Aujourd’hui aussi c’est journée de repos, enfin une demi journée. J’ai décidé de faire deux demi journée de repos, pour reprendre un peu de forces. Je suis depuis le Mont Saint Michel la VéloMaritime, une vélo route qui va jusqu’à Morlaix. Et comme me disaient des gens croisés quelque jours auparavant, elle est casse-pattes. il y a tout le temps des montées et depuis deux jours j’en ai fait quelques unes à pied. Oh elle ne sont pas bien longues, 1,5km tout au plus, mais le pourcentage est élevé, au moins du 8%, voir plus, et on en enchaîne pas mal, car on descend assez souvent en bord de mer, puis on remonte, et ça recommence. À la fin de la journée, en cumulé, on a gravit un col.
Il a plu cette nuit, la tente est mouillée de mille gouttes, le vent m’a un peu réveillé, mais à visiblement dérangé mon voisin, qui se réveille avec un bon mal de crâne. Probablement plutôt un coup de chaud hier et une petite déshydratation. Je le dépanne d’un paracetamol. Il est de Saint Étienne. Il fait le GR34 en randonnée, mais dans le même sens que moi. Je lui conseille de prendre un peu de repos. Il a rencontré une fille en chemin et ils marchent ensemble.
Je suis le dernier à quitter l’emplacement. Donc aujourd’hui je fais une demi étape comme hier, je vais jusqu’à Paimpol, et puis encore un peu plus, on verra bien. Également, je quitte la Velo maritime et je prend la départementale D786 qui va jusqu’à Paimpol. C’est l’heure des grandes décisions.
Je suis content ça roule bien, c’est plat, c’est exactement ce qu’il me faut. Les panneaux, répétés, « routes des falaises » me laissent supposer que je suis en train de rater quelque chose, mais je tiens bon. Je passe à Plouezec, arrêt buffet. Pause. Le temps est très gris aujourd’hui, ça ne donne pas un moral d’acier. Ma météo annonce du soleil pour 19h.
J’arrive à Paimpol, il y a une ambiance de bout du monde. Du genre, après la terre il y a la mer, à l’infini. Ça change vite car ce week-end c’est le festival du chant de marins. Il y a un monde dingue. C’est difficile de trouver mon chemin, car le port est bloqué pour le festival, et tout le port est occupé de vieux gréments. Je dois donc contourner. Je regarde une des affiches, et m’aperçois qu’il y a des pointures cette année. Alan Styvell (bon une vieille pointure), Miossec, Ayo, Émilie Loizeau, et bien d’autres. Incroyable. Bon il y a aussi une immense majorité de groupe de musique bretonne. Mais à la fin ça fait un gros festival.
Ça complique mes affaires. Il ne va pas être possible de rester ici, trop de monde. Il me vient alors l’idée d’aller voir du côté de l’île de Bréhat. c’est juste au dessus, et je m’aperçois qu’il y a des bateaux qui permettent d’aller visiter l’île dans la journée. Il y a deux camping dans le coin de l’embarcadère. Je vais tenter ma chance. J’arrive à L’Arcouest, mais les deux camping sont complets, même pour une petite tente. Je me dis que je vais tenter le camping municipal de Bréhat. Ça va être complet aussi, mais je n’ai rien à perdre.
Bréhat pour moi, c’est une île de nantis de bonne famille, assez inaccessible. Il y a même un quota de 5000 personnes maximum sur l’île en même temps. Je suis même surpris qu’il y ait un camping. J’ai entendu parler de cette île la première fois par mon ami de Lycée Emmanuel Laurent. Il faisait de la voile sur l’île et ne faisait que parler de Bréhat. Nous étions tous les deux en première, au fond de la classe, et on passait notre temps à dessiner des bateaux et des planches à voile. Nous étions fondu de planche à voile à l’époque. Et on ne pensait qu’à ça. Et il me racontait qu’à Bréhat, il y avait plein de rochers, qu’il était difficile de naviguer au milieu, avec la marée comme élément perturbateur supplémentaire, faisant que la hauteur d’eau pouvait descendre beaucoup. Pas assez pour complètement découvrir les rochers, mais suffisamment pour stopper les bateaux au équipages peu expérimentés.
Je prends la route de l’embarcadère, qui finit par une longue descente vers les départs de bateaux, et qui domine l’île. Un spectacle incroyable. Plein de petits îlots partout, de toutes tailles, à perte de vue. Je dois me concentrer sur ma conduite tellement je suis happé par le spectacle.
