Les jours se succèdent et c’est le festival des plus beaux endroits de Toscane. Départ de Monteriggioni, le premier endroit où je suis venu en Toscane. Il y a quelques années.
Lever 7h, je ne sais pas si jamais bien dormi. Pas bon signe. Il a plu dans la nuit juste après le coucher. Vu l’état de la tente, ça a dû continuer ensuite. Je plie tout le matériel et part pour le village. Chemin hyper raide pour y monter. À pied. Ça commence fort.
En fait le village est tout petit. Mais pas vilain, juste petit. C’est évidemment le rendez-vous des cyclistes.
Départ, tout de suite c’est dur, des montées courtes mais super raides vont s’enchaîner jusqu’à Sienne. Des descentes aussi. Je sens que depuis mes chutes d’hier j’ai perdu de l’assurance. Ou bien j’ai mal dormi. Bref, c’est pas la super forme.
On traverse néanmoins de magnifiques endroits. Des champs. C’est toujours la Via Francigena, et on croise pas mal de randonneurs. Le Tuscany trail, c’est le pèlerinage du gravel!
On arrive par le haut de Sienne (évidemment!), et on a tout le loisir de voir toute la ville, jusqu’à la Piazza al Campo. Où se court le Palio deux fois l’été. Si l’histoire du Palio vous intéresse, je vous conseille le site italien qui retrace dans le détail les variations des règles de cette course. Mais avant, les pâtes, la benzina delle ciclisti.
Visite de Sienne, toujours aussi belle ville. je rencontre un italien de mon âge, qui reviens en Italie depuis qu’il fut étudiant. Il habite à Vienna. Je me souvenait que le sud de sienne était très différent, beaucoup moins boisé, plus aride. Beaucoup de champs sur les collines. Et les strade bianche. C’est en effet comme ça. En cette saison, c’est beaucoup plus vert que l’été, mais mon souvenir était exact. Pour le vélo, ça change aussi beaucoup. Fini les chemins rocailleux et pentus, maintenant c’est beaucoup plus roulant. Mais c’est raide quand même. Je vais pas mal marcher cet après midi.
Mais sans m’en apercevoir, je passe la moitié du parcours. Une sonnerie caractéristique du GPS me le signale. Je suis très content. La fatigue est là quand même, et je trouve un B&B pas loin et je décide de faire une étape courte. 34km! De toutes façons, je n’aurais pas pu faire beaucoup plus aujourd’hui. Mais je reste dans les temps. 4 jours pour faire la moitié, il me reste quatre jours, ça devrait aller. Enfin, on ne sait jamais ce que les organisateurs nous réservent. Mais je profite ce soir d’un fabuleux paysage, d’une bonne douche et d’une bonne nuit réparatrice ! Demain il y aura un peu de mécanique à faire.
On commence fort par une montée de 450m de D+. C’est aussi pour ça que j’ai pris mon temps à Voltera, je préfère attaquer les grosses montée le matin. Deux petites heures de grimpette sur du chemin moyen, des virages en épingles super raides, et franchement, c’était dur, mais pas si dur. Enfin j’avais tout à gauche quand même! Tout à gauche ça veut dire, en language cycliste, petit plateau et grand pignon.
J’avais bien déjeuné, bien mais pas trop non plus. Rencontre avec un petit groupe de participant, dont un lusitanien (c’est cool le Tuscany trail, ça permet de placer des mots pas facile à placer). Il est prof de finance à Lisboa. Son premier trip aussi, il est heureux de ce qu’il a déjà accompli, même si ça s’arrêtait aujourd’hui.
