Un dimanche très paisible

Aujourd’hui est une journée de vélo. Pas de visite prévue, je vais juste passer aux Pays-Bas. J’ai bien dormi, réveillé par des pigeons. Tôt! Je plie mes affaires le camping est très paisible. Le ciel est couvert, mais il ne fait pas froid. Ça va me reposer des grandes chaleurs d’hier.

Je démarre en repassant par Essen, très très calme ce dimanche matin. Juste des cyclistes sur les route, seuls, en couple, en groupe. Je rentre dans une forêt par une petite route forestière très sympa. J’adore les routes forestières. Et puis tout d’un coup, un message, je suis au Pays-Bas. Patrie de Joop Zoetemelk et Mathieu Van der Poel. En pleine forêt, me voilà au Pays-Bas, sur un single track très sympa. Je croise quelque vtt, qui n’ont pas grand chose à se mettre sous le pneu en termes de chemins cabossés.

Je sors de ma forêt, des ours sont enchaînés autour d’un arbre. Enfin, des peluches. Est-ce en l’honneur de quelqu’un, en souvenir? Je rentre dans un village assez morne, mais il y a un bar avec une grande terrasse, des enfants jouent sur un petit terrain de jeu, je me dis que je prendrais bien un petit déjeuner. Il y a bien sûr des étriers à vélo, je m’installe et commande un café, une eau pétillante et une tarte aux pommes.

Je reprend ma route et arrive à la ville de Breda. Je n’en ai jamais entendu parler. Je rentre très facilement, par une piste cyclable très large, à deux voies, qui traverse une sorte de jardin public. En fait la piste cyclable et mon itinéraire contournent le centre ville. Je crois n’avoir jamais vu de ville si bien aménagée pour le vélo. Des pistes cyclables hyper larges, des tunnels qui passent sous les rues, des micro rues où ne passent que des vélos. En très peu de temps je me retrouve à la sortie avec le panneau Breda barré. Je continue donc ma route, je ne verrai jamais à quoi elle ressemble, c’était ma seule ville de la journée, peut être cache-t-elle des trésors?

Je continue ma route et le vent s’est levé, il souffle vraiment fort, mais comme avant hier, il est plutôt de sud ouest et donc je l’ai de trois quart arrière. Je trace! J’aperçois alors mon premier moulin. Il est très gros et semble en très bon état, peut être encore en fonctionnement.

Oui, oui, ça devrait aller pour une petite tente

Je trace tellement que je me retrouve assez vite à mon étape du jour, Sleeuwijk, où j’ai réservé un emplacement au camping de la Rue. Il est 15h. Avec le vent dans le dos, j’ai avalé les 72km. Je regarde la carte et m’aperçois qu’il reste quasiment 100km jusqu’à Amsterdam. C’est beaucoup pour une seule étape. J’hésite. Il est tôt, je peux encore rouler deux heures et me rapprocher d’Utrecht pour limiter la distance à parcourir demain. Oui mais il faut que je trouve un hébergement. Je consulte Google maps, et recherche les camping entre ici et Utrecht. Il y en a plusieurs mais certains ne m’inspirent pas confiance, et je jette mon dévolu sur le camping de Victorie, près de Meerkerk. J’appelle. Une femme me répond, ouf elle parle anglais. Elle a un air enjoué très agréable

— Bonjour, est ce que vous avez de la place pour cette nuit, une nuit, pour une petite tente?
— Oui, oui, ça devrait aller pour une petite tente.

À ce moment là de la discussion, j’ai comme un doute sur ce que ça veut dire en pratique. Est ce qu’elle n’a plus d’emplacement, sauf un endroit tout pourri qui pourrait aller pour une petite tente?

— Ok, très bien, dis-je.
— Ok, à tout à l’heure
— Euh, je vous laisse mon nom?
— Euh, oui, quel est votre nom?
— Je m’appelle François
— D’accord. Vous êtes de France?
— Oui, je suis de France. Je suis français, j’ajoute au cas où ça ne serait pas clair. Ça me fait tout drôle de dire que je suis Français.
— Je parle un peu de Français, me dit elle en français. Enfin, « je parlwe un peuw de franwcais »
— Ah, c’est bien, je lui dis comme un encouragement
— Dans combien de temps arriverez vous?
— Oh, d’ici 1h30, deux heures?
— Et bien à tout à l’heure
— À toute à l’heure.

Je raccroche, mais je reste un peu perplexe. A priori, me voilà abrité pour la nuit, mais il reste un petit doute, vu le ton de la discussion. Je repars donc mais je n’annule pas mon camping réservé, au cas où il y aurait finalement un problème. J’annulerai plus tard.

Je recalcule mon itinéraire, deux s’offrent à moi, un à l’ouest avec des portions assez rectilignes apparemment, et un autre, plus à l’est, qui m’a l’air de suivre des canaux. Je prends à l’Est. Le vent s’est encore renforcé, il souffle de manière constante avec assez peu de rafales, mais vraiment fort. Ce n’est pas le genre de vent qu’on a en France.

Je passe par la petite ville de Gorinchem, et le supermarché COOP est ouvert! J’en profite pour acheter des babioles à manger, le camping m’a l’air perdu dans la campagne aussi je préfère assurer mon dîner car je n’ai rien avalé depuis ma tarte aux pommes. J’arrive à Meerkerk vers 16h30, et il y a une petite place avec trois terrasses de café. Je m’arrête prendre une bière, une La Trappe Trappist, dont le nom m’intrigue depuis quelque temps, cette répétition, et des tartines de pain avec trois sauces, du genre tartinade. Puis finalement je dîne d’un filet de porc en sauce épicée, frites, une envie de viande tout d’un coup. L’endroit est convivial, les gens ont l’air heureux, un bon moment en cette fin de dimanche, finalement ensoleillé et venté.

Bar Eetcafé de Gouden Leeuw, à Meerkerk

Je pars et finalement arrive au camping à 18:30. Je me suis un peu lâché sur l’horaire. Le camping est très propre, très bien agencé, les tentes et camping car étant positionnés sur les bord de grands espace, avec rien au milieu, de petits pommiers seulement. Nathalie arrive finalement après 15 minutes tout sourire. Elle me demande bien sûr d’où je vient et bien sûr me félicite pour le parcours. Elle m’offre un café puis me conduit à mon emplacement, en me portant mon café. Bon, en fait, il y a tout à fait la place pour une petite tente. Elle avait raison. Elle me propose de m’installer où je veux. Il y a une table en bois, avec des bancs, je la félicite car c’est la première fois que je trouve cet équipement. Elle me propose un autre café demain à 9h.

Une petite tente au camping de Victorie

Tente, douche, la routine, je profite de la table pour lire un peu, mais il fait vite assez froid. Donc direction la tente au coucher du soleil. Une journée tranquille pour mon arrivée au Pays-Bas. Aujourd’hui, j’ai pas mal roulé sur des routes pour vélo, en surplomb des champs. J’étais parfois à un ou deux mètres au dessus du niveau de la mer. Donc potentiellement tout ça sera inondé d’ici peut être 50 ans. Ça fait drôle. Heureusement, demain j’ai rendez vous pour un café avec Nathalie.


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