J’appelle le camping, je tombe sur un répondeur, qui dit que pour les campeurs en tente, il n’y a pas de réservation, il faut s’installer et revenir à l’accueil s’enregistrer. Étrange. Ça me paraît un peu libertaire pour le lieu. Au pire ce sera plein, je ferai du bivouac, ici ou ailleurs c’est pareil. Je vais prendre mon billet, et l’employée me confirme qu’il n’y a pas de réservation pour le camping. Elle me donne de très bons conseils pour visiter et me donne mon billet. Amusant le billet pour le vélo est plus cher que pour le passager.
Incroyable. Me voilà avec un billet aller retour pour cet archipel aux milles îlots! Je suis hyper excité tout d’un coup.
Nous sommes trois personnes à prendre le bateau avec des vélos. Il y a deux companies, j’ai pris sans faire attention le plus petit bateau, nettement plus petit. Il y a de toutes façons peu de monde, j’imagine que pas mal de monde est allé au festival à Paimpol. Nous sommes dans le courant inverse!
La traversée dure dix minutes. 5 pour arriver au camping. Le terrain est très grand, assez en pente et il y a assez peu de tentes. Je choisis une parcelle qui a une vue magnifique sur les îlots. Installation de la tente, puis je m’installe à une table en bois en attendant que mes appareils rechargent. Un type me rejoint et s’installe aussi et on commence à discuter. Ça fait trente ans qu’il vient ici, toujours trois semaines. Il vient avec ses enfants et ils pêchent. J’apprends que les bars et les daurades reviennent quelques jours avant les grandes marées, donc ce week-end. Il me conseille d’aller voir le coucher de soleil à la croix de Maudez. Il est environ 19h, et le soleil fait une apparition timide, après une journée très grise. Avec ce temps le coucher de soleil devrait être exceptionnel.
Je pars à vélo, l’île fait deux kilomètres de haut, donc ça va assez vite. Je me dirige directement au phare du Paon, au nord, c’est désert à cette heure là. En fait un y a deux îles reliées par un tout petit pont. Les rochers autour du phare sont ocrés, plutôt que roses, je trouve. Malheureusement la lumière n’est pas terrible, ça doit être magnifique quand ils sont bien éclairés. C’est déjà très beau alors que le ciel blanc ne favorise pas les contraste.
Mais le soleil est de plus en plus présent, et je me dirige vers la croix comme conseillé par le type du camping. Je m’arrête au carrefour city dans le bourg, j’achète de quoi dîner et je cherche un endroit à l’ouest, dégage pour observer le coucher de soleil. Le ciel est maintenant pommelé de nuage, qui forment des grappes arrangées en forme de triangle. Il y a aussi des bandes plus homogènes. Ça promet.
Je m’installe sur une grève, c’est d’un calme absolu. Il y a plein de petits îlots en face de moi, qui forment un tableau très contrasté avec le soleil en arrière plan. Saumon gravlax, tomates, Scamorza fumée, yaourt au lait entier, un festin de roi, face au soleil déclinant sur la grève. Les tons, d’abord jaunâtres, deviennent de plus en plus chauds et tournent à l’orange assez vite. C’est splendide. Alors qu’il reste encore quelques minutes, je décide de bouger et de me déplacer un peu plus au nord pour avoir une vue encore plus dégagée. Une famille regarde le spectacle au bas de l’escalier, je leur conseille de se déplacer sur la grève pour mieux voir le soleil. Apparemment surpris du conseil, ils me remercient vivement.
Je fais quelque centaines de mètres à vélo, vers le nord, et trouve un endroit plus dégagé, une large zone herbeuse, un petite anse bordée de quelques maison au point de vue majestueux. Le bord de mer est apparemment aménagé avec une sorte de moulin que je devine dans la pénombre. Il y a quelques personnes qui sont là à regarder le spectacle. Le soleil descend lentement à l’horizon et les spectateurs semblent aussi ébahis qu’à regarder un feu d’artifice. Je ne suis pas sûr d’avoir déjà passé autant de temps à regarder un coucher de soleil. « Bon! ».







À noter que le ciel va rester tout rose, même après le coucher du soleil. Féerique.
Demain visite de l’île, avant l’arrivée des touristes par bateau.
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