Des champs, encore des champs
Arrivé au sommet 600m quand même, descente sur route, je filme ce beau paysage toscan, et bip bip! Virage à gauche. Ah? Chemin, mais alors la chemin bien pourri. Je passe en position vtt, mais je suis très très haut vu le dénivelé, 11% parfois. En gros il y a une ornière de chaque côté et de gros cailloux ailleurs. Et une fine bande de terrain ou les autres sont déjà passés. Ah oui, des ornières en travers formées par la pluie d’orage des jours derniers. J’arrive à un virage, traversé par une ornière et là je m’arrête. Je souffle. Je vais pour démarrer, la roue avant se bloque dans l’ornière, et c’est la chute. Quasi à l’arrêt. Je me relève, un petit bobo au genou. Ça va. Leçon : dans les ornières il faut passer avec de la vitesse.
Comme quand j’étais petit, je remonte vite fait sur le vélo, ne pas réfléchir. Mais je suis quand même bien content d’arriver à du bitume, qui me conduit à San Geminiano. Une Alimentari à l’entrée, c’est un peu le rendez vous des cyclistes, qui ont faim et soif.
Un italien arrive avec visiblement un problème de pédalier. Je n’ai pas trop vu d’incident mécanique pour le moment. Un câble de dérailleur cassé le premier jour, deux ou trois crevaisons, tout le monde a visiblement bien préparé la course.
Je déjeune à San Geminiano. En fait je n’y était jamais venu, je comprends pourquoi c’est un des villages toscans les plus visités.
Vue depuis San Geminiano San Geminiano
Déjeuner pas très toscan, je reste pas mal de temps. Je suis en vacances. De très belles vacances. Il fait 27°, un peu moins chaud que les jours précédents, ça n’est pas plus mal. Je repars vers 15h30. Une route d’abord, puis un chemin très roulant au milieu des champs. Tranquille. C’est louche. On empreinte la Via Francigena. En fait on va la suivre jusqu’au soir. Et bien sûr il y’a quelques surprises. D’abord un gué à passer, suivi d’un bourbier. J’ai les pieds trempés mais pas grave.
Ensuite, c’est le festival du VTT. En majorité en descente, je fonce sur les chemins.
Il y a des passages très techniques, mais je passe quasi partout. Le bonheur. A voir dans le film qui va suivre. On croise quelques villages, avec des fontaines où on se retrouve entre participants. Et ça va être comme ça jusqu’à Monteriggioni. Bon, je tombe de nouveau en fin de journée dans un passage pas trop technique, mais la fatigue me gagne. La nuit approche, je me trouve une osteria au pied de Monteriggioni, Bar dell’orso. Oui il y avait même l’ours à l’intérieur. Super bon dîner tout simple. Direction maintenant vers un coin tranquille pour planter la tente.
Sûrement la plus belle étape depuis le début. C’est la première fois que je tente un classement, mais celle ci était complète. Il y avait tout. Comme le disait un participant dans l’après midi, le Tuscany trail c’est plus que du vélo.
Lever à 7h. Le vent a soufflé toute la nuit, il y a même eu un peu de pluie. Pas facile de dormir alors que la tente se prend de bonnes bourrasques. Mais ça s’est calmé. J’entends un chien aboyer donc je me dépêche de partir.
Santa Luce est à deux pas, arrêt petit dej, cappuccino et croissant (excellent, encore chaud). Puis un deuxième cappuccino et une part de tarte à la crème.
Petit dej à Santa Luce
On démarre directement par une bonne bosse, 320m de dénivelé, 7km. Heureusement c’est en sous bois, il ne fait pas trop chaud. Mais ça grimpe. Je reste sur le vélo. Aux deux tiers, il y a un replat, presque une descente. Le deuxième tiers est moins raide mais beaucoup plus caillouteux. L’un dans l’autre…
Au sommet, on aperçoit la mer une dernière fois, avant de plonger dans le cœur toscan. Et là s’enchaînent les champs, très graphiques, soit par leur topographie, soit par les traces de machines agricoles. Soit les deux. C’est pour ça qu’on est tous venus, pour les champs toscans.
