout à l’air bien aligné. Je remonte la roue, elle tourne parfaitement. Bon, a priori, il n’y a que ça, cette patte de dérailleur. Elle vous épargne une casse du cadre, mais peut vous saborder un voyage. Parce que franchement c’est stupide, il est tout à fait possible de trouver un dérailleur n’importe où. Mais pas une patte de dérailleur spécifique, c’est impossible. Depuis un an ou deux, sont apparues des pattes de dérailleur UDH, Universal Derailleur Hanger. A priori donc, elle vont sur tous les vélos, conçus pour elles. Mon prochain vélo aura une de celle là, c’est sûr!
À quoi ça ressemble une patte de dérailleur? Voilà, cassée! Irréparable, introuvable si vous n’avez pas de pièce de rechange.Saint-Jacut. J’ai quand même pris la photo après ma chute !
Il me faudra un certain temps pour remonter la chaîne après l’avoir dégraissée, j’essaye le vélo, et tout semble OK. Je pars dans Saint Jacut car il est maintenant 19h avec toutes ces conneries, et il faut que je trouve à dîner. Ce soir ce sera crêperie ! Avec crêpe à l’andouille , ma préférée. Et une bouteille de cidre. Les montagnes russes des émotions!
Départ jour 1 de la Bretagne à vélo. Les amis, les amis, les amis! Quelle journée. D’abord j’ai très bien dormi et ça c’est cool. Je recommande le camping de la Sélune. La Sélune est un fleuve qui passe à Pontaubault. Oui techniquement c’est un fleuve, il se jette dans la mer. La Sélune est célèbre pour avoir été franchit par le général Patton. Néanmoins, ce ne sera pas l’événement de la journée, mais plutôt le passage au Mont Saint Michel. Départ sur une petite route, qui tournicote le long de l’estuaire. En deux minutes, c’est le bonheur. J’adore ce genre de route. J’ai devant moi plus d’un millier de kilomètres, mais le premier est déjà super enivrant. Le vélo est super vif, il réagit au moindre coup de pédale, il vire très bien malgré le poids à l’avant. En fait, je me dit qu’il ne faut pas grand chose pour me rendre heureux. Très vite la route se transforme en voie verte, qui va aller jusqu’au Mont. C’est la fin de la Veloscenie. Il y a pas mal de panneaux « le Mont Saint Michel », au cas où certains, un peu perdus, seraient venus là par hasard, passer des vacances tranquilles dans l’anonymat. C’est raté. La première chose qui me choque c’est la présence d’un nombre incroyable de cyclistes. Je crois n’avoir jamais vu une telle concentration. Et l’immense majorité sont des randonneurs. Des couples, des familles, parfois avec de jeunes enfants. Et pas tant que ça de vélo électriques. La France serait elle devenue une patrie de cyclistes? L’effet Pauline Ferrand-Prévot? Non, pas déjà ! À voir dans la durée si ça se confirme.
Le Mont se rapproche de plus en plus. C’est vraiment cool de se rapprocher lentement du Mont, à vélo, on a le temps de le voir, l’observer, voir les patis semés d’animaux (vous avez la réf?), les bottes de foin qui sèchent sous le soleil, les chenaux qui divaguent dans la lande. Il fait beau, et les couleurs sablées du mont et de la baie se confirment.
Je m’arrête à environ 1,5km pour faire un vol de drone. C’est long un kilomètre. Je m’arrête à 200m environ. Fait un tour. Mais je suis trop loin, je ne veux pas trop me rapprocher, non plus. La perspective est de toutes façons incroyable. Je rentre le drone et j’arrive à Beauvoir, le village sorte de camp de base pour le Mont. Je raconte ça comme ça, mais un vol de drone est un moment assez excitant. Un peu peur de perdre le drone, de manque de batterie, de ne pas faire les bons mouvements, de ne pas avoir la bonne lumière. Mélangée au plaisir d’une expérience unique, de voler, impossible à vivre autrement.
Direction le mont! À vélo, on a cette chance de pouvoir aller jusqu’au mont avec le vélo. On prend la même route que la navette, le pont qui passe au dessus de la presqu’île. Avec un long virage vers la gauche. Épique. Les trottoirs sont encombrés en cette période estivale. Étant quasiment le seul cycliste à passer à ce moment là, ça a un petit air d’arrivée d’étape du Tour de France à l’Alpe d’Huez. Arrivée au mont, c’est toujours impressionnant cette construction en pierre. La mer est basse, dommage, j’adore le moment où la mer remonte vers la terre. Les couleurs de la baie changent complètement, le sable est lentement remplacé par le bleu et le vert. Mais il est bien trop tôt pour cela. Je repars donc, il est midi, et le bar restaurant de la digue me tend les bras. J’achète deux babioles dont une part de flan (j’adore le flan!), de quoi boire car j’ai très soif, et monte sur la digue. Vue sur le mont. Les touristes n’ont pas encore déjeuner donc c’est assez calme malgré une baraque à frite avec de la musique 🙄. J’admire quand même la vue en mangeant. J’adore le Mont Saint Michel.
Je traverse le Couesnon, frontière naturelle entre la Normandie et la Bretagne. Mon voyage démarre ici. C’est parti! Mon itinéraire prend normalement un chemin qui longe la baie, mais il y a une barrière métallique qui empêche le passage. c’est un GR mais je n’ai pas envie de braver l’interdit. Je suis trop respectueux des règles pour la franchir. Je décide de faire un deuxième vol de drone d’ici. Un type qui passe à pied manque de marcher sur le drone que je suis en train de préparer. Il fait un tour puis revient vers moi. Il vient voir sur l’écran, regarde l’image, il n’est pas français, mais il dit « Bon…! ». Il reste les yeux fixés sur l’écran. Je lui tend la télécommande pour lui montrer, car je sens que ça lui plaît terriblement. « Bon! ». Je reprend la télécommande pour continuer le vol, mais je la garde entre nous deux, afin qu’il puisse voir le vol. Je bouge une manette légèrement, et le drone se déplace latéralement, doucement, de droite à gauche. Le mont défile sur l’écran. « Bon…! ». Il y a des moments que j’aimerais avoir pu enregistrer, la voix de cet homme, qui découvre un truc incroyable. Impossible à décrire. Mais je suis heureux de lui avoir fait ce plaisir.
Je prend la route vers Pontorson, ce n’est pas direct mais il n’y a pas tant d’autres choix. C’est en fait une zone de polders, entre le mont, Pontorson, et vers l’ouest presque vers Saint-Benoit-des-Ondes. C’est très plat et je traverse la zone quasiment déserte, a traversé les plantations maraîchères. Il fait très chaud. Je n’ai pas pris de casquette, ai je eu tort?
