Eh oui, ça arrive, il a plu cette nuit. Une petite dépression est passée, avec sa petite traînée qui a arrosé l’ouest de la France, en même temps à Brest et Cancale. Mais vraiment la dépression qui veut se la péter, un bon vent force 4-5, du genre vous allez voir ce que vous allez voir. Et qu’a-t-on vu? Un petit crachin de rien, qui n’a même pas fait peur aux parisiens voisins d’emplacement de camping. Ça ne m’a même pas empêché de dormir. La tente a un peu tangué, mais vraiment pas de quoi faxer à sa mère (ça faisait longtemps!). Je dis au revoir à mes voisins, ils vont aujourd’hui à Dinard, puis rentrent ensuite en deux jours à Rennes. Ils viennent de faire un morceau de la Veloscenie, c’est leur premier voyage. Une des filles me demande pour la deuxième fois par où je passe pour aller à Saint Malo, je sens une petite angoisse. « Vous n’allez pas prendre par la côte quand même? Vous allez prendre la départementale? » Je sens l’inquiétude dans sa voix. Et je lui répète que je ne sais pas, je suis mon itinéraire. Et c’est vrai!

«  Il paraît que la Bretagne c’est … ». Elle fait un signe avec sa main, comme un vague.

– Oui ça monte et ça descend sans arrêt, pas longtemps, mais ça n’arrête pas.

– oui c’est assez physique, il paraît,

– oui mais en même temps, c’est aussi pour ça qu’on fait ça! ».

J’adore! Je ne suis pas sûr de l’avoir rassurée.

Départ pour la pointe du Grouin, à deux roues du camping, évidemment. Ça souffle encore, mais il fait beau. Il y a quelques promeneurs, ils semblent un peu perdus, à regarder à droite, à gauche, comme si une voiture allait passer devant eux. On a l’air un peu con quand on est touriste en fait.

Fini la baie paisible du mont Saint Michel. C’est maintenant une côte rocheuse, j’attaque la route qui longe la mer, à flanc, devant moi une côte rocheuse découpée et parsemée de pointes multiples, la mer bleue un peu émeraude sur la droite, le ciel bleu délavé. Je me prend une grosse baffe, tellement c’est beau. Dès le matin, dès les premiers mètres. J’adore vraiment la Bretagne. C’est après la pluie que c’est le plus beau. La lumière.

J’ai une chose à vous avouer, le voyage à vélo, c’est un peu les montagnes russes des émotions. Un moment, on en bave dans une côte, on se demande ce qu’on fait là, et l’instant d’après on s’extasie devant un paysage splendide. Et puis on se fait une frayeur dans une descente. Et puis on fait une brève rencontre, et puis on se demande où on va dormir le soir, et comme ça sans arrêt. Je ne veux pas vous le vendre, mais Space Montain, à côté, ça ne peut pas lutter.

J’alterne entre la côte et les villages, j’ai un peu toujours le doute, la peur de rater quelque chose alors que je suis passé à côté. Étrange, non? Et d’ailleurs ça arrive, aux Pays-Bas, je suis passé complètement à côté d’une zone humide qui a l’air incroyable. Mais bon, il faut faire des choix. C’est de toutes façons très beau. Je fais un écart par Minihic, et je rentre dans Saint Malo. Déjà! Vu incroyable sur la plage du Sillon.

Je vais trop vite. Je rentre dans la ville par l’est que je ne connais pas. C’est très beau, il y a de belles demeures bourgeoises dans le quartier des thermes maritimes, puis il y a un minuscule quartier de maisons plus modestes, au style très anglais. Et puis c’est l’entrée dans la ville, la plage du Sillon, les remparts, la vieille ville. Je suis venu en 2020, et j’avais fait une ballade sur la plage avec Evelyne. Il faisait un temps épouvantable, comme souvent. Mais comme disait un ami breton, la Bretagne c’est toujours beau, même quand il pleut. Aujourd’hui ce n’est pas le cas, il fait très beau. Un tour rapide de la ville, très fréquentée bien sûr, et je prend le bateau pour la traversée de la Rance. Ma sœur m’avait conseillé de prendre le bac, donc je m’exécute. Et puis j’adore les bacs. La traversée est très rapide, je fais le touriste bien sûr. Je ne suis pas le seul, les appareils photos sont de sortie. Un type a un appareil compact LUMIX qui doit dater des premiers appareils photo. Saint Malo s’efface lentement et fait place à Dinard.

Je descend du bateau, enfourche ma bicyclette, et démarre dans un silence impressionnant. Je me dit qu’elle est très bien réglée. Le couple a l’appareil photo me regarde passer, avec un mélange d’air impressionné et envieux. Souriants. Je leur souhaite de bonne vacances, j’entends crier « vous aussi » derrière moi.

L’ambiance de Dinard est très différente de Saint Malo. Je ne saurais qu’en dire, mais je n’aime pas tellement, en fait. Et puis trop de monde pour moi. Je pars pour une partie de la côte que je connais pas, Saint Lunaire et Saint Briac, jusqu’au cap Fréhel. Je mange une crêpe à Saint Lunaire et fait une vraie pause à Saint Briac, sur la place de la poste. Entre les deux, je traverse des micro villages, fleuris, charmants. Très beau parcours dans les ruelles.

Je me perds pas mal dans Saint Lunaire. D’ailleurs je me perd pas mal aujourd’hui. C’est un jour ballade découverte. Au hasard. Je ne saurais pas dire par où je passe entre Dinard et Saint Briac, je vagabonde. Je m’extasie devant un de ces moulins multicolore pour enfants, que je voyais dans mon enfance, et que bien sûr on n’a jamais acheté. Vous savez, dans une de ces boutiques colorées, avec tout un tas de jouets de plage, cerf-volants, ballons, bateaux gonflables. Avec des articles qui débordent jusque sur le trottoir, et qui aimantent le regard des enfants.