Ça monte, ça descend, mais en moyenne ça monte. On passe un gué, moi c’est à pied, puis on arrive à Lajatico, et au Theatro del silenzio. Une espèce de musée d’art contemporain en plein air.
Je n’ai presque plus d’eau, il commence à faire très chaud (36°), et maintenant on est sorti des sous-bois. Je repars mais je manque d’énergie. Je n’ai rien mangé depuis le petit déjeuner, erreur. On se rapproche de Voltera et je me dis que ça va être très très dur, en particulier sans eau.
Et puis, miracle, un panneau « Tuscany Trail, cold drinks ». Incroyable. J’arrive et pas mal de participants sont rassemblés là. Sandwich, boisson à l’orange amère, je m’en prends deux. Trop bien.
J’adore cette boisson!
Il reste 7km pour Voltera, mais à la moue des participants, ça m’a l’air costaud. Je repars et en effet ça grimpe bien. Heureusement, c’est de la route, c’est déjà ça. Arrivée à Voltera épuisé, l’orage menace de nouveau, j’ai froid. Et puis cette ville a l’air un peu froide aussi. Je me dis que je vais quand même faire un tour, et la surprise, il y a une fête médiévale dans le centre. Drapeaux, défilés, et même tir à l’arbalète d’époque. Pas trop de monde, Voltera se réchauffe. Je n’ai jamais pris le temps de visiter cette ville précédemment, j’ai de la chance, Voltera est Prima città Toscana della Cultura cette année.
Je me trouve un hébergement en bas de Voltera pas cher, deux cappuccino devant le spectacle, un peu de tourisme. C’est ça aussi le Tuscany trail.
Je dîne en ville, puis j’attaque la descente. Une belle descente, avec des lacets, un bon revêtement, pas de traffic, j’adore. Et puis tout d’un coup, le bip bip annonciateur de changement de direction. Les organisateurs nous ont réservé une surprise : descente par une voie romaine qui se transforme en single track parfois rocailleux. Les salauds. Avec un vtt ça doit passer sans problème, mais avec un gravel, c’est périlleux. Je m’accroche, et en posant pied à terre un petit bout, j’arrive en bas.
Bon, pour le vélo, c’était une petit étape en termes de distance, 49km. Mais plus de 1000m de D+! Faudra rattraper les prochains jours.
Départ à 10:30. Je voulais partir plus tôt pour éviter la chaleur, mais… hier soir ce fut un peu la guerre pour trouver un hébergement. Je commençait à chercher trop tard. Il y avait un dîner de départ (copieux), et je commençait à m’inquiéter de trouver un camping vers 22h. Mais les campings fermaient à 20h. Après avoir pensé dormir sur la plage comme deux autres participants, je trouvais un hôtel qui me fit un prix pour une chambre triple. Je dut reprendre le vélo pour 20 minutes. J’étais quand même bien crevé, je pense surtout à cause de la chaleur. Une douche et au lit.
En fait l’hôtel était au bord de l’itinéraire. Une petite montée à Castagneto Carducci et visite du premier village. Puis les vignes, les oliviers, les chemins au milieu des cyprès, les 10km doivent donner un bon avant goût du parcours. Bolgheri est le deuxième village, un peu à l’écart mais très sympa.
Le matériel fonctionne correctement, les pneus de 45 c’est le bonheur. Seul soucis, la poussière. Les chemins toscans sont très sympas, mais très poussiéreux. Mes yeux dégustent.
Castagneto Carducci
Puis c’est la descente vers la mer. De nombreux participants, dont beaucoup en VAE. Surprise! je reprends la grande pinède que j’ai pris hier, avec son chemin très roulant et si agréable.
On va pas commencer à pousser trop la machine aussi je m’arrête déjeuner à Cecina. Il pasta ! Puis je rejoins un bar dans la pinède ou de nombreux participants se sont arrêtés. On comprend. Je discute avec un grec qui a les mêmes sacoches que moi. C’est son premier trip en vélo.