Et puis je rejoins une vélo route, c’est la vélo maritime, EuroVelo4, qui vient de Kiev et va à Morlaix. Donc je vais la suivre. Elle ressemble à la Veloscenie, le même genre de gravier très fin. Ombragée, c’est parfait avec cette chaleur. Je suis officiellement en Bretagne! Je rejoins le bord de la baie, il fait vraiment très chaud, et je décide de m’arrêter à Cherrueix. Un café avec terrasse sera parfait pour me reposer. Ce sera ma première crêpe beurre sucre. J’adore aussi m’arrêter dans les villages, prendre un petit café. Écouter, observer. Le jeune serveur très sympa me conseille d’aller à Saint-Suliac, qui est au bord de la rance. C’est en dehors de mon itinéraire mais bon, à voir.
L’itinéraire longe la baie, que je découvre. C’est très sauvage, je n’aurais pas cru. Une longue plage déserte, bordée de lande, c’est le festival des couleurs. Bleu, vert, jaune, brun, ciel bleu avec nuages. Un millefeuille de couleurs.
Je vais au camping de la pointe du Grouin. J’ai appelé, c’est complet, mais je vais tenter ma chance. Je traverse Cancale, par le haut. J’étais venu il y a quelques années en télétravail, à la sortie du premier confinement. C’était génial. Nous avions loué avec des amis un appartement dans une maison, en étage. Avec un balcon en fer forgé, orné d’hippocampes. Quand les propriétaires ont appris que j’étais en télétravail, ils m’ont proposé de me prêter gratuitement un studio au rez de chaussée, le wifi serait meilleur. Le studio donnait sur la baie de Cancale, face à la mer. Une très belle semaine de travail, où je sortait faire des pauses sur le quai, et fumer des cigarettes. À la fin nous sommes allés visiter le Mont Saint Michel, il n’y avait personne. Nous devions être dix en tout à visiter la basilique. Un très bon souvenir !
Cancale
J’arrive au camping, j’attends un peu, et le gérant, très sympa, me trouve une place dans un coin au bout du camping. Une place de dépannage, me dit il. Nous sommes quelques tentes sur une fine langue de terre, sur une falaise avec vue imprenable sur les îles de Cancale. Je veux bien prendre un emplacement de dépannage comme ça tous les jours!
Je ne pars pas de Bretagne, je dis ça pour les normands susceptibles, mais je pars de la frontière avec la Bretagne. J’adore le Mont Saint Michel et je dis ça parce que c’est vrai. J’y suis allé la dernier fois en vélo, en suivant la Veloscenie, une vélo route à travers l’île de France, la Beauce, le perche, et la Normandie. Deux fois déjà depuis le confinement. J’aime la baie, en particulier, les couleurs sont incroyables, les bleus, les verts, les gris. Je n’y ai jamais vu un franc beau temps, toujours un mélange de soleil et de nuage, parfois de pluie et c’est ça qui donne de si belles lumières.
Je vais prendre le train à la Gare Montparnasse, et c’est déjà un petit voyage de traverser Paris à vélo, équipé pour le voyage. En ce mois d’août, Paris s’est vidé, et il y a une ambiance de vacances estivales, accentuée par quelques touristes de nationalité inconnue. Il fait assez beau, et les bords de Seine ont mis tous leurs ponts dehors et ils prennent un bain de soleil. Le Louvre a fière allure.
Le train n’est pas annoncé, il faut donc attendre un peu, j’en profite pour aller m’acheter un en-cas. Il y a toujours une petite angoisse au départ d’un voyage, même si c’est en terrain connu. J’ai fini mes baguages ce matin, levé à 8:30, j’ai fait et défait chacun de mes sacs trois fois, et je suis assez content d’avoir laissé deux maillots, un zoom d’appareil photo et tout un tas de babioles dont je ne me serai pas servi. Je me suis quand même confectionné un nouveau porte bagage en alu, pour pouvoir fixer des choses sur le guidon. J’avais hier utilisé une barre de 6mm de diamètre, mais ça me paraissait un peu trop fragile pour mon paquetage , je m’en suis refait un autre ce matin avec une barre de 8mm. J’ai même eu le temps de changer mes rubans de cintre, et je suis très fiers de la pose.
Paquetage classique, avec variante été Ne dirait on pas que les rubans ont été posés par un professionnel?En train pour Granville
Je suis adepte maintenant, depuis plusieurs années, de la double guidoline. J’ai gardé la guidoline d’origine, et j’en ai posé une seconde par dessus, de 3 millimètres d’épaisseur. Si j’ajoute à ça des mitaines ou gants rembourrés, c’est d’un niveau de confort bien supérieur. Et pour les grosses mimines, la préhension est améliorée. Éprouvées la première fois sur les routes Mallorcaines. Reste à trouver l’emplacement correct pour la sonnette, car pour l’instant elle a un gros défaut, elle ne sonne pas. Gênant.
Le train décolle (enfin, démarre), en route pour Granville. Là, je dois changer pour rallier Avranches, où j’ai réservé un emplacement de camping pour la nuit. Avant le grand départ demain.
Ai je tout pris? N’est ce pas trop? Le dilemme sans fin, heureusement le volume des sacoches est limité, et ne permet d’emmener que l’essentiel. Mais il y a toujours une petite angoisse.
Une jeune fille dans le train de l’autre côté du couloir a les paupières peintes avec un fard doré et pailleté, c’est incroyable, j’ai du mal à quitter ses yeux du regard. Elle semble très fatiguée, et a passé tout le trajet à dormir. Me laissant admirer ses paupières dorées. Elle s’apprête à descendre et je me dis que ce serait dommage de ne pas lui demander de prendre une photo, mon premier souvenir de vacances. Elle ne parle pas français, elle croit que je parle de ses cheveux, elle me montre une des petites nattes qui tombent du haut du crâne. Je lui dit « No no, your eyelids, they are so nice », Elle a un petit rire, dit non, j’insiste, elle hoche la tête finalement et accepte. « Don’t worry, it is just a picture. Close your eyes, please». Une seule prise, les parents attendent, le train s’arrête et tout le monde descend.