Saint Briac est très sympa, joli village, ambiance vacances familiales. Il y a beaucoup d’étrangers, je suis surpris. À force de dire la Bretagne par ci, la Bretagne par là, faut pas s’étonner, ça commence à se savoir.

Il y a a priori beaucoup de plages dans le coin, j’hésite à aller à celle de saint Briac, la plage de l’islet ou celle de Saint-Sieuc, mais vu l’heure légèrement tardive je décide de traverser la baie et d’aller à Saint-Jacut-de-la-mer. J’ai repéré un camping qui sera parfait pour explorer la pointe du Chevet.

Pour une fois j’arrive au camping assez tôt, il est complet bien sûr, mais j’obtiens une place dans le coin des randonneurs, qui se sont déjà installés en nombre. Je monte ma tente, et je me dis que je vais aller voir la pointe, sans les sacoches. Les voyageurs à vélo apprécient d’aller faire du vélo sans sacoche, c’est tout d’un coup tellement léger et facile. Je resort du camping, prend le chemin de la pissotte. Un terre plein latéral herbeux offre un point de vue sur la baie magnifique. Je vais pour m’y poser et prendre une photo, j’avise une ornière assez profonde, j’accélère pour la passer en force, mais pas assez, la roue avant se plante dans l’ornière, je fais un petit soleil, et fait un roulé boule dans l’herbe. J’ai eu du bol, je suis passé à côté d’une grosse pierre qui empêche les voitures de se garer à cet endroit. Vous voyez le genre de pierre? Des gens viennent vers moi, prennent de mes nouvelles. Je me redresse, je n’ai rien, je les rassure et les remercie. Je regarde, non, je n’ai rien, vraiment de la chance. Ah François tu as voulu te la peter sans sacoches? Et ben voilà. Je remonte sur le vélo qui n’a a priori rien, j’ai eu peur pour la fourche, a priori pas de bobo pour le vélo non plus. Ouf!

Je remonte sur le vélo et reprend mon chemin, je démarre lentement pour voir si tout va bien. Ça a l’air d’aller. Je fais 20m et tout d’un coup j’entends « klong klong » à l’arrière. Je devine déjà. Je m’arrête, descends du vélo, regarde et voit le dérailleur arrière pendre lamentablement. Est ce le dérailleur qui est cassé ou la patte de dérailleur?

Pour les novices en voyage à vélo, et en vélo tout court, sachez que les vélos des années 2020 ont tous une patte de dérailleur qui est spécifique à la marque de vélo, voire au modèle de vélo. C’est mon cas. La patte de dérailleur est une pièce qui relie le dérailleur arrière au cadre. Elle est faite pour casser, pour épargner le dérailleur, et ke cadre, en cas de choc, car un dérailleur coûte plus cher. J’ai appris ça à mes dépends lors de mon tout premier vrai voyage, dans les environs de Dunkerque. Et donc, comme cette pièce est spécifique au vélo, il est presque impossible de trouver une patte de dérailleur de remplacement en cas de casse. Même sur les vélos décathlon, c’est comme ça, un vendeur me l’a confirmé. Donc il faut ABSOLUMENT commander une patte de dérailleur de rechange, au cas où elle arriverait à casser. Ne me demandez pas pourquoi c’est comme ça, c’est incompréhensible.

Je regarde le dérailleur. Il fait peine à voir. Tout à l’air bien tordu. Est ce que la chaîne ou la platine à galets est tordue? Je m’étonne d’avoir pu rouler après la chute, même 20m. Peut être ai-je cassé quelque chose en roulant? Je regarde de plus près, et je vois que c’est la patte de dérailleur qui a cassé. Bon, évidemment, j’en ai une de rechange. Mais est ce qu’il n’y a pas autre chose? Je rentre à pied au camping qui est à 100m maximum. Je m’installe pour réparer devant l’accueil. Je démonte la roue, j’enlève la chaîne, elle n’a pas l’air tordue. Le patron du camping vient vers moi et me dit qu’il y a un petit atelier de mécanique vélo si j’ai besoin. Adorable. Je lui demande un peu de produit vaisselle car je m’aperçois que la chaîne est dégueulasse. J’enlève la pâte de dérailleur cassée, monte la neuve, remonte le dérailleur. Tout à l’air bien aligné. Je remonte la roue, elle tourne parfaitement. Bon, a priori, il n’y a que ça, cette patte de dérailleur. Elle vous épargne une casse du cadre, mais peut vous saborder un voyage. Parce que franchement c’est stupide, il est tout à fait possible de trouver un dérailleur n’importe où. Mais pas une patte de dérailleur spécifique, c’est impossible. Depuis un an ou deux, sont apparues des pattes de dérailleur UDH, Universal Derailleur Hanger. A priori donc, elle vont sur tous les vélos, conçus pour elles. Mon prochain vélo aura une de celle là, c’est sûr!

Il me faudra un certain temps pour remonter la chaîne après l’avoir dégraissée, j’essaye le vélo, et tout semble OK. Je pars dans Saint Jacut car il est maintenant 19h avec toutes ces conneries, et il faut que je trouve à dîner. Ce soir ce sera crêperie ! Avec crêpe à l’andouille , ma préférée. Et une bouteille de cidre. Les montagnes russes des émotions!


En savoir plus sur Vélibre

Subscribe to get the latest posts sent to your email.


Commentaires

N’hésitez pas à partager vos impressions!