Je vais essayer de rouler encore deux ou trois heures, rejoindre le lac de Santa Luce, et camper là bas. Ça ferait une première étape correcte.
Pour aller dans le Chianti, il faut passer une première barrière de collines, le sommet est Rosignano Maritimo. Et bien sûr les organisateurs nous y font passer. 160m de dénivelé, mais des passages à 11%, même plus dans le village. La première vrai difficulté du parcours. Certains avec un pignon de 52 à l’arrière y arrivent. Pas moi. Un petit bout à pied. A l’arrivée, un petit village tranquille, où se rassemble les participants pour souffler un peu. Et manger une bonne glace bien méritée. Mieux qu’un gel énergétique.
Rosignano Maritimo
On continue sur des chemins bien poussiéreux. La fatigue commence à se faire carrément sentir. Penser à manger avant d’aller dormir. Mais en fait, j’ai dépassé le lac de Santa Luce, donc je continue jusqu’à Pastina. C’est la sortie de la messe! Un panino, une bière, en terrasse devant les champs toscans. Exactement ce que j’attends du voyage à vélo.
Départ de Firenze 9h30, direction Pisa. traversée de Firenze. Quelques photos bien sûr.
Puis le train et cinquante minutes plus tard je suis à Pise. J’hésite mais je me dis que je ne peux pas décemment ne pas aller voir la Torre.
Il est midi, il fait 37°, donc je décide de déjeuner ici, spaghettis carbonata avec des artichauts. Il ne sera que 14:30 quand je démarrerai. Je longe un canal pour quitter Pisa, puis une zone industrielle en approche de Livorno. Puis la mer! Une petite bière, ça le vaut bien, et puis c’est parti pour 50km de bord de mer. Enfin presque, un peu de pinède très roulante, et moins chaude.
J’arrive au village vers 19:30, pas si facile en fait. Pourtant très plate cette étape. Qu’est ce que ça va être!
Arrivé hier à Malpensa très tard, j’ai finalement pris un hôtel près de l’aéroport. Bonne nuit, levé 8:30, douche, petit dej, puis ça commence pour les bagages. Déballage du vélo, gonflage des roues (elles doivent être complètement dégonflées pour prendre l’avion), tout va bien. Pas de problème avec les disques, souvent ça frotte au remontage. Puis les bagages. Je déballe tout sur le lit (c’est toujours un peu jouissif de voir tout ce qu’on va pouvoir faire entrer dans les sacoches). Dernière sélection du matériel que je vais emmener, ou que je vais laisser, je remplis les sacoches, et enfin le montage des sacoches sur le vélo.
Toutes les affaires avant rangement dans les sacoches. Les sacoches remplies. A droite, le sac de cintre avec tous les habits. Je suis à chaque fois impressionné qu’on arrive à compresser autant les affaires dans la sacoche de cintre.
Le moment important c’est le montage du nouvel accessoire de guidon, qui va me permettre de décaler la sacoche de cintre vers l’avant, et de ne pas avoir la sacoche qui frotte contre le cadre. Un problème récurent lors de mes voyages précédents. Ça va quand même me prendre une bonne heure pour démonter les accessoires, monter la barre sur le cintre, puis remonter le support gps et la sonnette. Le support gps me donnera vraiment du mal.
Encore une petite douche, il fait déjà chaud. puis c’est le départ. 13h pile. 3h30 de préparation, c’est pas si mal. Tout a l’air en ordre lors des premiers tours de roues. 28°C, ça chauffe!
Le vélo au moment du départ. Il est beau! J’ai même pris le temps de nettoyer la chaîne avant de partir de Paris.
Direction la gare de Gallarate. Je me dis alors que la magie du vélo, c’est que tu branches le gps, et tu peux alors regarder le paysage et découvrir des endroits inconnus, sans se soucier de la direction. Un bip te préviens d’une bifurcation, un coup d’œil pour regarder, changement de direction et ça continue.