Je descend à Granville et le train pour Pontorson est à quai en face. Pratique. Je suis à côté d’un couple qui va faire un morceau de la Veloscenie à vélo, avec une chienne. Le train a deux heures de retard, il s’est pris une biche me dit la contrôleuse. Elle a fait un message d’accueil comme si le train lui appartenait. Il interdit de téléphoner, veuillez vous déplacer dans les plateformes, c’est non fumeur, si vous n’avez pas de billet vous êtes dans l’illégalité. Etc etc. Après un tel message, on n’a qu’à se tenir à carreau.
J’arrive à Avranches et rejoins mon camping que se trouve à une douzaine de kilomètres. À peine arrivé et je me fait une montée pour entrer dans le centre ville, 1,5km à 5,4%. Je n’ai pas un entraînement de fou pour ce voyage mais ça passe. C’est ensuite une longue descente pour arriver dans la zone de la baie. Au passage d’une trouée d’arbres, le mont apparaît sur la droite. Le temps s’est dégradé au cours du voyage, il fait très gris mais il y a assez de lumière pour bien le montrer. Il a des couleurs plutôt sableuses aujourd’hui.
Je rejoins mon camping, j’arrive parfaitement dans la fourchette de temps indiquée. Les patrons du campings sont anglais et installés ici depuis quarante ans. je me dépêche d’aller à la boulangerie qui ferme dans 15 minutes et qui est le dernier commerce ouvert aujourd’hui dans le village. La serveuse est Biélorusse ! C’est le grand remplacement par ici!
Retour au camping pour dîner, à côté d’une famille hollandaise, qui a rangé son emplacement comme il se doit. Les sacoches de vélo sont parfaitement alignées près des tentes, il n’y a rien qui traîne.
Le ciel s’est éclaircit, il devrait faire beau demain.
Je me suis un peu traîné pour arriver à ces vacances, depuis un mois je me sens très fatigué, déjà c’était le cas quand je suis parti dans les Flandres. Là, pareil, je me suis pris un jour de repos car je me sentais trop fatigué. Pas la force de préparer mes affaires. Et comme j’ai trois semaines, je ne suis pas à un jour près. Ni même deux. En fait je pars demain dimanche, dans l’après midi, au lieu de ce matin. Probablement l’intensité de mon travail est devenue plus importante, je vieilli aussi, donc je supporte moins bien tout ça. J’ai annulé mon billet et en ai pris un autre. Et pour fêter cette décision pleine de sagesse, et dont je suis très fier, je me fais un déjeuner italien. En souvenir de mon voyage dans les Pouilles en début d’année. Il y a même des Taralli!
Déjeuner avant les vacances. Souvenir de Puglia. Décidément, ce voyage m’a pas mal marqué. C’est tellement bon de ressentir l’intensité d’un voyage, des mois plus tard. On ne s’y attend pas, il n’y a rien qui laisse deviner qu’un voyage va être mémorable. Ça vient comme ça. C’est fort.
Fort heureusement je peux encore voyager à vélo, et notre Europe propose un terrain de jeu infini à ces voyages. Et pour l’instant je ne me lasse pas. Voilà cinq ans que j’ai démarré les voyages à vélo. Mon premier, c’était quatre jours, un rodage, autour de l’île de France à 100km de distance de chez moi. Une vieille règle de l’époque de sortie du confinement. Autour du 14 juillet 2020. Depuis lors, toutes mes vacances ont été à vélo. Oui, quasiment toutes. Été, hiver, à toutes les saisons. Comme je fuis le tourisme, je vais au sud en hiver, et plutôt au nord en été. Et plutôt pas au bord de la mer. J’ai commencé bien sûr par la France que j’ai pas mal sillonnée, mais il me reste encore quelques régions à découvrir. Au passage, on se rend compte, encore plus à vélo, combien nous avons de la chance d’habiter en France, et de la diversité de paysages dont nous bénéficions. Et puis je suis parti en dehors de France, en Italie bien sûr, dès 2021, et depuis j’y retourne presque tous les ans. Ensuite l’Allemagne, le Danemark, la Suisse, l’Espagne. Et j’ai encore tellement de projets en tête. C’est réellement infini. Ça fait donc 5 ans que je voyage à vélo. Je n’en reviens pas. Jamais je n’aurais cru que je ferai du vélo comme ça.
Il faut dire que c’est tellement facile. Un vélo, quelques affaires rangées dans un sac ou deux, un itinéraire, même simple. Et c’est parti. Une chose que je veux partager ici, au passage, c’est qu’il n’y a pas de petit voyage à vélo. C’est tout de suite grand. Il suffit de partir deux jours, voire un seul. À la découverte. Autour de chez soi. À l’aventure. Seul ou à plusieurs. À la découverte de l’inconnu. Vous savez, cette chose qui nous manque tellement, et qui nous nourrit. L’inconnu.
Cette année, c’est le quatrième voyage que j’entreprends. Et c’est en France!
La Bretagne. C’est un projet que j’ai en tête depuis très longtemps. D’abord parce que c’est une région que j’adore, où je suis allé enfant en vacances, étudiant en stage, où j’ai même habité pendant quelques années, à Brest. La nature est splendide, la lumière incroyable, le temps très divers… Le bord de mer est aussi pas mal varié, très différent entre les différents départements. Rien de commun entre le granit rose du nord et les abords du Morbihan au sud. Et c’est une région où j’ai pas mal d’amis. Comme quoi je suis loin d’être le seul à aimer cette région. Des gens originaires de la région et d’autres qui s’y sont installés. Et ce voyage, plus que la région de Bretagne, que je connais très bien, est l’occasion de revoir ces amis. Que, pour certains, je n’ai pas vu depuis très très longtemps. Donc une sorte de pèlerinage. Un peu comme mon voyage en Auvergne en 2021. Repasser dans beaucoup d’endroits que je connais parfaitement, en découvrir de nouveaux j’espère. Visiter les amis. Me baigner? Manger du far breton et du kouign amann. Des huîtres de pleine mer avec du pain beurré. Éprouver le vent, la pluie, le soleil, le brouillard. M’enivrer de musique et de vitesse. Tous les jours. Dormir. Recommencer.
Alors accrochez vous au bastingage, je vous emmène au pays des cornemuses, des chapeaux ronds et des korrigans.
Ceci est mon dernier jour de ce voyage en pays Flandrien. Un voyage sans encombre a traversé trois pays France, Belgique, Pays-Bas. Un pays où je n’ai jamais été plus haut que 70m au dessus du niveau la mer. Et encore, bien souvent autour des 10m. Le plat pays.
