Je révise mon jugement, les hauteurs de la Sierra de les Nueves ne sont pas si mal…, comparé à la plaine qui lui fait suite, à l’ouest, en direction de Sevilla.
Je quitte mon hôtel un peu baroque, et j’attaque la descente qui me mène à Sevilla. Ça commence vite, je fais du 30km/h, parce qu’en fait la pente est faible donc c’est de la vrai descente. Je me dis qu’à ce rythme je vais y être bientôt. il y a une soixantaine de kilomètre jusqu’à Sevilla. Mais la route s’aplatit à mesure que j’arrive dans la plaine, et je me retrouve à rouler simplement dans la bordure, à un 20km/ normal.
Les routes d’Andalousie ne sont pas désagréables, c’est juste qu’il y a pas mal de traffic, des camions, donc ce n’est pas super agréable. Je roule dans la bordure pour ne pas déranger les véhicules, qui respectent les vélos, mais ne semblent pas non plus super contents de se décaler à cause de moi. Le revêtement est correct, propre, donc ça va.
Mon genou n’est pas en super état. Je serai content d’arriver à Sevilla, et me reposer un ou deux jours. Ça devrait aller mieux ensuite, et je pourrai repartir vers Cadix. En revanche, je ne suis pas sûr de pouvoir faire mon tour, par manque de temps, je devrai peut être prendre un train à Cadix ou Algeciras pour rejoindre Malaga. On verra. J’ai regardé les horaires, et il y a des possibilités.
Non, mon principal soucis, c’est mon genou. Il a pas mal gonflé, et maintenant ça me gêne pour pédaler. Plus j’avance, plus je ralentis, je le ménage au maximum. J’ai réservé deux nuits d’hotel à Sevilla, ça ira mieux après deux jours de repos. J’espère.
Le problème dans un voyage en vélo, c’est que le moindre pépin prend une envergure certaine. Tout d’un coup on se sent vraiment fragile, car on n’a aucune protection. Surtout dans un voyage comme celui là, à l’étranger et dans une région assez déserte. Alors je me mets à gamberger, à imaginer sur ce qui pourrait arriver, comment ça pourrait tourner, quelles sont les solutions possibles. C’est toujours un peu comme ça le voyage en vélo à l’aventure, c’est ça que j’aime parce que je suis complètement déconnecté de ma vie habituelle. Mais cette fois ci ce n’est pas très positif. Heureusement je me suis débarrassé de pas mal de mes angoisses, donc ça va, j’ai appris que ça ne servait à rien, j’arrive à me raisonner. Et puis il n’y a pas le choix, il faut s’en sortir. Donc je continue d’avancer, c’est la seule solution.
Il n’y a qu’un seul problème potentiellement grave en voyage en vélo, c’est la casse mécanique. Celle du vélo, ou celle du pilote. J’ai pas mal envisagé la première, me suis équipé en conséquence, avec les outils, les pièces de rechange, le minimum. Mais la seconde casse, celle du bonhomme, je ne m’en suis pas vraiment préoccupé. Une trousse médicale d’urgence, et c’est tout. Et encore, parfois je n’en ai pas. J’ai un peu envisagé la chute, le vrai danger pour le pilote. Mais c’est tout. Le problème articulaire sans vraie raison, je n’y était pas préparé. En même temps, que faudrait-il faire de plus?
Il va sans dire que je ne profite pas de la route, d’ailleurs il n’y a pas grand chose à voir dans cette plaine. En me rapprochant de Sevilla, je prends des chemins, et là c’est quand même plus agréable. J’arrive quand même à m’amuser un peu sur ces chemins au milieu des champs.



Puis c’est d’un coup la ville, une piste cyclable qui rentre dans la ville. Je suis bien content d’être arrivé. J’arrive plaza de España, à laquelle je pensais depuis longtemps, qui m’avait marqué quand nous étions venus, adolescents, avec mes parents, au retour du Portugal. Les calèches… Je l’avais revue ensuite dans Laurence d’Arabie, ils en avaient fait le soit disant quartier général de l’armée britannique au Caire… Avec la sublime musique de Maurice Jarre.
Notez que Lawrence d’Arabie est un de mes films préférés. Quelques plans sublimes parmi une kyrielle d’autres :





Avec des répliques immortelles telles que « Nothing is written » ou « My name is for my friends », « My fear is my concern », ou encore « it is recognize that you have a funny sense of fun ».
Un jour je pourrais faire un article dédié à ce film. En attendant vous pouvez voir une vidéo sur YouTube où l’on apprend pas mal de choses sur ce film. Ou bien encore un épisode de la série Blow up d’Arte, de l’excellent Benoît Forgeard, C’était quoi Omar Sharif? Cette série est cultissime pour moi. Et je vous recommanderais aussi l’épisode consacré à un de mes acteurs vivants préférés, Joaquin Phœnix. Et je ne peux m’empêcher pour finir cette série de références, en pensant à Joaquin Phœnix et mon genou, de penser au sublime morceau Hurt de Johnny Cash. Il faut voir « Walk the line ».
Je suis à Séville et je suis heureux. Premier objectif atteint.
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