C’est la première fois d’un voyage en vélo en Italia, je suis si impatient. Je traverse cette banlieue de Milan comme si c’était Venise ou Rome. Je suis très content du comportement du vélo, les pneus sont très bien gonflés pour la route. Il fait chaud mais pas trop. Le bonheur.
J’arrive à la gare, et prends un billet pour Firenze. Oui je parle très bien italien! Je vais me faire un bon petit voyage touristique pour rejoindre Firenze, avec trois changements : Milano, Bologna, Prato, Firenze. J’aurais pu prendre un billet d’avion pour Florence. Mais c’était beaucoup plus cher, et en plus rien ne vaut un peu de tourisme, je suis quand même en vacances!
Montée dans le train, espace vélos nombreux apparemment, quasiment dans chaque wagon de ce train de banlieue. Bon, en fait, l’espace vélo est rempli de bagages, le train est complet.
Arrivée à la gare de Milano. La gare est bondée. J’ai 40 minutes avant le départ pour Bologne, je décide de rester à la gare (j’étais tenté d’aller faire un tour au duomo), et de m’acheter une focaccia caprese. Ce ne sera sûrement pas la dernière de ce séjour en Italie. Départ pour Bologne!
Arrivée à Bologne, et pensée pour cette fois où j’étais entré dans la cathédrale en travaux. Grand silence. L’air était chargé de poussière, et des rayons de lumière, obliques, éclairait doucement l’intérieur. Belle ambiance.
Je change rapidement, passage à Prato, puis arrivée à Firenze. 20h, 29°. Ça promet. Je traverse la ville en direction le camping où j’ai réservé pendant le voyage. Je suis un peu déphasé en face de la masse de touristes qui eux semblent déjà bien intégrés à la ville. Et quelle ville! Pas trop de visite, je reviendrai. Je longe l’Arno et arrive finalement au camping. Ce fut une bonne journée!
Je vais faire ma première course de vélo en Toscane, le Tuscany trail. Départ le 26 mai de florence, pour un petit rodage de deux jours, et rejoindre le point de départ à Castegneto-Carducci. Impatient!
Ce dernier voyage en Allemagne, en grande partie le long du Rhin, m’a rappelé la première fois que j’ai fait du vélo dans ce pays. C’était avec mon amie Maria. En 1994. Elle habitait alors à Darmstadt, où elle avait commencé ses études d’architecture. Nous étions jeunes! J’étais allé la voir pour un week-end, et Maria m’avait proposé d’aller voir sa grand mère qui habitait à Dexheim, un petit village de l’autre côté du Rhin, en Vélo, de dormir là bas et de revenir le lendemain.
Le trajet aller n’est pas un très bon souvenir de vélo. Le vélo emprunté à un ami de Maria n’était pas à ma taille, ou réglé pour moi. C’était quand même un trentaine de kilomètres, je n’avait alors pas fait ça très souvent. Mais surtout, il s’était mis à pleuvoir pas mal sur le trajet, et j’avais fait une bonne partie du trajet complètement trempé. Pour clôturer le sujet, j’avais crevé un pneu, et bien évidemment nous n’avions pas de matériel pour réparer une crevaison. Nous avions dû sonner à la porte d’une maison au hasard sur la route, pour demander à quelqu’un de nous aider à réparer la roue. La première personne à qui nous avions demandé nous avait aidé (visiblement, les allemands ont tous un vélo et de quoi réparer une roue !). Je me souviens assez bien de cette personne. C’était un homme d’une quarantaine d’année, il avait accepté immédiatement de nous aider, mais je me souviens qu’il avait manifesté très peu d’émotion, il était resté très neutre dans son attitude, et ça m’avait interpellé. Je m’était dis que dans une telle situation, en France, la personne aurait eu un comportement très différent, soit très prévenant, quelque chose comme « Mais bien sûr, pas de problème, je vais vous aider à réparer cette roue, mes pauvres, par ce temps, ce n’est vraiment pas de chance, peut être vous voulez rentrer vous réchauffer à l’intérieur? ». Ou bien à l’inverse, » Ha ben c’est malin! Partir en vélo sans moyen de le réparer. Non désolé je n’ai pas de vélo, je ne peut pas vous aider. Au revoir! ». Ou au minimum une mimique pour exprimer ce qu’il pensait au fond. Mais là, cet homme était resté très neutre, c’était un comportement inhabituel pour moi. En tous cas, avec le niveau de compréhension de l’allemand que j’avais à l’époque. Mais même son « body language » était resté très neutre.