Lever vers les 8h comme d’habitude, le temps est couvert. Ça ce n’était pas prévu. Il devait faire beau. Je replie tout mon barda, et m’en vais prendre mon café à la réception comme prévu la veille. Il y a un groupe de gens en effet assis à la réception, et je pense qu’il y a le mari de Nathalie, Kees, et leur fils. Aussi deux autres personnes. Et ça parle néerlandais bien sûr. On me propose de m’assoir pendant que nathalie va me chercher mon café. Tout d’un coup, je comprends qu’ils parlent de moi. À des mouvements de main, j’entends le nom « Amsterdam », ils tournent le regard vers moi. L’un d’eux me demande, en anglais, d’où je viens, je réponds que je viens de Lille, et s’ensuit un dialogue à deux langues, l’homme traduisant en néerlandais à ses amis. Je devine quelque chose comme :
- oh il vient de Lille en France, et il va à Amsterdam, avec un air un peu jovial qui les fait visiblement sourire - et quand êtes vous parti? - je suis parti vendredi, j’ai dormi à Gand, puis à côté d’Essen, et maintenant ici - oh et bien il a campé, il est parti depuis trois jour de France, de Lille. - et vous retourner en France à vélo? - non non, je prends le train pour rentrer à Paris
Et les autres de s’esclaffer, je ne sais pas bien comment le prendre, mais toujours est il que ça fait l’animation de ce début de matinée. Je pense que d’ici peu, tous les gens du coin sauront qu’il y a un petit Français à vélo, qui a fait Lille-Amsterdam en quatre jours, et qui a dormi chez Nathalie et Kees.
Je m’apprête à partir, quand il se met à pleuvoir. En effet il y a de petites tâches de pluie qui se déplacent sur mon radar de pluie RainToday. Très pratique cette appli. Apparemment dans 10 minutes ça s’arrête. Je m’abrite donc, la pluie est quand même assez forte donc je sors la veste de pluie. Toujours emmener une veste de pluie en voyage à vélo, toujours.
Effectivement la pluie s’arrête bientôt, je dis au revoir, et je quitte le camping de Victorie. Je refais un itinéraire jusqu’à Utrecht, en m’assurant qu’il emprunte de petites routes. J’ai très vite les jambes trempées’par les projections d’eau, mais ça ne dure pas.
Je roule maintenant sur une petite route, des champs en contrebas. Avez vous déjà pris ce genre de route, qui sont en France d’anciennes voies de chemin de fer, qui surplombent l’environnement? Ça offre une vision qu’on n’a pas autrement, en voiture ou à pied. Une perspective. Difficile à décrire par écrit. Disons qu’on domine la situation!
Je me dirige vers Utrecht, au nord, mais de très noirs nuages viennent de l’Ouest et dans les virages de la route, je me demande si je ne vais pas me retrouver sous une pluie battante. Mais non, finalement je vais atteindre Utrecht au sec. L’entrée dans la ville est assez rapide, et assez brutale, avec des immeubles en périphérie qui sont toujours déconcertants quand on vient de parcourir plusieurs de dizaines de kilomètres dans la nature. J’ai débranché le gps qui me ferait sortir immédiatement, et donc me dirige un peu au jugé. Utrecht n’est pas une grosse ville et j’attends le centre assez rapidement. Les panneaux Centrum m’aide bien.
Entrée dans Utrecht
Belle découverte, Utrecht. C’est encore une ville sur des canaux, une sorte de mini Amsterdam. Il y a un peu de monde, des cafés, des restaurants, des boutiques, c’est très sympa. Je me balade quand je vois une tour et je me doute que c’est la cathédrale. Le DOM. En fait ce n’est qu’une tour et la cathédrale saint Martin est de l’autre côté d’une place. J’attache mon vélo sur le bord de la cathédrale. C’est surprenant, pour une cathédrale, elle est assez petite, très haute bien sûr, mais la surface au sol est étonnamment petite. Les piliers principaux sont peints sur leur partie médiane.
La place de la cathédrale L’intérieur de la cathédrale. Les colonnes sont peintes à mi hauteur
En fait, la tour et la cathédrale faisait initialement partie du même bâtiment au 16eme siècle quand elle fut achevée. Elle était catholique initialement, inspirée des cathédrales gothiques françaises, et dédiée à Saint Martin de Tour. Elle devint une église protestante en 1580. Et sa tour est la plus haute des églises des Pays-Bas. 112m de haut. Deux fois plus haute que les tours de notre dame de Paris. Mais le plus étonnant, c’est que la nef s’écroulât en 1674, sous l’effet d’une tornade. On imagine la violence de la tornade. Et elle ne fut jamais reconstruite, laissant place à une place encore existante aujourd’hui. Je comprends mieux les dimensions assez petites de l’édifice actuel. J’apprendrai plus tard au Rijksmuseum d’Amsterdam que les colonnes étaient en fait couvertes d’enluminures faites à la feuille d’or.
Je quitte la cathédrale et me dit que je mangerai bien un morceau. Un rapide coup d’œil dans Google maps et je me dégote un bar à soupe qui est très bien noté. Soep-er Utrecht. L’endroit est tout proche et s’avère minuscule. Il n’y a pas de table disponible aussi je prends à emporter : une soupe aux champignons et à la truffe, un gâteau à la lavande, et une limonade au citron et lime. J’attends un peu dehors après avoir passé commande, et je vais m’installer sur un banc qui m’attends de l’autre côté du canal. Je prends une gorgée de limonade qui s’avère excellente. Puis j’attaque la soupe qui est juste sublime. Très bien dosée en truffe, ce qui n’est pas facile. Je me régale de cette pause inattendue, sur un bord de canal à Utrecht. Le gâteau est également génial. Décidément, chez Soep-er, c’est super!
Déjeuner au bord du canal chez Soep-er!
Je reprends la route, ensoleillée maintenant, l’air est chaud, et la pluie matinale s’est maintenant totalement éloignée. Je sors tranquillement d’Utrecht en longeant le canal, je prends mon temps, je profite de ce qui est probablement la plus belle surprise de ce court voyage dans les Flandres. Gand est très belle mais très touristique, Utrecht est une étape très agréable en pays batave. Et, aussi, à Utrecht, on voit de belles femmes aux cheveux blonds, aux pantalons larges en velours côtelé, en tee-shirt léger, au décolleté généreux.
La route vers Amsterdam est assez courte, et traverse de très beaux villages et de belles maisons ou même petits châteaux le long des canaux. C’est une très belle campagne, très tranquille, semée ça et là de moulins plus ou moins en service encore. Je ne parierais pas que je suis à plus de 10m au dessus du niveau de la mer sur cet partie de l’itinéraire.
