Vélibre

Vélo. Libre. Vélibre.

Lendemain qui chante

Je me réveille en sursaut. Je suis trempé de sueur. Quelle heure est il? Je vois des lueurs de lampes au dehors. Je sors la tête de ma tente. Il y a quelques personnes dehors avec des lampes torches, je crois. Une personne s’avance vers moi. Je le reconnais c’est le type du camping, celui qui m’a prêté son produit vaisselle hier.

– Ça va monsieur Guillaumin?» Pas de doute c’est pour moi qu’il est là.
– Oui ça va. Que se passe t il?
– On a eu peur monsieur Guillaumin.
– Ah bon? Mais que ce passe-t-il?
– Ah vous avez l’air d’aller bien, ça va. Les autres personnes se rapprochent aussi. Je les entends chuchoter. Il y a des randonneurs qui se sont installés sur l’emplacement, je les reconnais. Mais il y a d’autres personnes que je ne reconnais pas.
– Vous avez fait un cauchemar, monsieur Guillaumin?
– Un cauchemar? Heu, je ne sais pas, Je viens de me réveiller, ce sont vos torches probablement qui m’ont réveillé.
– Ça fait un quart d’heure que vous hurlez, monsieur Guillaumin. On a eu peur, voussavez? Alors on est venu voir.
– Ah bon!?

Je ne savez? Alors on est venu voir.
– Ah bon!?

Je n’en reviens pas. Tous ces gens sont là parce que j’hurlais.

– Mais qu’est ce que j’hurlais donc? Vous avez entendu?
– Ce n’était pas très clair Monsieur Guillaumin. C’est pour ça qu’on est venu, on ne savait pas ce qu’il se passait.
– Et qu’est ce que vous avez entendu en arrivant?
– Oui oui, monsieur Guillaumin. Vous criez « je n’ai plus de patte de dérailleur! Je n’ai plus de patte de dérailleur!« 

Mais non je blague!!! J’ai très bien dormi. Juste mon matelas n’étais pas assez gonflé donc j’ai eu un peu mal au côtes sur le matin. Le fait est que je n’ai plus de patte de dérailleur de rechange.

Bon alors après cette journée particulière, c’est reparti ce matin. Un petit œil avant de partir à la plage à côté du camping, la plage de la Manchette, et j’entends derrière moi «  alors cette patte de dérailleur, c’est réparé? » je me retourne et je vois une cycliste qui s’était arrêté à côté de moi quand j’étais en train de réparer. Je l’avais remarqué parce qu’elle avait une cagoule intégrale qui la protégeait du soleil. Elle m’avait dit qu’elle avait une patte de dérailleur de rechange, mais qu’elle ne savait pas quoi en faire si jamais elle cassait la sienne.

– Au moins vous pourrez aller la faire remplacer dans un atelier

Je n’avais pas pensé à lui montrer comment faire pour la remplacer, tellement pris dans mes affaires.

– Oui oui, c’est réparé. J’ai touché tous le bois que j’ai trouvé pour que ça n’arrive plus, lui dis je.

Elle va à Brest! Donc on se dit qu’on se retrouvera peut être en chemin.

Départ. Je vais quand même voir la pointe du chevet, je suis venu pour ça. Je repasse devant le Café du Haut, où j’ai dîné hier soir, la patronne sort à ce moment et me souhaite une « bonne balade », avec un signe de main. Il y a des attentions comme ça, ça redonne le moral.

Direction maintenant le cap Fréhel. l’itinéraire passe par Saint Cast le Guildo, j’achète un peu à manger dans une boulangerie, mon premier kouign amann du voyage. Pas mal pour un premier, mais pas au niveau de ceux de la baie de Douarnenez. Je traverse la rivière le Guildo, qui est quasiment à sec à cette heure. J’adore ces rivières bretonnes qui sont envahies d’eau seulement par les courants de marée, sinon ce seraient de ridicules rivières.

Très beau petit chemin ensuite à droite après le pont, en sous bois. Ça grimpe mais pas trop, je suis maintenant dans les côtes d’armor, depuis hier, quand j’ai passé le Frémur, après Saint Briac. Auparavant j’étais en Île et Vilaine. Je me souviens très bien dans ma carte des départements Yoplait, l’île et Vilaine avait une forme de grosse boule, et au nord une fine bande de terre qui rejoignais la mer. Je me disais que les gens avaient de la chance de pouvoir aller à la mer par cette fine bande de terre.