Cette réparation terminée, nous avions atteint Dexheim, et la maison de la grand mère de Maria, qui s’appelait Maria également, comme également la mère de Maria, au passage! Elle nous avait très bien accueillis, elle était visiblement très heureuse de voir Maria, et moi également.
J’ai une image très floue de cette femme. Et je n’ai aucun souvenir de cette soirée, du dîner, je pense que le tout petit niveau d’allemand que j’avais alors (et toujours!) y est pour beaucoup, je n’avais pas dû comprendre grand chose aux discussions. Mais j’ai deux souvenirs très précis.
Le premier fut après qu’on soit allé se coucher. Je crois que nous avions dormi Maria et moi dans un canapé dans le salon. Nous avions éteint les lumières, excepté une toute petite bougie, posée à l’intérieur d’un photophore. Je me souviens parfaitement de ce photophore. Il était posé sur une table basse non loin du canapé. Il était fait de métal, ajouré avec des trous en forme d’étoiles, ou circulaires, je ne sais plus, et d’une couleur assez sombre et neutre (vert, marron?). Et, après, ou pendant, je ne sais plus, que nous faisions l’amour, je regardais ce photophore et la flamme de la bougie, qui éclairait très faiblement les objets environnants, et faisait danser leurs ombres sur nos corps. Ce photophore m’avait beaucoup fasciné, de par son pouvoir d’apporter l’exact niveau de lumière nécessaire, mais surtout son aspect vivant. Il semblait être là avec nous, et participer à nos jeux.
J’ai, chez moi, aujourd’hui, un photophore, très semblable à celui ci, et quand je le vois, je repense immédiatement à cette nuit avec Maria, chez sa grand mère.
Le second souvenir, est le lendemain matin. Nous nous étions levés pour prendre le petit déjeuner. Il y avait beaucoup de chose à manger, mais en particulier, Maria, la grand mère, avait préparé des chaussons en pâte feuilletée, fourrés aux abricots. Vous connaissez peut-être mon amour des abricots, sinon sachez que j’adore les abricots, sous toutes ses formes. J’avais donc été très touché de cette attention, et m’était dis que cette femme était vraiment très attentionnée, pour s’être levé très tôt ce matin là, pour préparer ces chaussons fourrés aux abricots. Je l’avais remercié chaudement. Ce qui est drôle, c’est que j’appris par la suite, de Maria, que sa grand mère n’avait pas été contente du tout de nous voir coucher ensemble chez elle, alors que nous n’étions pas mariés! Je n’avais rien discerné de tel, et d’ailleurs, je ne m’étais alors même pas posé la question. Nous étions décidemment très jeunes.
Voilà pour les souvenirs de ce premier voyage en vélo en Allemagne. C’était il y a bien longtemps, plus de vingt cinq ans, et c’est drôle de voir ce qu’il en reste. De toutes petites choses. A part l’amitié. Maria n’est pas devenue architecte, mais cinéaste. Vous pouvez d’ailleurs voir deux films qu’elle a réalisé il y a quelques années. Le premier s’appelle « Cousin Cousine« , et vous pourrez d’ailleurs y voir sa grand mère. En particulier dans la dernière scène du film, très touchante. Le second est « Brother Sister« . Maria est en cours de préparation d’un autre film, plus ambitieux, où le personnage principal est cette fois-ci son grand père, le mari de Maria. On s’y perd!