Arrivée à Amsterdam en fin d’après midi, entrée relativement facile dans cette grosse ville, mais ici pas de stress, et je trouve mon hôtel facilement tout près du Rijksmuseum. Je vais passez la journée de demain tranquillement à revoir cette ville que j’ai découvert dans ma jeunesse, et dont certaines images sont encore très présentes dans ma tête. Aura-t-elle changé ?
Une journée à Amsterdam
C’est le but de mon voyage dans les Flandres, Belgique et Pays-Bas. j’ai failli un instant reprendre le train à mon arrivée, mais mon envie de repos et de profiter du temps m’ont poussé à rester une journée. C’est un jour de semaine, donc faible en population touristique, et je vais profiter de cette journée pour visiter le Rijksmuseum. Je ne l’avais pas visité la première fois que j’étais venu, je n’avais fait que le musée Van Gogh, qui m’avait impressionné et fait du peintre une de mes trois peintres préférés.
Je garde mon vélo dans le garage à vélo du centre ville, qu’on m’a conseillé à l’hôtel, et qui se trouve à deux pas du Rijksmuseum.
Deux étages, vélos biens rangés. Un gros numéro au sol pour retrouver le vélo parmi les allées. Le garage pour vélo près du Rijksmuseum. Sous-terrain, gardé, gratuit pour les touristes. J’adore.
Visite du musée, tranquillement. Un beau musée, quand même très orienté vers la peinture flamande. Du Rembrandt, du Vermeer (la laitière!), très inspirant maintenant que je m’enfonce dans ma nouvelle spécialité, la vidéo, la photo. La lumière, sa direction, son intensité, la couleur, la scénographie, ces gars là ont tout inventé. On peut passer énormément de temps à analyser leurs toiles. Il y a aussi énormément d’œuvres d’autres peintres flamands que je ne connais pas. Ce qui m’épate à chaque fois dans les musées, c’est de découvrir la taille des oeuvres. La laitière par exemple est une toile toute petite. 45cm de haut. Et la ronde de nuit est une toile immense. Actuellement en réfection, cette toile fait plus de 4,30 de large! Ça change tout. Non pas que la taille fasse la qualité de la toile, mais ça change complètement la perspective. C’est pour ça qu’il faut aller au musée, pour se rendre compte de l’intention du peintre. Personnellement, je préfère les grandes toiles qui ont en général plus de recherche dans la composition, le nombre de personnages, les histoires à l’intérieur du tableau. Prenons la cène par exemple. Un plan CinémaScope avant l’heure. 8,80 mètres de large! Et bien il y a plusieurs histoires à l’intérieur de cette scène. Et même plusieurs ambiances. Une taille plus petite aurait eu du mal à rendre compte de ça. Bien sûr c’est une fresque donc dès le début ils ont envisagé une taille très grande. Mais j’aime quand même les toiles plus petites qui peuvent être, aussi, pour d’autres raisons, impressionnantes. Les toiles de Van Gogh sont en général de petite taille.
Sortie du musée, ballade dans la ville. Ambiance très relax en ce mardi de juin. Arrêt dans un de ces cafés où on se demande qui est client et qui s’occupe du service.
Et puis récupération du vélo et départ pour la gare. Emballage dans la housse (15 minutes! Ça devient la routine. ) puis attente du train. Retour vers Paris.
C’étaient les Flandres. Un beau voyage au plat pays. Très plat! Le prochain voyage devrait ne pas être aussi plat. À suivre.
Aujourd’hui est une journée de vélo. Pas de visite prévue, je vais juste passer aux Pays-Bas. J’ai bien dormi, réveillé par des pigeons. Tôt! Je plie mes affaires le camping est très paisible. Le ciel est couvert, mais il ne fait pas froid. Ça va me reposer des grandes chaleurs d’hier.
Je démarre en repassant par Essen, très très calme ce dimanche matin. Juste des cyclistes sur les route, seuls, en couple, en groupe. Je rentre dans une forêt par une petite route forestière très sympa. J’adore les routes forestières. Et puis tout d’un coup, un message, je suis au Pays-Bas. Patrie de Joop Zoetemelk et Mathieu Van der Poel. En pleine forêt, me voilà au Pays-Bas, sur un single track très sympa. Je croise quelque vtt, qui n’ont pas grand chose à se mettre sous le pneu en termes de chemins cabossés.
Je sors de ma forêt, des ours sont enchaînés autour d’un arbre. Enfin, des peluches. Est-ce en l’honneur de quelqu’un, en souvenir? Je rentre dans un village assez morne, mais il y a un bar avec une grande terrasse, des enfants jouent sur un petit terrain de jeu, je me dis que je prendrais bien un petit déjeuner. Il y a bien sûr des étriers à vélo, je m’installe et commande un café, une eau pétillante et une tarte aux pommes.
Je reprend ma route et arrive à la ville de Breda. Je n’en ai jamais entendu parler. Je rentre très facilement, par une piste cyclable très large, à deux voies, qui traverse une sorte de jardin public. En fait la piste cyclable et mon itinéraire contournent le centre ville. Je crois n’avoir jamais vu de ville si bien aménagée pour le vélo. Des pistes cyclables hyper larges, des tunnels qui passent sous les rues, des micro rues où ne passent que des vélos. En très peu de temps je me retrouve à la sortie avec le panneau Breda barré. Je continue donc ma route, je ne verrai jamais à quoi elle ressemble, c’était ma seule ville de la journée, peut être cache-t-elle des trésors?
Je continue ma route et le vent s’est levé, il souffle vraiment fort, mais comme avant hier, il est plutôt de sud ouest et donc je l’ai de trois quart arrière. Je trace! J’aperçois alors mon premier moulin. Il est très gros et semble en très bon état, peut être encore en fonctionnement.
Oui, oui, ça devrait aller pour une petite tente
Je trace tellement que je me retrouve assez vite à mon étape du jour, Sleeuwijk, où j’ai réservé un emplacement au camping de la Rue. Il est 15h. Avec le vent dans le dos, j’ai avalé les 72km. Je regarde la carte et m’aperçois qu’il reste quasiment 100km jusqu’à Amsterdam. C’est beaucoup pour une seule étape. J’hésite. Il est tôt, je peux encore rouler deux heures et me rapprocher d’Utrecht pour limiter la distance à parcourir demain. Oui mais il faut que je trouve un hébergement. Je consulte Google maps, et recherche les camping entre ici et Utrecht. Il y en a plusieurs mais certains ne m’inspirent pas confiance, et je jette mon dévolu sur le camping de Victorie, près de Meerkerk. J’appelle. Une femme me répond, ouf elle parle anglais. Elle a un air enjoué très agréable
— Bonjour, est ce que vous avez de la place pour cette nuit, une nuit, pour une petite tente? — Oui, oui, ça devrait aller pour une petite tente.
