On se lève très tôt, vers 6h30. En effet les ouvriers en bas ont commencé les travaux et ils commencent à faire du bruit. Nos habits ont séché, nous avions fait une grande lessive, pour une fois que nous étions à l’hôtel.

Pas la peine d’attendre, on se lève tous les deux et sans prendre de petit déjeuner, on pars vers 8h. La pluie est annoncée vers 13h donc plus on part tôt et plus on pense qu’on pourra échapper à la pluie. On prend quand même la peine de prendre des photos avant de partir, la vue des Alpes depuis la rive nord du lac Leman est décidément magnifique.




On sort facilement de Vevey, la ville d’adoption de Charlie Chaplin, et on arrive assez vite à Montreux, la ville d’adoption de Freddie Mercury. La ville est encore endormie à cette heure. Il y a très peu de monde dans les rues, quasiment pas de magasin ni même café ouverts. Il ne fait pas très beau, on prend la Grand rue qui traverse la ville, bordée de magasins de luxe et d’hôtels chics. Rien n’est ouvert, seulement un café de temps en temps, c’est une ambiance très différente et un peu surannée qui règne ici. L’architecture en partie victorienne n’y est pas pour rien probablement.
Je ne me souviens pas qu’on se soit arrêté dans la traversée. Et nous nous retrouvons très vite en dehors de la ville et arrivons au château de Chillon.

Ce château est situé aux confins du Léman, et de lui, on a une perspective sur tout le lac, et en particulier la rive nord côté Jura. C’est un château médiéval en parfait état, planté de plusieurs tours et formé de murailles assez hautes. Il fut construit sur une plate-forme rocheuse, qui forme une île, reliée à la berge par une passerelle de bois abritée par un toit. J’adore la perspective sur le lac à travers cette passerelle.

On ne visitera pas le château, pas plus que la maison de Charlie Chaplin, ni la maison du lac du Corbusier, mais nous continuons à la recherche d’un endroit où prendre le petit déjeuner. Et nous nous retrouvons brutalement dans une forêt. Tout est très humide et la transition avec la zone urbanisée précédente est brutale. Nous zigzaguons sur une route forestière très agréable, très roulante aussi, et on commence à voir la rive nord du lac, très différente de la vue qu’on avait de cette même rive, sur les Alpes. Là c’est le Jura qui est en arrière plan, qui forme un décors beaucoup plus doux et presque plat en comparaison. On entre ensuite dans une zone assez humide, la réserve naturelle des Grangettes, qui est une sorte de petit delta, formé par le Rhône qui se jette dans le Léman à cet endroit.

Nous allons reprendre la route au bord du lac, mais il y a deux petits cafés qui sont ouverts, au Bouveret, et nous nous arrêtons pour prendre notre petit déjeuner. La patronne est d’une très grande amabilité, comme toujours depuis le début du voyage. Et nous sert la formule tout compris, avec jus d’orange pressée, croissant et des tranches de tresse, sorte de petite brioche tressée. Mais attention, on ne dit pas brioche tressée en Suisse, je me suis déjà fait reprendre une fois, on dit la tresse. Dans une boulangerie à Neuchâtel, j’avise des petites brioches individuelles, et dis donc « je vais prendre une petite brioche », en regardant un peu fixement le bac où elles se trouvaient. La serveuse me répondit « on n’a pas de brioche ». Un peu étonné, je lui dis que je prendrais bien ce qui ressemble à une brioche, un peu tressée, et même en montrant le bac du doigt. La serveuse me dit alors « ce n’est pas une brioche, c’est une tresse! ». « Ah d’accord, et bien, je vais prendre une tresse alors! ». En Suisse, il faut être précis. Une tresse c’est une tresse, et non pas une brioche.


Une fois rassasiés, nous reprenons notre route, en direction de la France. Nous entrons dans Saint-Gingolph, et prenons une piste cyclable qui serpente à flanc de montagne, quelque mètres au dessus de la route. Nous croisons quelques cyclistes, dont une allemande avec qui j’échange quelques mots d’allemand. De temps en temps, j’aime bien me laisser imaginer que je peux parler cette langue que j’ai appris au lycée. Mais en fait, pas du tout!
Nous continuons et arrivons à Evian. Je tiens absolument à aller remplir mes gourdes à la source, aussi nous garons nos vélos et montons dans le centre vers la source Cachât. Nous découvrons un très beau bâtiment art nouveau, et en particulier ses verrières. Dommage que le bâtiment soit enchâssé dans les immeubles environnants.
Je remplis mes gourdes à la source, très belle et bien entretenue, et très peu fréquentée.

Nous déjeunons au bord du lac de sandwichs et coca (la boisson du cycliste). Prochaine étape : Thonon les bains. Nous avons réservé un appartement, car cette fois ci, la météo annoncée est très pluvieuse, pour toute la nuit. Nous arrivons très tôt vers 14:30, mais l’appartement n’est pas encore disponible. Nous garons les vélos et allons faire un tour de Thonon. C’est désert. Nous sommes dimanche et il y a seulement quelque jeunes gens désœuvrés dans les rues. Nous parisiens, c’est toujours un peu étrange de constater le manque de vie dans certaines petites villes de province. Nous retournons vers l’appartement vers 16h. En dépit de la façade de l’immeuble pas très attirante, l’appartement est vraiment très bien, spacieux, très bien décoré aussi, avec un grand salon et une chambre. Très chaleureux. Pascal prendra cette fois ci la chambre, et moi le canapé lit dans le salon. Enfin, lit, il faut le dire vite. Mais ça ne m’empêchera pas de dormir très bien.
Nous voulions attendre la fin de la pluie, démarrée vers 19h, pour aller dîner, mais ce n’est que vers 20h que nous sortons et allons dîner à la trattoria Borelli, tout près de l’arrivée du funiculaire. Nous montons à l’étage, car il n’y a que très peu de tables dans la salle au rez de chaussée. Et c’est une excellente surprise, une toute petite trattoria qui vient d’ouvrir, deux semaines plus tôt. Nous prenons un plat de pâtes, Pascal prenant « mia carbonara », des raviolis où la joue de porc (guanciale) a été remplacée par de la joue de bœuf. Je prends des papardelles au ragu de canard. On nous offre aussi un amuse bouche et un sablé italien en fin de repas. Nous faisons des compliments au jeune garçon qui nous a servi. Il s’avère que c’est le fils du patron, qui monte lui même nous remercier pour les compliments et nous fait un long discours sur son expérience acquise dans d’autres restaurants, les pizza nouvelle mode, avec enthousiasme ! Et il nous offre aussi un limoncello avant de partir. La trattoria Borelli, à Thonon les bains. Nous recommandons.

Une excellente étape au final, peut être la plus belle depuis le début du voyage.
N’hésitez pas à partager vos impressions!