Petite visite le matin de cette ville de Bâle. C’est une grosse ville, assez diverse. Des industries, une vielle ville. La vieille ville est intéressante, et j’y consacre un peu de temps à me balader en vélo. Un mélange de petite rues et de rues commerçantes, pas mal de vieux bâtiments. Étonnant, tous les magasins portent des marques complètement inconnues. Pas de H&M ou Zara ou même de marque allemande que je connaisse.
Je décide de partir parce que j’ai quand même un peu de route. Je longe le Rhin et très vite je me retrouve en France!
Je fais peut être 1 km, traverse le Rhin, et me retrouve en Allemagne. 3 pays en moins de 5 kilomètres!
La Suisse est un pays étrange pour moi, en particulier la partie allemande. J’ai toujours l’impression de faire quelque chose d’interdit. Pourtant je fais attention, je n’ai pas l’impression de manquer des panneaux en particulier, mais les gens me regardent comme si j’avais enfreint une règle. Exemple au restaurant ce midi, pourtant en Allemagne mais tout proche de Bâle. J’arrive et vois des vélos garés devant et d’antres dans des emplacements. J’avise une table de libre, et vais donc mettre mon vélo de l’autre coté. Je longe le restaurant et tout le monde me regarde passer alors que c’est un chemin pour les vélos. Je pose mon vélo et reviens à l’entrée. Le serveur me fait comprendre que je ne peut pas mettre mon vélo là bas, et m’indique en allemand les deux autres emplacements. N’obtempère et reviens poser mon vélo devant l’entrée à côté de deux autres. Le serveur reviens et me signifie que la non plus ce n’est pas possible! Je vais alors mettre mon vélo avec d’autres dans des emplacements en plein soleil. Je vais m’assoir et là les deux possesseurs des autres vélos posés à l’entrée, qui s’étaient attablés, me disent qu’ils préfèrent partir. En tout cas c’est ce que je comprends. Ça fait chaud au cœur de voir que je ne suis pas le seul. Mais il n’y avait aucun panneau et ce n’est pas la place qui manquait. Alors qu’en Allemagne, hier, non loin de Bâle, j’ai carrément rentré mon vélo sur la terrasse et personne ne m’a rien dit.
Je repars et prends un chemin le long du Rhin. Mis à part un écart sur des route sans intérêt, ce chemin va me mener jusqu’à Breizach am Rhein, la frontière. un long chemin, gravillon eux puis sableux. Inquiet avec mes pneus de route en 25, ce chemin s’avère super roulant. Il faut juste faire attention et ne pas trop s’écarter des traces.je file entre 25 et 28km/h. Le Rhin est maintenant plus tranquille, très large aussi.
Il faut quand même super chaud. Mon GPS qu’indiquera à l’arrivée un maximum de 38 degrés! Je dois m’arrêter et mettre ma casquette c’est plus prudent. Je m’arrête encore dans un village assommé de chaleur, vers 16h. Le seul bar est fermé et n’ouvre qu’à 17h. Je repars, en passant près d’un réservoir où les habitants bravent l’interdiction de se baigner. Danger de mort!
Enfin je m’arrête dans une sorte de clairière, près d’un micro port, donnant sur le Rhin. Je mange un peu et fait un vol de drone. On verra ce que ça donne, le soleil était rasant, et il faisait hyper chaud encore. En vélo, la vitesse fait que la sensation de chaleur est moins forte, mais quand on s’arrête on se met alors à transpirer brutalement.
J’avais choisi d’ailleurs cette route par l’Allemagne et non pas la traversée de la pleine d’Alsace, plus courte, plus plate encore, mais probablement très exposée. Le chemin près du Rhin promettait lui d’être ombragé et je ne regretterai pas!