À ce moment là de la discussion, j’ai comme un doute sur ce que ça veut dire en pratique. Est ce qu’elle n’a plus d’emplacement, sauf un endroit tout pourri qui pourrait aller pour une petite tente?
— Ok, très bien, dis-je. — Ok, à tout à l’heure — Euh, je vous laisse mon nom? — Euh, oui, quel est votre nom? — Je m’appelle François — D’accord. Vous êtes de France? — Oui, je suis de France. Je suis français, j’ajoute au cas où ça ne serait pas clair. Ça me fait tout drôle de dire que je suis Français. — Je parle un peu de Français, me dit elle en français. Enfin, « je parlwe un peuw de franwcais » — Ah, c’est bien, je lui dis comme un encouragement — Dans combien de temps arriverez vous? — Oh, d’ici 1h30, deux heures? — Et bien à tout à l’heure — À toute à l’heure.
Je raccroche, mais je reste un peu perplexe. A priori, me voilà abrité pour la nuit, mais il reste un petit doute, vu le ton de la discussion. Je repars donc mais je n’annule pas mon camping réservé, au cas où il y aurait finalement un problème. J’annulerai plus tard.
Je recalcule mon itinéraire, deux s’offrent à moi, un à l’ouest avec des portions assez rectilignes apparemment, et un autre, plus à l’est, qui m’a l’air de suivre des canaux. Je prends à l’Est. Le vent s’est encore renforcé, il souffle de manière constante avec assez peu de rafales, mais vraiment fort. Ce n’est pas le genre de vent qu’on a en France.
Je passe par la petite ville de Gorinchem, et le supermarché COOP est ouvert! J’en profite pour acheter des babioles à manger, le camping m’a l’air perdu dans la campagne aussi je préfère assurer mon dîner car je n’ai rien avalé depuis ma tarte aux pommes. J’arrive à Meerkerk vers 16h30, et il y a une petite place avec trois terrasses de café. Je m’arrête prendre une bière, une La Trappe Trappist, dont le nom m’intrigue depuis quelque temps, cette répétition, et des tartines de pain avec trois sauces, du genre tartinade. Puis finalement je dîne d’un filet de porc en sauce épicée, frites, une envie de viande tout d’un coup. L’endroit est convivial, les gens ont l’air heureux, un bon moment en cette fin de dimanche, finalement ensoleillé et venté.
Bar Eetcafé de Gouden Leeuw, à Meerkerk
Je pars et finalement arrive au camping à 18:30. Je me suis un peu lâché sur l’horaire. Le camping est très propre, très bien agencé, les tentes et camping car étant positionnés sur les bord de grands espace, avec rien au milieu, de petits pommiers seulement. Nathalie arrive finalement après 15 minutes tout sourire. Elle me demande bien sûr d’où je vient et bien sûr me félicite pour le parcours. Elle m’offre un café puis me conduit à mon emplacement, en me portant mon café. Bon, en fait, il y a tout à fait la place pour une petite tente. Elle avait raison. Elle me propose de m’installer où je veux. Il y a une table en bois, avec des bancs, je la félicite car c’est la première fois que je trouve cet équipement. Elle me propose un autre café demain à 9h.
Une petite tente au camping de Victorie
Tente, douche, la routine, je profite de la table pour lire un peu, mais il fait vite assez froid. Donc direction la tente au coucher du soleil. Une journée tranquille pour mon arrivée au Pays-Bas. Aujourd’hui, j’ai pas mal roulé sur des routes pour vélo, en surplomb des champs. J’étais parfois à un ou deux mètres au dessus du niveau de la mer. Donc potentiellement tout ça sera inondé d’ici peut être 50 ans. Ça fait drôle. Heureusement, demain j’ai rendez vous pour un café avec Nathalie.
Deuxième jour de mon voyage à travers les Flandres. J’ai plutôt bien dormi, le bruit de la route non loin ne m’a pas dérangé. Réveillé vers 6:30, la nuit a été trop courte. Lever tranquillement vers 7:45, quand less rayons du soleil commencent à effleurer la tente. Rien ne presse, il faudra faire sécher la tente.
Je plie la tente et toutes les petites affaires de nuit, et je vais chercher mon petit déjeuner commandé la veille. Mes voisins le couple hispano néerlandais s’en va, ils retournent à Rotterdam, et me souhaitent bonne chance pour mon voyage. J’en fait de même. J’arrive au bar mais c’est fermé, d’autres personnes attendent aussi dehors, j’attends un peu puis décide d’aller faire un brin de toilette. Retour à la tente où je termine de plier mes affaires. Je retourne à l’accueil mais le bar est toujours fermé. Étrange, il devait ouvrir à 8h. Je vais à la réception et en fait j’avais mal compris, c’est ici que je dois récupérer ma commande et ensuite manger dehors sur les tables en bois. Je récupère aussi mon vélo, que j’avais laissé à l’intérieur, pour plus de sûreté sur les conseils de la personne de l’accueil hier. Je mange tranquillement mes petits pains complet et mon café et mon jus d’orange (celui là je l’attendais).
Départ pour Gand, aperçu la veille, mais ça mérite un peu plus que ça. Je me faufile dans les rues pour approcher du centre et me retrouve vite au même endroit qu’hier, entre les deux églises, la cathédrale Saint Bavon et le beffroi de Gand, lui même devant l’église Saint Nicolas.
Le cœur de Gand
Il y a pas mal de canaux aussi, c’est vraiment une belle ville. Mais mais mais, il y a trop de monde! Les groupes de touristes arrivent déjà, il n’est même pas dix heures. Ça m’enlève toute envie de visiter. Je prends quelques photos et je me dirige vers la sortie. Dommage, c’est une ville qui vaut le coup, je pense qu’on peut y passer plusieurs jours, mais probablement il faut venir un peu plus tôt dans la saison. Début mai. Je reviendrai pour passer quelques jours.
