Il a plu toute la nuit, et il pleut encore ce matin. Selon la météo, la pluie doit s’arrêter à 10h. On a prévu d’être prêt à ce moment là. Comme le temps est incertain, on a sorti les tenues en conséquence. Cuissard long, veste de pluie et pantalon de pluie. Au cas où la chaussée serait mouillée. On est prêt à affronter le pire temps si jamais, mais normalement il ne devrait pas pleuvoir entre Thonon et Genève. En revanche, entre Genève et Bellegarde, c’est pas joli joli.
9h. 10h. 10h30. En fait, la pluie ne s’arrête pas. Donc on part sous la pluie. Oh pas bien méchante, mais la pluie c’est la pluie et en vélo on est vite trempé. On commence par faire un grand tour de Thonon, il faut descendre au bord du lac, on va trop loin et on doit faire demi tour. Enfin nous nous retrouvons sur la route de Genève.
Quoi dire? Eh bien pas grand chose les amis. La pluie, la pluie, la pluie, jusqu’à Genève. 40km sous la pluie. Dans ce cas là, on baisse la tête et on pédale. J’ai les pieds trempés très vite, mais pour le reste, pas de problème. Les longues sessions photos sont loin, aujourd’hui on n’en prendra pas une seule.
Arrivée à Genève, la pluie s’est arrêté, il fait assez froid, c’est venté, on cherche de quoi manger et on trouve un supermarché COOP, à côté d’une synagogue. On mange sur un banc, on regarde passer les genevois, si différents de nous. Pas évident de dire pourquoi, mais leur style vestimentaire est différent. Hommes comme femmes.
Cette ville est assourdissante. Non pas qu’il y ait énormément de monde, mais c’est très bruyant. On reprend nos vélos et traversons la ville. Pas très sympa non plus cette traversée, on se retrouve assez brutalement dans la campagne, après la traversée d’un quartier résidentiel, près d’Onex.
Ensuite, c’est de la descente jusqu’à Chancy, on passe le défilé de l’écluse, c’est ultra impressionnant. Plus on s’approche et plus on a l’impression que la montagne a été ouverte pour nous laisser passer. On a les crêtes du Jura au-dessus de nous à droite, avec le crêt de la neige, point culminant du Jura, et on s’approche lentement de ce défilé. C’est aussi ça de voyager à vélo, on a le temps d’observer le paysage, la topographie. De se poser des questions, de se remémorer l’histoire, la formation des chaînes de montagnes, la géographie. C’est sûrement pour ça que la déconnexion est si rapide. On a parfois l’impression, on se voit naviguer sur une carte en trois dimensions. Parce qu’on a étudié le parcours au préalable, pas seulement comme une trace avec des points de passage, plate. Mais avec le relief, les virages, les villes et villages, les mers parfois. C’est pour cette raison que c’est important de faire un repérage de l’itinéraire. On sait, ensuite, quand on y est, où l’on est. On se voit. On sait qu’il va y avoir une montée, une descente, un passage de rivière, une ville. Ça n’enlève rien à la découverte des lieux, mais ça rend la découverte plus intense.


C’est la frontière avec la Suisse, on la passe sans émotion particulière. Le ciel est gris très sombre, mais il ne pleut pas! Toujours pas. Et tout d’un coup, on prend un tunnel, qui n’était pas signalé. Seul Pascal a le réflexe d’allumer sa lumière arrière, j’y pense mais je préfère garder les deux mains sur le guidon. On n’en mène pas large, les voitures nous doublant assez vite et très proche. Je m’arrête à la sortie du tunnel un peu soulagé. On se dit qu’il pourrait être signalé, Pascal pense même qu’il devrait être interdit aux vélos. En tout cas ce genre d’événement à vélo est un peu flippant.
Puis notre itinéraire s’éloigne de la grosse départementale, on emprunte un chemin forestier empierré, on se fait un fort gradient pendant un kilomètre. On attaque le début du Jura. J’arrive bien essoufflé en haut, c’est bon pour mes cuisses qui manquent un peu d’entraînement. Puis c’est la descente, longue, vers Bellegarde sur Valserine. Pas mal de voitures encore, bouchon à l’arrivée.
On trouve notre appartement facilement, Bellegarde n’est pas une très grosse ville. Pas très folichonne non plus. Et l’appartement n’est pas au niveau de celui qu’on avait à Thonon. On finit la soirée au restaurant. Et on débat une fois de plus sur l’état de la France, les différences Paris-Province. J’aurais un peu de mal à obtenir du serveur d’avoir une serviette supplémentaire, ce qui alimentera notre conversation évidemment. Mais tout ça nous fera beaucoup rire et c’est déjà pas mal!
Une journée un peu triste, mais surtout qui sera la dernière. En effet, la météo n’est pas bonne pour les jours suivants, froid, pluie, alors que nous devons amorcer la remontée vers Pontarlier, via la traversée du Jura, et passer des cols à 1200m d’altitude. On n’a pas trouvé de logement sur le parcours, donc on a décidé de remonter le lendemain vers Paris en train. Il y a un peu un goût d’inachevé, mais c’était quand même un très beau voyage, au bord des lacs. Et j’ai beaucoup apprécié de voyager avec Pascal, qui est un excellent compagnon de voyage.
À bientôt pour le film !
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