C’est la journée du passage au Danemark, en traversant la mer Baltique. Nous devons prendre le ferry à 6h du matin, la traversée prend deux heures, car en plus de ça nous avons prévu une étape finalement assez longue, 84 km. Treize à partir de Rostock jusqu’au terminal de ferry, le reste en arrivant au Danemark. En plus de ce départ matinal, de nuit, il est prévu de la pluie toute la journée…
On se réveille tous les deux assez tôt, 3h pour moi, à vérifier dans ma tête si tout est prêt, (mon passeport, l’ai je bien rangé ? ). Valérie me dit à 3:55 qu’elle a arrêté son réveil, donc elle devait être réveillée aussi depuis un moment. On se lève, nos affaires sont prêtes nous les avons préparées hier soir. Lever en silence pour ne pas réveiller notre hôte. A priori il ne pleut pas, on s’habille pour la pluie quand même.
Départ de Rostock
Départ à 4:35, il y a quelques vélos qui nous accompagnent dans la nuit noire, il pleut un tout petit peu, et il faut faire confiance totalement au GPS pour se repérer dans la traversée de Rostock. La pluie s’intensifie, puis s’intensifie vraiment. On s’arrête, Valérie met la cape de pluie, et on repart. Il est difficile de savoir si le terminal est encore loin, j’ai fait un parcours jusqu’à notre étape au Danemark, et le gps à écran tactile n’apprécie pas bien les sceaux d’eau qui tombent maintenant. Impossible de changer l’affichage. Je regarde l’heure à un moment et je vois 5:33. Il nous reste un peu moins de 15 minutes pour arriver, il faut prendre les tickets, et tout ça 15 minutes avant le départ. Il faut accélérer. Valérie a du mal, en plus elle ne voit pas grand chose apparemment.
Je comprends mieux l’alerte météo que j’ai reçu sur mon gps au départ : c’est avis de rafales de vent 80 à 100km. Entre Rostock et le terminal, la piste cyclable est à découvert et ça souffle pas mal. Je conseille à Valérie de rouler au milieu pour ne pas se faire balancer dans le bas côté.
On arrive au terminal enfin. C’est pas super bien indiqué, je suis mon gps un peu anxieux. La pluie s’est arrêté, c’est pas plus mal. Je vois finalement le bâtiment Fahrcenter, en néons bleus, et j’accélère. Je rentre dans le bâtiment, je vais aux machines à tickets mais le prix me parait trop élevé. Je vais au guichet. Une femme au centre m’indique de m’adresser à une de ses collègues. Il n’y a personne. Pas de bonjour, pas très aimables. Les deux billets sont à 64€! Il faudra qu’on vérifie le prix. On se dirige vers les portiques, à 100m. Le gars nous indique alors comment rejoindre l’embarquement. Il n’y a personne sur ces quais gigantesques. Deuxième à droite après le rond point, direction Scandlines Gedser, puis allée Nº4. Bon alors c’est pas vraiment la deuxième, je suis le panneau Scandlines. Valérie me le fait remarquer mais je fais confiance au panneau. Nous arrivons vers les allées numérotées, il y a des files de voitures et camions arrêtés. Nous prenons la file numéro 4, doublons toutes les voitures, et nous arrêtons derrière une moto. Je demande au conducteur si c’est bien pour Gedser à 6h, il me répond que oui. Ouf! Il y a un bateau pas loin mais ce n’est pas le nôtre. Le notre arrive seulement. Il est quasiment 6h. On va avoir pas mal de retard. Tout ça pour ça. Un type s’avance vers nous et nous fait nous diriger, les cyclistes, c’est à dire nous deux!, vers un abri. Ah oui en suivant la piste cyclable. Parce que depuis Rostock et dans tout le terminal de ferry, il y avait une piste cyclable parfaitement matérialisée, et ceci jusqu’au bateau!
On assiste alors au ballet des navettes qui viennent chercher des remorques de camions qui étaient là en attente. Puis les voitures et les camions entrent dans le bateau par deux niveaux diffèrent. On ne s’aperçoit même pas que c’est un bateau tellement l’entrée est gigantesque. Il aura fallu seulement 15 minutes pour faire rentrer tous les véhicules dans les cales du bateau, sur deux étages.
On rentre enfin dans le bateau, on cale nos vélos sur des U inversés plantés au sol, et on monte dans la salle des passagers par un ascenseur. On choisit la plus haute pour prendre un café. En arrivant, on s’aperçoit que le bateau a démarré, on n’a rien ressenti. Il y a plusieurs bars, un restaurant, un magasin duty free. On se trouve une table dans la salle gigantesque. Le bateau longe les côtes de l’estuaire, et débouche, dans un grand silence et un calme total, sur la mer démontée! Mais le bateau ne bouge toujours pas. Des baies vitrées nous pouvons observer le bateau quitter la côte allemande et naviguer vers les côtes danoises.
Une aventure!