Je me retrouve assez vite dans les faubourgs, pas très joyeux, puis la banlieue, très propre, puis mon itinéraire prend une piste cyclable le long d’une voie de chemin de fer. Diable, encore une ligne droite de la mort. Je regarde la carte et je vois que mon itinéraire est quasiment linéaire jusqu’à Anvers! Plus de 30km! Impossible de suivre ça. J’avise un village, Lockeren, qui me permet de rejoindre un canal, et ensuite d’emprunter une multitude de petits chemins cyclables qui me conduisent à Anvers. Oui, c’est moins direct, plus long, mais sûrement moins pénible. En fait, la Belgique et les pays bas sont si denses en piste cyclables, que mon planificateur (Komoot.com) n’a aucune difficulté à trouver une ligne directe entre deux villes. Ça me change de mes voyages précédents, je faisais confiance, il va falloir que je vérifie pour les jours prochains.
Le site opencyclemap.org. Les pistes cyclables sont en violet. Une belle densité en Belgique et Pays-Bas!
Comme la veille, je débranche le gps et passe en mode manuel, navigation à la carte, à l’ancienne. Bon, bien sûr je n’ai pas le même rythme, je dois m’arrêter fréquemment pour vérifier la direction, mais avec l’aide du soleil, qui me guide vers ma destination en le conservant dans mon dos, j’arrive à me diriger pas trop mal. J’approche d’Anvers et me retrouve tout d’un coup au bord d’une grosse rivière. Très grosse rivière. Je me dis un instant que c’est le Rhin, les panneaux disent Die Schelde (bien sûr il n’y a rien en français ici), je suis un peu perplexe. Tout d’un coup, le chemin s’arrête au bord de la rivière, et j’avise un bac de l’autre côté, qui amorce son départ. Ça tombe bien, j’adore les bacs. Le bac met très peu de temps pour traverser, et je me dirige vers lui, via la petite passerelle métallique. Je suis bientôt rejoins par une dizaine de personnes. Nous laissons descendre les passagers, puis venons les remplacer. Il y a deux emplacements pour les vélos, de part et d’autre d’une grosse cabine avec des sièges. Mais les portes vélo ne sont pas assez large pour mes pneus de 45c, donc je gare le vélo dans la cabine. Je m’assoie et observe les autres gens. Il y a un groupe de 6 personnes, ils se prennent en photo, discutent. Évidemment je n’entrave que dalle à leur langue, mais pour une fois ça ne me dérange pas, je les regarde du coup plus intensément. C’est un peu comme regarder la télé sans le son. C’est une autre expérience.
En fait, c’est l’Escaut ! Je ne connais pas cette rivière, j’ai vu le film la bataille de l’Escaut et sa mise en scène impressionnante. Mais c’est une très grosse rivière! Un fleuve même, puisqu’il se jette dans la mer du Nord après Rotterdam. Le bac démarre enfin, et il ne lui faut que quelques minutes pour traverser. Dommage, j’aurais bien fait un tour plus long, j’adore les bacs. Comme un passage entre deux mondes, qui n’est pas donné à tous, qui demande un peu d’esprit de curiosité, pour s’aventurer de l’autre côté de la rivière, dans un monde un peu inconnu dont on ne connaît que la rive, et qui promet de procurer aux ambitieux, des découvertes merveilleuses.
Nous descendons tous et la route vers Anvers est assez directe. Je me rend compte alors qu’il fait très chaud. Je me sens un peu fatigué et je pense que c’est la chaleur. Je n’ai presque plus d’eau et même le bidon que j’ai dans le sac à dos est presque vide. J’ai vidé mes deux flasques il y a déjà pas mal de temps. Je me dis que je vais m’arrêter à Anvers. L’entrée dans la ville se fait très bien, et j’arrive dans le centre assez vite. C’est très animé, la ville n’est pas spécialement belle mais ça semble agréable. Des rails de tramway, comme à Gand, il faut être vigilant, et j’arrive sur une place assez grand, longée de bar, au bord de l’Escaut. C’est très fréquenté, j’attend qu’une place se libère en face d’un espace vélo pour que je puisse le surveiller, et j’avise un grande table au fond d’une des terrasse, avec de hauts poufs aux coussins bleu marine, entièrement vide. J’attache mon vélo, et me dépêche de prendre place. Je fais bien, je suis très vite rejoins par un couple. C’est un peu le bazar, la jeune serveuse est un peu débordée pour gérer cette terrasse pourtant pas très grande. Finalement une femme la rejoint et je commande un cola et une eau pétillante. Je les avale très vite, j’ai vraiment soif. Le temps n’est pas exceptionnellement beau, du coup je ne me suis pas rendu compte, un peu couvert, mais il fait très chaud. Mon gps me dira 27° de moyenne.
Je repars, il me reste une petite trentaine de kilomètres, il faut quand même les faire. Je reprends mon itineraire, qui bien sûr est assez rectiligne, au bord de la voie de chemin de fer Eurostar. Mardi je passerai là.
Il fait toujours aussi chaud, je n’ai plus d’eau cette fois, et j’arrive à un endroit très calme, un gros village, avec quelque bar et restaurant disséminés autour d’une église. Ça s’appelle Kalmhout. Il ne me reste que 11km, il fait si chaud et l’endroit est si paisible. Je m’attable et prend une eau pétillante. Il y a déjà des gens qui dînent, il est à peine 18h. Je reprends ma route et arrive à mon camping, enfin, mais là, mauvaise nouvelle, la réception est fermée! J’ai reçu un mail qui me dit que je n’ai pas payé, et que je ne peux donc pas recevoir mes codes d’accès. Il y a un numéro de téléphone en bas du mail, j’appelle, je n’ai rien à perdre. Et un type me répond! Il ne me faut que deux minutes pour le convaincre de me donner les codes pour le local sanitaire, il n’y a que ça qui m’intéresse, prendre une bonne douche. 7763.
Il ne doit pas y avoir plus de 10 camping car dans ce camping minuscule. Ça change d’hier. Montage de la tente, puis douche bien méritée. Lessive… Une journée à quand même 85km au compteur, sans compter un gros arrêt du gps pendant une demi-heure, ça doit faire plus de 90km. L’avantage c’est que je suis dans un bled, donc pas de visite touristique ce soir. Un plat de pâtes au restaurant O’Sole Mio à Essen (ça ne s’invente pas), ma foi pas si mal, une petite discussion avec le patron dont la mère est de Calabre, je lui parle de mes voyages en Italie. Au lit!
C’est parti pour un nouveau tour de vélo, dans le nord cette fois-ci. Quatre jours, enfin quatre jours de vélo. Départ de Lille. Ça fait longtemps que je ne suis pas venu à Lille, depuis que ma fille n’y habite plus, ayant préféré les lieux plus ensoleillés et au climat plus méditerranéen.
C’est toujours une très belle ville, que j’aime vraiment, et d’ailleurs je pense que tout le monde aime cette ville. Elle a de nombreux atouts, et probablement qu’il ne lui manque que la mer.