Je suis en approche d’un haut lieux de vacances. Erquy, les Sables d’Or les Pins, Pléneuf-Val-André, le cap Fréhel. Nous y sommes allés plusieurs années aux vacances de Toussaint, avec Tristan et Juliette, et la famille Witwicky. On y rejoignais parfois Titoune et ses enfants, une amie de Silvia. C’est marrant, je ne reconnais pas du tout Erquy, un petit peu Pléneuf-Val-André. Mais très bien les Sables d’Or les Pins. Et l’Anse du Croc. C’est marrant la mémoire. Elle fait sa petite cuisine, entre les ingrédients qu’elle garde, ceux qu’elle enlève, ceux qu’elle ajoute et qui ne sont pas dans la recette. Et évidemment il n’y a pas deux recettes identiques, chacun la sienne. Je me souviens qu’on avait joué sur la plage, à construire des châteaux de sable. Mais attention des châteaux pour s’y abriter, pas pour faire joli. Je crois qu’ils s’étaient transformés en voiture, et les enfants en étaient les pilotes. J’avais emmené mes cerfs volants, ça avait fait un tabac. Juliette avait un ciré jaune, Clara aussi je crois. C’était assez désert en cette saison, les Sables d’Or avait un goût de station balnéaire désaffectée. Il y a un Kasino aux Sables d’Or, c’est étrange un casino à cette endroit. C’était un endroit assez sauvage dans mon souvenir, en tous cas en cette saison.

Et bien en été, c’est très différent. Les Sables d’Or est une station assez fréquentée, bar, glacier, Kasino ouvert. En revanche, le bord de mer se prolonge à l’ouest par une bande sableuse qui ferme presque la baie, mais pas tout à fait, donc ça laisse un passage pour l’eau à marrée haute, et forme donc une espèce de presqu’ile.

La vue est magnifique, surtout que le temps est splendide et la plage mérite alors son nom de Sables d’Or.

Plage des Sables d’Or. S’il y a une chose que je ne regrette pas d’avoir emmené, c’est ma chaise pliante. Je m’en sers quasiment tous les jours.

Je continue ma route, mais je commence à être sacrément fatigué. Je m’arrête à Pleneuf pour prendre un verre. Je me laisse inonder par la marée de touristes qui vacancent en centre ville. Mon ostéopathe, monsieur Margulies, que je salue, me recommande de ne pas boire de bière, surtout en fin de sortie vélo, alors que c’est un des plaisir des cyclistes que de se boire une bière bien fraîche à la fin d’une sortie éreintante. Et bien je ne me rappelle plus pourquoi, mais c’est déconseillé. Voilà. C’est comme ça. Donc, pour ne pas braver l’interdit, je m’arrête en cours de sortie, et comme ça je peux l’évacuer sur la fin de ma sortie. Malin, non?

Je repars de Pléneuf, et décide de sortir de mon itinéraire, de foncer tout droit, et de mettre un maximum de distance entre la malchance et moi-même. Direction le fond de la baie de Saint Brieuc, et un camping nommé Camping Village Nature d’O. Il y en a deux mais l’autre semble beaucoup plus petit, mais bien placé… J’écrase les pédales sur la départementale D786, très fréquentée par les voitures en cette fin de journée. Sortie pour Morieux, puis Hillion, puis quelques kilomètres pour rejoindre le camping. J’arrive à 18:45, en général l’accueil des camping ferme à 19h. Ce n’est pas le camping village que je m’imaginais. En fait un camping un peu roots, au bord d’une plage très jolie au fond de la baie de Saint Brieuc.

Le dîner? La Cabane de Mytilus, au fond d’une zone d’activité mytilicole. Très simple très sympa, plat unique moule frite. Faut connaître l’adresse pour venir dans ce coin perdu. Mais vue sur la baie magnifique. Je vais découvrir ça demain.


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Commentaires

Une réponse à “Lendemain qui chante”

  1. Avatar de Fenies

    On s’y croirait mon cher François ! De tout coeur avec toi !

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