La traversée dure deux heures, et nous arrivons même un peu plus tôt, le conducteur a du accélérer un peu pour rattraper le retard. On descend dans la cale récupérer nos vélos, et tout le monde va tellement vite que nous sortons les derniers des cales du bateau.
A la sortie, on retrouve le vent et la pluie bien sûr. Nous avons plus de 60 km à faire pour rejoindre notre location. Le vent vient de l’ouest, nous allons plein nord donc on aura du vent de côté. Le premier village qu’on traverse est désert, mais de très nombreux drapeaux danois flottent au vent le long de la route. Au moins on sait où nous sommes. Les quinze premiers kilomètres sont difficiles, on avance sur une fine bande de terre balayée par le vent, on fait du 8km/h. On fait le calcul, il va nous falloir 8h à ce rythme là. Heureusement, après 15km, on s’enfonce dans les terres, et on est un peu plus à l’abri. Bon ça continue de souffler, mais on a moins de vent de face, il est plus latéral, d’autant que notre direction s’oriente très légèrement vers l’est vers Vordingborg. On s’arrête en chemin prendre un café et se réchauffer un peu. Puis on repart, et on arrive au pont du Storstrøm. La pluie s’est arrêtée heureusement.
Le pont de Storstrøm
Ce pont fait 3,6km de long. On se demande un peu comment on va circuler sur le pont, y aura t il une piste cyclable, la circulation va t elle être autorisée pour les vélos avec un tel vent? Peut être est il plus sûr de pousser les vélos à pied ? On arrive au pont, on croise un type en train de réparer sa roue crevée… L’entrée du pont monte assez raide. Il y a effectivement une piste cyclable, assez large, séparée de la chaussée pou les voitures. Le vent souffle de trois quart arrière, j’emprunte la piste cyclable sur quelque mètres, et je pense qu’il sera plus facile d’avancer à vélo plutôt qu’à pied. Mais nous sommes au début du pont, nous sommes dans une zone encore abritée par la terre. D’ici le milieu du pont, le vent va s’intensifier car on sera alors en ligne droite de la mer ouverte. On en discute 1 minute avec Valérie, et je m’élance sur le pont. Il y a une balustrade en fer sur notre gauche, le vent passe à travers et ça fait un vacarme du diable. Pour l’instant ça va, on est un peu malmenés par les rafales, il faut faire attention mais c’est ok. Tout d’un coup, le vent s’arrête énormément, et comme je m’arc-boute pour contrer le vent vers la gauche, je me sens projeté vers la gauche. Je me redresse vers la droite, et le vent reprend et me pousse maintenant vers la droite violemment. Puis de nouveau, le vent baisse, je repars vers la gauche, puis la droite. Je me demande ce qui se passe. Je continue, et peut être 100m plus loin, ça recommence. C’est alors que je réalise que des panneaux ont été fixés à la balustrade, et donc coupent le vent, formant une sorte d’abri. Bonne idée, sauf que quand on sort de la zone déventée, on se prend une méchante claque.
Néanmoins. on avance et on s’arrête à chaque zone de panneaux pour reprendre notre souffle. C’est juste dément, jamais on n’a subit autant de vent. Des fois je me dit que les roues du vélo pourraient simplement perdre l’adhérence, tellement le vent est fort, et on se retrouverait par terre probablement balancés sur la chaussée des voitures…
On arrive vers le milieu du pont, et comme prévu le vent se renforce car on est alors face à la pleine mer. Si bien que pédaler tout en maintenant la direction dans les risées devient difficile. Comme le vent est de trois quart arrière, il nous pousse, donc dans les rafales, je sors un pied de la pédale, et je le laisse pendre pour ajouter un peu de poids sur la gauche, pour équilibrer. Quand la rafale est passée, je me remets à pédaler, et je m’arrête dans la zone du panneau pour souffler. Du grand art.
La deuxième partie du pont est dantesque. Le vent a encore augmenté, je me demande si on arriverait seulement à marcher en tenant les vélos. Mais on a pris le coup et on arrive enfin à la fin du pont sans accident. On le ressent comme une victoire. On passe les dernière piles du pont, et on tombe sur un type en train de réparer son vélo; visiblement il a crevé et est en train de remplacer la chambre à air.
Je m’approche de lui, il est italien et il me dit qu’il a crevé en plein milieu du pont. Je n’ose imaginer son calvaire. Il me dit qu’il va au cap Nord, mais vu son équipement sommaire, je ne le crois pas. On repart et on va finir l’étape à peu près tranquillement, on s’arrête à Vordingborg manger un burger vers 15h, puis on reprend la route pour aller à notre gîte, une superbe petite Maison Blanche, où la propriétaire nous attend et nous dit qu’ils ont fait du feu dans le poêle dans le salon. Comme nous somme contents d’être arrivés là.
Une journée épique!
Bonne nouvelle, ma tenue de pluie a tenu le coup, je suis entièrement sec en dessous. C’est ma première journée de pluie en vélo. Pas la dernière!
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