Départ Gare du Nord, avec une roue avant dégonflée. Hier j’ai regonflé mes pneus et impossible de gonfler le pneu avant, je crois que le préventif a bouché la valve. Pas le temps de regarder ça et c’est avec une petite angoisse que je me rend à la Gare du Nord. les pneus tubeless c’est bien tant que ça fonctionne, mais dès qu’il y a un petit problème, gonflage, étanchéité, préventif, ça devient vite un problème récurrent. Y a beaucoup de choses comme ça.
Arrivée à la gare une heure avant le départ, 7:15, le train pour Lille n’est pas encore à quai. Démontage du vélo, enveloppement dans la housse, 30 minutes comme d’habitude, c’est quand même plus pratique et rapide que la valise avion. Là il faut juste démonter les deux roues, les fixer au cadre avec des velcros, mettre l’ensemble dans la housse et c’est tout. On a bien répété le processus avec Valérie depuis trois ans maintenant, c’est ultra rapide.
Attente du train, il n’est pas très rempli, j’ai réservé en première classe et laisse le vélo dans le couloir, ça ne gêne pas. Les espaces bagages ne sont pas assez grand pour y loger le vélo.
Nouveau problème, impossible de synchroniser le parcours entre Komoot et mon compteur garmin. j’abandonne au bout de trente minutes. Ça se terminera par un export/import de fichier gpx.
Arrivée à Lille, une heure après, c’est quand même top rapide. Remontage du vélo dans la gare, réparation de la roue avant, le préventif avait en fait figé dans le pneu. Réglage du problème d’itinéraire sur le garmin et c’est parti. Quand même je m’arrête prendre un petit dej sur la Grand place et ses beaux immeubles, 20 minutes d’attente, le serveur n’est pas bien réactif. Départ 11:30!
Je vais à Amsterdam ! Traversée des Flandres belges et néerlandaises. Ça fait bien longtemps que je veux expérimenter les pistes cyclables du Nord. L’itinéraire va me mener à Courtrai, puis Gand, puis Anvers, Utrecht, et Amsterdam.
Mon parcours Flandrien
Je sors de Lille par l’avenue de la république, une large et belle avenue, bordée de belles maisons, principalement en brique, rouges ou blanches. Les villes de l’agglomération lilloise se succèdent : Marcq en barœul, Wasquehal, j’effleure Roubaix, je plonge dans Tourcoing. Ce n’est pas du tout le nord des clichés. J’arrive en Belgique sans m’en rendre compte, je ne rencontre même pas de vieux poste frontière. Tout d’un coup les plaques d’immatriculation sont belges, je suis en Belgique. Patrie d’Eddie Merckx et de Wout Van Aert. Je suis sur leurs terres. J’en frissonne.
Le temps, un peu couvert à mon arrivée à Lille, s’est dégagé, et le soleil tape sur ma nuque découverte. Sensation connue et nouvelle à la fois, après un si long hiver. J’arrive à la première vraie ville belge, Courtrai, rien de spécial à dire sur cette ville sans grand intérêt. Je suis maintenant sur une grande route, bordée d’une piste cyclable, mais désespérément droite. Je passe d’autres villes et je commence à me dire que ça va être long jusqu’à Gand. Je m’arrête m’acheter un sandwich chez Lidl, il n’y a guère de choix : œuf dur ou poulet épicé. Je prend poulet, et un paquet de myrtilles, un peu de frais ne fera pas de mal, je n’ai pas une confiance totale dans mes wrap au poulet. C’est plus par peur d’avoir faim que par réelle faim. Je décide de m’écarter de la grosse route pour consommer mon déjeuner, et je m’arrête dans une petite ville sans âme. Je regarde alors mon itinéraire en me disant que ce n’est pas possible qu’il n’y ait que cette route sans intérêt. Je vois qu’il y a un canal qui est parallèle ou presque à la route, avec un chemin de halage. Et je me dis que ce ne sera sûrement pas pire que cette route.
Je reprend mon vélo, et me dirige vers ce canal et bien m’en prends! Il y a une belle route cyclable le long du canal, des péniches, des bateaux, des gens à velo sur le chemin, de la vie quoi! Mon gps veux me ramener sur ma route, mais je refuse et finit finalement pas arrêter le guidage. Je passe en mode improvisation et c’est nettement mieux. Je suis ce canal pendant peut être 20km, et ça n’a rien à voir. Beaucoup plus tranquille, le chemin du canal n’est emprunté que par des vélos, et va m’amener jusqu’à Deinze.
Deinze. Une ville très typique de Belgique. Comment dire. C’est difficile de décrire une ville belge. Un agencement d’immeuble assez recents, pas vraiment beaux mais pas vraiment moche non plus. Une ambiance de fête foraine (là il y a une vraie fête foraine), pas vraiment gaie, et un peu déprimante pour tout dire. Vous connaissez Knokke? Et bien pareil. Bref je passe mon chemin. Il y a maintenant pas mal de canaux, et j’arrive à un pont basculant assez impressionnant. J’ai rejoins quasiment mon itinéraire, mais je ne peux me laisser aller à le suivre. Je continue avec les chemins et routes balisés, très nombreux, et arrive tranquillement dans la banlieue de Gand. La banlieue bourgeoise. Que de très belles maisons longent soit de très petites routes, soit des canaux, avec un peu d’espace verts devant les maisons. Bon il y a un petit côté playtime avec les maisons les plus récentes, mais l’ambiance générale est très agréable. J’arrive à un bac, qui traverse un canal, une bonne dizaine de gens à vélo en descende. Et je monte avec une autre personne. Je finis par entamer la conversation avec lui et le conducteur du bac. Ils me disent que j’ai un accent très français et pas du tout Français lillois… Trop drôle. Ils se mettent à parler français, en me disant que tout le monde parle français dans le coin, enfin, parle les deux langues. Je les laisse dire, mais je n’ai pas entendu un mot de français depuis que j’ai passé la frontière.
Arrivée à mon camping à Gand, qui est bondé ! Montage de la tente, douche, j’hésite à retourner en ville car je suis un peu claqué. Brève discussion avec mes voisins, cyclistes eux aussi. Ils viennent de Rotterdam. Le mec me fait des compliments sur mon vélo et sur ma tente. Finalement je pars car je ne me vois pas passer la soirée au bar du camping. Un aller retour rapide le temps de voir un peu cette ville réputée, un bref dîner et retour au camping et au lit.
Une belle journée où j’ai senti, de nouveau, le parfum de la liberté.