Il y a des étapes marquantes, plus que d’autres. Celles que j’attends depuis la préparation de ce voyage. Et celle qui s’annonce aujourd’hui, c’est du solide. Jugez du peu :
- le pont de Terenez sur la rivière Aulne
- Le Menez Hom, point culminant de la Bretagne, 330m de haut
- Les dunes de Sainte Anne la Palud
- Locronan
Le pont sur la rivière Aulne, c’est le souvenir de mes voyages en car les jours de tempête en rade de Brest. J’adore ce coin un peu perdu, sauvage, un peu marécageux aussi, et ses rivières qui se retrouvent presque à sec à marée basse. Le Menez Hom, je n’y suis jamais allé, mais le type au vélo vintage l’autre jour me l’a bien vendu. La plage de Sainte Anne la Palud, c’est là où j’ai fait ma première séance de planche dans les vagues, 2m de haut, j’étais tout seul à naviguer. Mes genoux s’en souviennent encore. Une copine directrice de colonie de vacances, où j’étais moniteur de ski, m’avait invité quelques jours chez elle. Grand souvenir. Elle s’appelait Isabelle. Elle avait un frère avec qui j’ai fait aussi une colonie de vacances, Alain. Il y avait aussi Gwénola, une autre monitrice. Locronan, c’est un village médiéval très joli, où se trouvait une pâtisserie qui faisait les meilleurs gâteaux bretons et kouign-amann que l’on puisse acheter au sud de la presqu’île de Crozon. C’est dire!
Je démarre de mon camping, avec une très belle vue sur la rade, le soleil d’Est éclairant la rade mieux que hier soir.


C’est une longue montée jusqu’au Menez Hom, mais du coup les 330m se font régulièrement a priori. Je fais quelques kilomètres et dans un virage, trouve un petit parking qui sera parfait pour un décollage du drone. Je veux faire des plans de la rade et de la rivière Aulne. Je décolle et découvre très vite le pont de Terenez sur la droite. Un pont suspendu, un peu perdu dans la nature. Assez impressionnant. Je suis satisfait et repars. Je passe le pont qui n’est pas rectiligne mais fait une douce courbe vers la droite, avec de petits dégagement pour les vélos pour passer les deux piles du pont.
Ça continue de monter, et je me dis que ça va pas être si facile. J’abandonne définitivement l’idée d’aller dans la presqu’île de Crozon, j’avais un petit espoir, mais avec le retard accumulé, je ne peux pas me le permettre. Et même je me demande si je vais faire le Menez Hom! J’avance sans trop réfléchir, en reportant la décision au dernier moment. Par la route, depuis le camping, ça fait 471m de dénivelé, pour 16km. 3%. C’est pas le Tourmalet, mais ca commence à faire.
Je passe Argol, m’arrête prendre un café, je suis déçu, j’attendais un beau petit village, ce n’est pas le cas. Je reprend la route et j’arrive à la bifurcation pour l’ascension du Menez-Hom. Je consulte la carte, il me reste 1,8km pour les derniers 100m de dénivelé. J’y crois pas! Tout à fait faisable! Ok, il y a des passages à 9%, mais ça ne dure que 1,8km.
C’est parti et j’arrive, à mon rythme, au sommet. C’est grandiose. On voit non seulement la presqu’île, mais aussi la rade de Brest. Et même Brest. Il y a très peu de monde, peut être cinq personnes. La moitié de cyclistes. Je suis très content d’être venu. Presque fier d’être monté jusque là.

Ensuite c’est une longue descente vers Sainte Anne la Palud. Mais ce n’est pas si tranquille, d’abord parce qu’il y a de petites côtes bien raides de temps en temps, ensuite parce que les descentes sont bien raides aussi, et je suis debout sur les freins, surveillant chaque gravillon qui pourrait me jouer un sale tour.
Enfin j’arrive sur la plage de Sainte Anne. Je suis surpris parce que j’étais sensé arriver par le haut des dunes, comme quand j’avais amené Nathalie ici. Mais non en fait j’arrive sur la plage. C’est apparemment un endroit prisé par les surfers maintenant. Et je remonte donc sur le haut des dunes. L’endroit n’a pas changé. La taille du camping sur la plage a grandit, mais pour le reste, c’est comme à l’époque. Juste un peu plus d’algues vertes. J’y ai fait ma première séance de planche à voile dans les vagues. Il y avait un vent de fou, des vagues de 2m, je ne plaisante pas, elles étaient plus hautes que moi. Je ressens encore l’accélération quand j’étais rattrapé par la vague et que je me mettais à surfer. Je n’avais jamais ressenti cette sensation là. J’étais tout seul à naviguer là, ces jours là. Je crois que je suis resté deux jours. Deux jours encore parfaitement présents dans mon esprit.


Isabelle habitait une maison au dessus des dunes. On ne voyait pas la mer depuis la maison, sauf depuis la salle de bain au dernier étage, par une petite fenêtre, en se mettant sur la pointe des pieds. J’ai cherché cette maison, je crois l’avoir trouvé. C’est une maison blanche classique, avec les tours de fenêtres en granit. Et je me souviens d’un drôle de petit jardin devant la maison. Il n’y a pas de nom sur le portail, ni même à côté. Probablement le facteur connais tout le monde par cœur. Pas besoin de numéro, ni de nom. Il y a un type dans le jardin, que je ne reconnais pas. J’avance un peu, et avise une poubelle, mais il n’y a pas de nom sur l’autocollant apposé sur le couvercle. Mais j’avance encore un peu et vois une boite au lettres. Je vois le nom marqué mais je ne le reconnais pas. Probablement, la maison a été vendue, comme souvent lors d’un héritage. Dommage. J’aurais bien revu Isabelle, Isa comme on l’appelait. Qu’était elle devenue? Elle avait fait des études dans l’environnement, avait travaillé à la mairie de Rezé, au sud de Nantes, puis à Paris. Mais elle rêvait de pouvoir revenir dans sa région. Elle était assez grande, assez blonde. Avec un joli visage ovale aux pommettes saillantes et aux petits yeux bleus. Isabelle, si tu me lis, écris-moi!
Direction Locronan. Alors Locronan, c’est d’abord un beau village de France, datant de l’époque médiévale, et connue pour le tissage du chanvre et du lin. Mais, à l’époque contemporaine, c’est un village où on trouvait des pâtisseries bretonnes à tomber par terre. Et donc les pâtisseries et crêperies se mélangeaient aux galeries d’artistes locaux et de peinture sur soie. Est ce que ça a changé? Et bien oui, aujourd’hui il n’y a que des pâtisseries et des crêperies. Et la pâtisserie Le Guillou, à côté de la crêperie Ty Coz, une référence, existe toujours. Je rentre et prends un assortiments que je tairai. Juste, le gâteau breton nature est un poil moins bon que dans mon souvenir, moins sableux. En revanche, le kouign-amann est génial.





Direction maintenant Douarnenez. Je n’ai pas de souvenir dans cette ville, mais elle est assez mignonne en fait. Je vais dans un gros camping, Huttopia, qui se trouve sur le haut de la ville. J’arrive en sueur au sommet, et je fais pitié au gérant, qui me trouve un emplacement minuscule en haut au fond. J’accepte, mais c’est quand même limite. Ce soir ce sera lessive complète.
N’hésitez pas à partager vos impressions!