J’arrive à Breisach, et je me revois passer le Rhin une semaine plus tôt. J’entame ma dernière traversée du Rhin, pour le panneau France, et c’est d’un coup une grande émotion qui me submerge. Cela durera bien 15 minutes à pleurer tout en poussant sur les pédales. Ces voyages en vélo, en solo, sans être des aventures, sont néanmoins des épreuves physiques et humaines, et je suis souvent submergé à la fin. C’est quand même se dépasser, sortir de mon confort et c’est grand. Comme disait un type, on peut aussi s’avachir dans son canapé avec une bière et des chips. Mais on est moins fier de soi.
Je repasse par le même chemin qu’à l’aller pour rejoindre Colmar, mais ne reconnaît rien, à part les champs de maïs. Je m’amuse avec les jets d’eau qui arrosent les champs. Au deuxième essai c’est bon pour la douche. Je croise enfin le panneau Colmar que je connais pour l’avoir rencontré par erreur à l’aller. Bien sûr je prends la photo avec le bike!
Journée difficile. Je ne sais pourquoi, la chaleur sûrement. J’ai beau m’acclimater, le temps reste super chaud.
Je pars vers 11h, sûrement un peu trop tard. Je roule en direction du Rhin, une vingtaine de kilomètres, et m’arrête au bord dans un camping où il y a un restaurant. Je mange une petite salade au poisson du Rhin frit (celle de la Bodensee m’avait bien plu, c’est la même), une glace, une Erdinger alkoholfrei 50cl, deux bouteilles d’eau pétillante et trois cafés! Beaucoup de liquide, mais il fait déjà hyper chaud.
J’ai bien dû rester trois heures dans ce restaurant, attendant que la chaleur baisse un peu. Je monte les vidéos à partager pendant ce temps. C’est toujours un peu laborieux, utiliser plusieurs applications pour le montage, récupérer la musique, faire le montage en lui même. Mais le montage est un bel exercice. La première vidéo pour les amis me prend le plus de temps, pour la famille, ce fut plus rapide.
Je repars vers 16:30. Il me reste un peu plus de cinquante kilomètres, ça devrait aller, c’est complètement plat. La moitié est faite plutôt vite. Je m’arrête au bord du Rhin car je sens un peu de fatigue. je regarde le Rhin dévaler à toute vitesse. Un canoë descend lui aussi à grande vitesse. Le courant est vraiment important. On ne croirait pas, car le Rhin est maintenant si large.
Je repars mais après quelques kilomètres, alors que la route monte un peu à flanc, la fatigue se fait énormément sentir. Je m’arrête de nouveau au sommet du coteau, sûrement pas plus de 100m au dessus du fleuve. Je prends quelques abricots secs, je bois encore. Il reste 28km. Ça va être long!
Bâle
Ma dernière étape est Bâle. Cette ville m’est inconnue. Ça va être vraiment dur sur la fin. Mon gps me signale très mal les changements de direction, seulement plusieurs mètres après. Je suis obligé de faire demi tour pas mal de fois.
Je traverse un joli village à la frontière, Reinfeld. Malheureusement je ne peux m’arrêter, trop impatient d’arriver. L’entrée dans Bâle est interminable. C’est une grosse ville. Mais c’est en longeant le Rhin que j’atteins finalement mon hôtel. Epuisé.
Chambre immense! Lit immense. Douche, coca, je ressort pour dîner un brin. Ce sera le premier restaurant que je trouve, un restaurant de tapas! Rien d’exptionel, si ce n’est un coulis de tomate à la mozzarella et des fins morceaux de jambon pata negra. Très bon. Et l’addition est copieuse aussi!
Une bonne nuit de sommeil, et j’aurai peut être le temps de visiter un peu la vieille ville qui semble très jolie. Mais d’abord du repos!